Au mois d’août, l’inflation a atteint 5,4%, et en un an ce sont les dépenses élémentaires et principales d’un ménage, comme l’énergie et les denrées alimentaires, qui tirent cet indice vers le haut. Face à cette augmentation du coût de la vie, c’est le pouvoir d’achat des jeunes et des travailleurs qui en ressort le plus diminué, comme le confirme encore le Crioc dans une récente étude.
De son côté, la FEB (fédération patronale), réclame la modération salariale, estimant que le salaire des travailleurs belges est trop élevé par rapport à celui des travailleurs des pays voisins. De son côté, le gouvernement fédéral dit que les caisses sont vides pour pouvoir faire un effort pour le pouvoir d’achat. Mais toutes les personnes dépendant d’un salaire ou d’une allocation, étudiants, jeunes, travailleurs, chômeurs et pensionnés, quelque soit la langue qu’ils parlent, l’ont bien compris : c’est en luttant que l’on va pouvoir défendre notre pouvoir d’achat !
Au mois de juin, beaucoup d’actions ont eu lieu, notamment la semaine d’action syndicale pour le pouvoir d’achat qui a eu lieu du 9 au 12 juin et qui a mobilisé plus de 80.000 manifestants ! Ces actions démontrent le potentiel important du mouvement ouvrier dans la défense de ses acquis sociaux, mais aussi dans une lutte offensive pour de meilleurs services publics et acquis lorsque ceux-ci ne sont plus suffisants, pour des conditions de travail décentes et pour plus de pouvoir d’achat par plus de salaire. Par exemple, à Ford Genk, la grève a permis d’obtenir pour tous les travailleurs une prime de 1.000€ bruts pour 2008 et pour 2009, les temporaires signeront un CDI et de nouveaux emplois seront créés ; en outre, la vitesse de la chaîne est diminuée.
négligeables ne sont qu’un exemple du rôle que peuvent jouer les travailleurs pour défendre leurs conditions de travail et leur pouvoir d’achat, et ce n’est pas un hasard. C’est en effet lié à la place des travailleurs dans la production capitaliste, où le profit dégagé par les patrons n’est rien d’autre qu’une partie non payée du travail qu’effectuent leurs employés, toujours contraints à une flexibilité de plus en plus accrue sous prétexte que la «compétitivité» est nécessaire pour le bien de tous. Dans la pratique, ce sont les profits qui augmentent et la part des salaires dans l’économie qui ne cesse de diminuer : aujourd’hui elle représente moins de 50% du PIB, un palier symbolique. Selon une étude réalisée par la FGTB, 20% des travailleurs ne s’en sortent pas avec leurs salaires, 51% rencontrent des problèmes pour terminer le mois et 80% de la population ont des difficultés grandissantes à épargner du fait que les salaires ne suivent plus la hausse des prix.
La lutte pour plus de pouvoir d’achat est indissociable de la lutte pour plus de salaire, pour des emplois décents, pour un logement et des services publics de qualité et accessibles à tous ; le rôle du mouvement ouvrier dans cette lutte est central, mais ce dernier ne peut s’isoler de la jeunesse, historiquement très combative. Cela reste vrai aujourd’hui : le taux de syndicalisation chez les jeunes travailleurs est en augmentation, et la participation des jeunes aux manifestations de la semaine d’action syndicale était impressionnante. Si les étudiants dépendent indirectement d’un salaire (celui de leurs parents) pour mener leurs études, ils en dépendent de plus en plus souvent directement : selon Randstad, le nombre d’étudiants qui travaillent pendant l’année en plus d’un job d’été a doublé et la moitié d’entre eux travaille l’équivalent de plus d’un mois à temps plein. Au total, ce sont 84% des étudiants qui effectuent un travail rémunéré.
Clairement, un jeune qui veut mener des études décemment doit se lier à la lutte des travailleurs pour défendre son pouvoir d’achat. EGA avance plusieurs revendications qui peuvent faire le lien entre les jeunes, étudiants et travailleurs, qui sont sur un même bateau pour défendre leurs conditions de vie :
- Pour des restaurants universitaires bon marché. La privatisation progressive de ce secteur dans les universités n’amènera qu’à des hausses de prix pour le simple fait de se nourrir : un refinancement public massif est nécessaire. Parallèlement, l’abolition de la TVA sur les produits de première nécessité permettrait aussi que le prix des denrées alimentaires soit abordable pour tous.
- Il y a un manque criant de logements abordables sur les campus. Le financement public pour la construction de kots est une nécessité, et cela permettrait en partie de faire baisser les prix. Il en va de même avec les logements sociaux, domaine où une construction massive est nécessaire.
- Tous les étudiants ne kottent pas, et ceux qui font les navettes sont de plus en plus confrontés à un prix du carburant qui grimpe. Nous revendiquons des transports publics gratuits et de qualité, qui soient accessibles à tous.
- EGA revendique un salaire étudiant, avec l’abolition du minerval, ce qui aura plusieurs conséquences : permettre aux enfants des travailleurs qui ne savent pas épargner suffisamment de pouvoir étudier dans de bonnes conditions ; car le travail des étudiants est souvent précaire, et les patrons profitent souvent de ces emplois ultra flexibles pour éviter d’engager de la main d’oeuvre. Un salaire étudiant va de pair avec la création d’emplois décents. L’index a déjà été fortement miné, c’est pourquoi nous réclamons le rétablissement de l’index complet et une augmentation de tous les salaires de 1€/h après inflation et une hausse conséquente des allocations.
Les gouvernements, quels que soient les partis traditionnels qui s’y trouvent, mènent une politique néo-libérale et déclarent que «les caisses sont vides» pour argumenter leurs privatisations ; pourtant les moyens sont là pour un tel refinancement de l’enseignement supérieur et pour augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs et allocataires. Il suffit de regarder au bon endroit : les 30.000 plus grandes entreprises en Belgique ont réalisé sur l’année 2007 un profit total de 77,4 milliards d’euros ; la fraude fiscale impunie représente sur la même période une somme totale de 30 milliards d’euros, sans compter les intérêts notionnels qui offrent aux patrons pas moins de 3,5 milliards d’euros par an ! Tout cela représente environ 10.000€ par personne en Belgique sur l’année ! Dans la poche des patrons et de politiciens corrompus, voilà où sont passés notre pouvoir d’achat et notre droit à mener des études sans s’endetter !
Sur cette base, les Etudiants de Gauche Actifs soutiennent la campagne « Respacte » lancée par la FEF et la VVS pour une baisse des coûts directs et indirects des études dans l’enseignement supérieur, et nous voulons contribuer à la discussion dans cette campagne et à l’élaboration d’un cahier de revendications. Nous pensons que les étudiants doivent participer aux actions des syndicats en vue des Accords Inter Professionnels avec leurs revendications spécifiques, et ainsi de participer à la création d’un rapport de force favorable contre les volontés antisociales du patronat.