[Crise du coronavirus] La répression aux temps du Covid-19

Si une chose est en train de devenir de plus en plus clair concernant les mesures d’urgence contre le Covid-19, c’est l’opportunité extraordinaire que cela offre aux classes dominantes des différents pays de renforcer leur politique répressive. Les gouvernements profitent des mesures tardives telles que les commandes de matériel de protection et l’organisation du testing, pour accélérer le rythme de la répression sur leur population. De plus, les limitations des libertés individuelles inhérentes aux confinement – qui force près de la moitié de la population mondiale à rester chez elle – sont un allié naturel de ses tendances autocratiques qui existe dans tous les régimes capitalistes, qu’ils soient considérés “démocratiques” ou pas. Cela prend différentes formes, qui vont des menaces de mort au Philippine et en Tchétchénie, jusqu’aux attaques contre le droit à l’avortement en Pologne et aux Etats Unis.

Il faut bien se rendre compte que la pandémie en elle-même n’est pas à l’origine de ces tendances, mais qu’elle leur donne une occasion unique de se renforcer. Un bon indicateur, c’est que la plupart des gouvernements imitent le modèle chinois pour faire face à la pandémie, impliquant des formes de contrôle physique, légal et digital pour appliquer le confinement. Cela vaut aussi pour les pays européens. Le gouvernement italien, qui est rapidement devenu le responsable d’un des épicentres de la pandémie mondiale, a été le premier en Europe à instaurer un régime de confinement basé sur la répression policière et la géolocalisation, toute en saisissant l’occasion pour continuer leurs attaques contre le droit de grève. De la même manière, la France du Président Macron, connu pour l’usage de la violence policière face aux mécontentement populaire, a mobilisé des milliers de policiers pour imposer le confinement à coups d’amendes et d’arrestation, particulièrement dans les banlieues.

La Belgique n’est pas en reste et cela devient de plus en plus flagrant. Le Vendredi 10 Avril en plein confinement, Adil, un jeune homme de 19 ans, a perdu la vie à Anderlecht (Bruxelles) lors d’une course-poursuite avec la police. Il tentait d’échapper à une amende qui lui serait revenu à 250 euros, lorsqu’une voiture de police, engagé dans la course-poursuite, est arrivée en sens inverse le percutant de plein fouet. Alors que la police affirme que c’est le scooter qui a percuté la voiture, cela reste à prouver et plusieurs témoins affirment le contraire. Le lendemain cet événement tragique, la réaction des habitants du quartier de Cureghem (Anderlecht) ne s’est pas faite attendre. Il y a ey un affrontement de rue entre les manifestants et la police anti-émeute, aboutissant à l’arrestation d’une cinquantaine de personnes. Cela n’est qu’un exemple de la situation explosive dans ces quartiers, ou les bases matérielles, permettant l’émergence de la violence sont déjà bien ancrées. En effet, la réaction d’Adil et le soulèvement a Cureghem n’est que le fruit d’années de répression, de racisme, d’abandon social auxquelles font face quotidiennement les habitants des quartiers populaire.

Un autre exemple effarant, c’est la situation des immigrés, en particulier des sans-papiers. Leur présence illégale dans le pays les rend particulièrement vulnérables face aux mesures de confinement, avec la majorité d’entre eux qui se retrouvent sans aucun revenu et dans des conditions de vie extrêmement difficile. En plus de ça, l’augmentation de la présence policière dans les rues accroît le risque d’arrestation et d’enfermement en centre fermé. Les résidents se séjournent dans des conditions déplorables : nourriture avariée, cachot pour les malades et services sanitaires indigne. Le personnel, quant à lui, est démuni de toutes protections, sans accès aux masques et en contact permanent avec la population du centre. A travers sa politique inhumaine, le gouvernement Belge ne lutte pas efficacement contre la pandémie et expose toute la société aux risques de contagions.

En plus à tout cela, il existe un risque très concret en ce qui concerne la protections de nos données personnelles avec le « tracing » dont on ne connait pas le fonctionnement. Les projets de “tracking” (via nos smartphones) proposé par le Ministre De Becker a déjà reçu les critiques des plusieurs ONG, et semble être mis de côté pour l’instant. Mais la protection de nos coordonnées digitales reste un secteur extrêmement fragile. A cela s’ajoute à la presque omniprésence des dispositifs de surveillance, comme les caméras et maintenant même les drones au-dessus de parc, qui nous place sous une omni-surveillance.

Tout ces mesures répressives servent à appliquer le confinement sur base de la peur de la coercition d’Etat, exacerbant les tensions existant dans les quartiers. Le gouvernement place la responsabilité de la pandémie sur la population et ses comportements individuels. Pourtant, 85% des entreprises ne respectent pas les mesures sanitaires et ne sont pratiquement pas inquiétées. Ensuite, le gouvernement a failli à bien des niveaux : matériel de protection largement insuffisant et un stock stratégique détruit, coupes budgétaires massives dans les soins de santé, refus de réquisitionner des lignes de productions pour du matériel de protections et des tests, alors que Maggie De Block veut passer en force la possibilité de réquisitionner le personnel soignant grâce aux pouvoirs spéciaux du gouvernement. Nous croyons que ce type de politique ne peut aboutir qu’en un rejet des mesures de confinement par les couches plus vulnérables et opprimées de la populations. Nous défendons la nécessité d’appliquer les mesures d’urgence de manière démocratique sur la base de la coopération et la solidarité populaire.

Pour cette raison, nous revendiquons:

  1. La régularisation immédiat de tous les sans papier!
  2. Non à un État big brother ! Nous condamnons l’utilisation arbitraire de drones et d’autres technologies de suivi pour contrôler les mouvements des individus sans leur consentement et sans supervision indépendante.
  3. Stop à la répression dans le cadre de la stratégie de confinement ! La police ne peut pas arbitrairement arrêter des individus et leur demander leurs documents. Stop au contrôle au faciès.
  4. La fin à l’impunité de la police ! La réaction de la police doit être proportionnelle au crime commis par une personne, fuir un contrôle et une amende ne peut pas justifier des méthodes d’arrestation violentes et fatales.
  5. La transparence totale concernant les mesures prises par le gouvernement et les services de sécurité ! La population doit pouvoir contrôler librement le traitement de ses libertés individuelles et collectives.