Bart De Wever est de retour de vacances et on l’a tout de suite remarqué. Il a déjà lancé une nouvelle guerre contre les stupéfiants en annonçant que quiconque se ferait pincer à Anvers en train de fumer un joint serait accompagné par la ville. Le même jour, il a annoncé qu’il veut des règles plus strictes envers les victimes d’autres guerres, des vraies celles-là, comme en Syrie ou en Afghanistan. L’option idéale pour De Wever serait un grand mur autour d’Anvers. L’ancienne ceinture de forts qui n’a pu arrêter les Allemands pendant la guerre mondiale pourrait donc stopper les victimes de guerres, d’exploitation, de violence sectaire et de misère ?
La rhétorique à propos des flux de migrants prend des proportions hallucinantes. Les morts en mer Méditerranée, le camp de réfugiés à Calais ou la terrible traversée des Balkans font beaucoup parler d’eux. La droite essaie de surfer sur la peur de voir arriver les réfugiés. Pensons à la une du quotidien flamand Standaard du 27 août : “33.000 étrangers piquent des emplois dans la construction”. Apparemment, selon le Standaard, les étrangers seraient responsables de l’exploitation et du dumping social ? Le verbe « piquer » n’est pas très subtil non plus. Mais le racisme fait vendre.
Nous savons naturellement que la rédaction du Standaard n’est pas forcément raciste. Mais on entre avec une grande aisance dans la logique dominante également utilisée par la N-VA, à savoir la logique selon laquelle les victimes de la politique intérieure asociale sont montés, sans scrupules, contre les victimes de la désastreuse politique étrangère. Les étrangers viennent ici pour profiter et voler des emplois, dit-on. Comme si les demandeurs d’asile étaient responsables de la fermeture de Ford Genk! Comme si les coupes d’austérité dans le secteur public qui ont provoqué la perte de nombreux emplois n’avaient pas été menées par des Flamands « pure souche » de conviction N-VA ! Les mesures d’austérité dans le secteur public assurent d’ailleurs que le nombre de projets de construction diminue et, par conséquent, l’emploi dans le secteur aussi. Qui donc fait vraiment disparaître les emplois ?
De Wever ne pouvait évidemment rester en retrait de la discussion sur la politique d’asile. Il a fait savoir que pour lui, il ne faut pas seulement des règles européennes mais aussi la possibilité de règles nationales plus strictes. La suggestion était claire : dans la forteresse-Europe, De Wever veut en plus ériger une mini forteresse-Anvers. Pas d’étrangers qui y entrent. De Wever aussi semble souligner que notre système social ne peut répondre à l’arrivée d’un grand nombre de réfugiés. C’est exact. Plus encore, les mesures d’austérité font que le système social ne suffit pas à compenser les problèmes provoqués par la politique asociale actuelle. Ça ne vient pas des réfugiés mais de la politique asociale. Il y a naturellement le contexte de la crise économique mais qui en est responsable ? Les réfugiés ou les banquiers et les spéculateurs servis par la politique actuelle ?
La droite essaye de profiter de la crise en matière d’asile pour détourner l’attention de la politique asociale et semer la division. Cela fonctionne dans une certaine mesure mais les nombreux témoignages de solidarité montrent que d’autres points de vue existent. Comme en Italie et en Grèce, ce sont surtout de simples citoyens qui offrent une aide et une solidarité concrète aux réfugiés en détresse. Tandis que les politiciens abreuvent tous les médias de leur division visant à amener de nouvelles mesures d’austérité asociales, la solidarité et l’unité grandissent entre les victimes de cette politique. C’est d’ailleurs surtout le cas dans les pays où le plus grand nombre de réfugiés sont recueillis, généralement des pays voisins des zones de conflit.
La crise des réfugiés ne peut être résolue sans l’arrêt des guerres, de l’exploitation et de la misère. Ce ne sont pas les Syriens, Afghans ou Somaliens qui en sont responsables mais bien les instigateurs de la guerre et ceux qui y interviennent activement. Nous pensons ainsi au gouvernement belge qui a pris part aux conflits en Afghanistan, en Irak et en Libye. Il y aurait des moyens pour aller en guerre mais pas pour en supporter les conséquences ?
La rhétorique de droite offre directement de l’espace à l’extrême-droite pour aller un pas plus loin. En Allemagne, on a déjà vu des incendies volontaires de centres d’asile. Cela fait penser à la violence du début des années 1990. Les partisans de Pegida admirent l’exemple allemand, un militant d’extrême-droite comme Ben Van der koo, condamné pour incendie criminel, n’a pu cacher sa joie en voyant les images de centres d’asile en feu en Allemagne. Pegida veut encore organiser une protestation anti-immigrés dans notre pays en espérant tirer un peu profit du contexte. Le Vlaams Belang veut faire de même, mais avec un meeting auquel est conviée Marine Le Pen en tant qu’oratrice.
Les réfugiés ne quittent pas leur pays par plaisir, ils fuient les conséquences d’une politique internationale désastreuse. Les populations sont les « dégâts collatéraux » des tensions inter-impérialistes. Nous nous opposons au racisme et aux diktats du capital qui aggravent tous les problèmes sociaux. Le racisme n’apporte aucune solution, il confirme la logique de la classe dominante. Il participe à la politique du diviser pour régner. Nous offrons une véritable réponse : la solidarité et l’unité d’en bas reposant sur la lutte pour un autre système dans lequel les besoins de la majorité de la population sont centraux de sorte que plus personne n’ait à fuir.
Manifestation contre le meeting du Vlaams Belang avec Marine Le Pen à Bruxelles : mardi 15 septembre à 19h place Madou (en savoir plus – événement Facebook).