ULB – Haro sur la précarisation des chercheurs de l'ULB !

Communiqué commun de Comac, des Étudiants de Gauche Actifs, des Jeunes Anticapitalistes et de l’Union Syndicale Étudiante en soutien aux chercheuses et aux chercheurs de l’Université Libre de Bruxelles


Ce lundi 26 mai, le Conseil Académique (CoA) de l’ULB se prononçait sur des mesures qui visent à détricoter les plans de carrière des chercheurs de l’Université. Si elles étaient appliquées, tous les nouveaux postes d’enseignant seraient ouverts à la concurrence internationale et le concours de premier assistant disparaîtrait purement et simplement. On imposerait également aux chercheurs/assistants d’avoir effectué un an de travail à temps plein à l’étranger pour pouvoir postuler à une chaire professorale. Les autorités académiques ont, qui plus est, sciemment dissimulé des informations aux organisations syndicales des chercheurs et des professeurs.
Le CoA a, suite aux menaces de grève des chercheurs en pleine période d’examen, repoussé l’application de ses mesures à l’année 2017 et ouvert la voie à une concertation en septembre. Cette décision révèle à quel point les organisations syndicales de l’ULB sont obligées de lutter pour pouvoir donner leur avis sur des questions qui les touchent directement. La récente réforme de la gouvernance a renforcé l’opacité du processus de décision interne de l’université et l’autoritarisme du recteur qui n’admet même pas la tenue de véritables négociations. Le combat des chercheurs démontre que la démocratie est de plus en plus un vain mot, un élément de langage employé par les autorités, et de moins en moins une pratique réelle de l’institution. Étudiants, travailleurs, chercheurs, assistants et professeurs, nous sommes tous concernés par la stratégie de passage en force régulièrement mise en œuvre par les autorités.
Au-delà des méthodes contestables employées par le recteur, c’est une vision de l’université qu’on tente d’imposer aujourd’hui avec cette mesure : destruction de la communauté universitaire, diktat des rankings, imposition d’une « université-entreprise » qui considère le savoir comme une marchandise et les êtres humains comme des choses exportables. Plutôt que de lutter contre le définancement de l’enseignement et l’austérité, causes premières de la précarité matérielle de tous les agents universitaires, le rectorat préfère approfondir la mise en concurrence des cerveaux et la transformation des chercheurs en commerciaux sur les réseaux de la recherche européenne.
On prétend ouvrir l’université sur le monde alors qu’on ferme de plus en plus nos portes aux étudiants étrangers (hors UE) qui doivent subir, chaque année un véritable parcours du combattant pour être acceptés à l’ULB. On prétend favoriser la circulation du savoir mais on juge en réalité les candidats aux chaires académiques sur les financements qu’ils seront capables de rapporter à l’ULB. Surtout, on s’arroge le droit d’interdire à des jeunes hommes et femmes le droit de fonder une famille ; on défavorise tous les chercheurs qui n’ont pas les moyens de voyager à leur convenance ; on prétend imposer la « mobilité » comme une attitude naturelle et inévitable.
Face à ce constat, nous, organisations politiques (Comac, EGA, JAC) et syndicat étudiant (USE) de l’ULB, exprimons notre complète solidarité avec les chercheuses et les chercheurs dans leur combat pour un avenir humain et une vie décente. Nous défendons le projet d’une Université de la connaissance, indépendante des intérêts économiques des groupes privés et des réseaux ; une université solidaire, favorisant en son sein la mixité sociale et culturelle, et luttant, à l’extérieur, pour un monde plus égalitaire ; une université démocratique, où les différents membres de la communauté participent directement aux processus de décision et à la constitution d’un projet d’avenir pour l’ULB.
Nous soutenons que toute modification des plans de carrière des chercheurs doit se faire avec eux et non pas contre eux. Nous considérons que cette mesure n’est qu’une nouvelle manifestation de la pente néolibérale dans laquelle s’engage l’ULB actuellement. Nous appelons, enfin, à une alliance large entre tous les corps dits minoritaires mais qui sont en fait majoritaires, à la fois dans le nombre et dans l’esprit !