MARX, le retour

Le mois dernier, Time Magazine a consacré sa couverture à Marx tandis que Télémoustique mettait en première page une photo du Che accompagnée du titre « Dix raisons de faire la révolution ». Même les journaux les plus à droite se sentent obligés d’évoquer le marxisme pour analyser la crise actuelle et partout on entend parler de nationalisations et d’interventions de l’Etat… On pourrait penser que le socialisme se trouve juste devant notre porte !

Les idéologues bourgeois s’arrachent les cheveux face à la crise économique. Depuis la chute du Mur, aucun effort n’avait été ménagé pour nous convaincre que le capitalisme était le seul système qui fonctionne, que la richesse finirait par rejaillir sur chacun sur la planète. Mais ces 20 ans d’efforts ont été réduits à néant en quelques mois. Quelle ironie de voir tous ces anti-marxistes convaincus se référer à Marx pour être pris au sérieux en parlant économie…

 

Crise capitaliste

Evidemment, ce que racontent ces messieurs a peu à voir avec le marxisme. Il revient aux socialistes révolutionnaires, comme les militants du PSL, de clarifier ce que signifient des termes comme «socialisme», «nationalisation» et «marxisme».

Au PSL, nous parlons de cette crise depuis longtemps déjà, bien avant qu’elle n’ait officiellement commencé. Cette prévision a été possible grâce à l’analyse marxiste. Car cette crise est la conséquence des contradictions internes du système capitaliste : le patron obtient son bénéfice en gardant pour lui une partie de la richesse produite par les travailleurs, ces derniers ne peuvent donc pas acheter toutes les marchandises produites. La propriété privée des moyens de production, la base du capitalisme, assure que la production ne s’effectue que si un bénéfice suffisant peut être réalisé en essayant de produire plus, plus vite et moins cher que ses concurrents. Depuis les années ’70, nous connaissons une crise de surproduction, problème que les capitalistes ont tenté de surmonter en accordant massivement des crédits aux consommateurs pour qu’ils puissent continuer à acheter. L’échec de cette tactique du capitalisme est aujourd’hui limpide.

Des voix se sont élevées pour «nationaliser» Fortis. Mais l’intervention de l’Etat dont il est ici question n’est pas une nationalisation au sens où nous l’entendons. Il ne s’agit que d’une manœuvre destinée à faire payer les dettes des banques aux contribuables avant de revendre ensuite à doux prix les banques assainies au privé. Ainsi, après avoir des années durant, joué sans entraves au casino et après avoir empoché des bénéfices immenses, actionnaires, banquiers et patrons veulent nous faire payer pour leurs problèmes. Cela n’a strictement aucun rapport avec le socialisme.

 

L’alternative: le socialisme

Que voulons-nous dire avec «socialisme»? Tout d’abord, cela n’a rien à voir avec les dictatures bureaucratiques staliniennes. Nous voulons organiser les travailleurs en une force capable de nationaliser toutes les multinationales et les plus grandes entreprises dans notre pays, pour commencer, afin d’organiser la production de façon démocratiquement planifiée en fonction des besoins de tous. C’est-à-dire que nous voulons exproprier ces sociétés en indemnisant uniquement les petits épargnants et petits actionnaires sur base de besoins prouvés. La direction de ces entités doit revenir aux mains des représentants tant des travailleurs de ces entreprises que des consommateurs des produits et services créés, représentants qui doivent recevoir un salaire identique à celui de leurs collègues et être révocables si nécessaire par la base qui les a élus.

A travers un processus permanent de discussion, les travailleurs pourraient ainsi collectivement décider des investissements à faire, des améliorations de produits, etc. sur base de leur expérience quotidienne. De nouvelles technologies (non polluantes ou rendant le travail plus agréable) pourraient être appliquées à une échelle de masse, des techniques qui n’ont aucune chance sous le capitalisme parce qu’elles ne produisent pas (ou pas suffisamment) de bénéfices supplémentaires. La richesse produite pourrait servir à investir massivement dans les services publics : pour un enseignement gratuit orienté vers le développement d’individus critiques, autonomes et solidaires ; pour un véritable service national de santé gratuit et de qualité également capable de mener de larges campagnes de prévention et de mener à bien des recherches innovatrices contre des maladies et affections actuellement inguérissables ; pour des allocations décentes et l’intégration des handicapés ou malades chroniques dans la vie de la société,…

Le chômage serait résolu en réduisant la durée du temps de travail avec embauche compensatoire et sans perte de salaire. Chaque personne pourrait ainsi avoir bien plus de temps à consacrer au développement de ses propres talents, hobbies,… tout en ayant le temps et les possibilités de s’impliquer dans la vie politique de la société.

Le socialisme est basé sur la solidarité, sur le fait que chaque individu puisse avoir les possibilités de se développer entièrement alors que le capitalisme rend cela impossible pour l’écrasante majorité de la population. Mais, comme Marx l’a déclaré il y a déjà 150 ans, le socialisme ne peut être atteint que par un changement conscient de la société opéré par la classe des travailleurs en action. C’est aujourd’hui ce programme socialiste que veut défendre le PSL.