La recherche d’une alternative à la politique dominante a été l’une des caractéristiques de ces dernières années et a connu une accélération significative depuis 2015 avec Syriza en Grèce, Podemos dans l’Etat espagnol, Corbyn en Grande-Bretagne et maintenant Bernie Sanders aux Etats-Unis. Ces percées, en dépit des insuffisances de ces initiatives, ont permis de pousser à gauche le curseur du débat politique, dans ces pays et bien au-delà. Quel programme la gauche radicale doit-elle appliquer ? Comment un gouvernement de gauche doit-il réagir face au chantage et à l’offensive des institutions capitalistes ? Comment saisir au mieux les opportunités qui se présentent dans une situation économique, politique et sociale qui connait tant de changements brusques et soudains ? Ces questions sont d’une brûlante actualité.
Par Julien (Bruxelles)
Aux USA, le candidat aux primaires du Parti Démocrate pour l’investiture présidentielle Bernie Sanders mène campagne pour une ‘‘révolution politique contre la classe des milliardaires’’ et défend un salaire minimum de 15 $/h, la gratuité de l’enseignement secondaire et supérieur ou encore une plus lourde taxation des riches. Ses positions radicales en matière d’écologie, d’antiracisme et d’antisexisme dénotent également profondément du discours traditionnel pro-big business des politiciens démocrates. Il fait appel aux mobilisations sociales pour défendre son programme et, contrairement aux autres candidats, pas un dollar de sa campagne ne provient des grandes entreprises. Un espace politique s’ouvre pour une gauche radicale et une politique indépendante du monde de Wall Street.
En Europe, plusieurs grosses percées de la gauche ont eu lieu ces derniers temps, certainement dans le sud de l’Europe (en Grèce, en Espagne et au Portugal), de même que de sérieux avertissements. En Grèce, Syriza s’est brulé les ailes au gouvernement et a trahi les travailleurs, la jeunesse et les pauvres. L’idée selon laquelle la gauche serait positive dans les domaines sociaux mais catastrophique pour l’économie ne vient pas de nulle part. La gauche peut bien défendre le programme qu’elle veut sur l’enseignement, le climat, la guerre, le sexisme,… tant qu’elle n’est pas prête à aller chercher les moyens là où ils se trouvent, cela ne restera que des mots. Les travailleurs grecs ont ainsi payé un lourd tribut pour les hésitations de Tsipras et de la direction de Syriza, dont le manque d’ardeur pour défier le capital (en refusant de payer la dette, en expropriant et nationalisant le secteur bancaire entier,…) a conduit à la capitulation.
Pour financer un programme de rupture anticapitaliste, taxer les grosses fortunes n’est pas suffisant. Il nous faut non seulement plus de moyens mais aussi retirer à la classe capitaliste la base de son pouvoir : le contrôle des moyens de production et de l’économie. La seule manière d’avoir réellement son mot à dire concernant les salaires, le logement, la pollution, l’enseignement,… c’est de disposer d’un contrôle démocratique de la collectivité sur l’économie, par la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. C’est la seule manière d’arracher les moyens dont nous avons besoin pour assurer un avenir décent et épanouissant à chacun. C’est la seule manière de donner un contenu concret au ‘‘socialisme’’ ou à la ‘‘révolution politique’’ réclamée par Sanders.
Comme ce dernier l’explique correctement, les urnes ne sont pas suffisantes dans la lutte contre le capitalisme (demandez à Tsipras pour voir). Une des plus grandes faiblesses des nouvelles formations de gauche est de concentrer leurs efforts sur les élections au détriment de l’organisation de la lutte dans la rue, les entreprises, les syndicats,… Il nous faut un outil de lutte, un instrument politique, qui ne considère les élections que comme un outil auxiliaire à la lutte de masse, un véritable parti des travailleurs. Aux USA, le monde de Wall Street dispose déjà de 2 partis. L’occasion est unique : Sanders devrait saisir l’enthousiasme autour de lui pour lancer la formation d’un nouveau parti des travailleurs et des jeunes au lieu de soutenir sa concurrente Hillary Clinton si elle l’emporte durant les primaires, comme il l’a hélas déjà annoncé à plusieurs reprises.
Nous entrons dans une nouvelle période, dans une ère troublée pleine de défis. Ce système est littéralement en train de s’effondrer. Nous n’avons pas encore digéré la crise économique de 2007-2008 qu’une nouvelle se profile. Ecologie, social, politique, culture,… le capitalisme est au bout du rouleau dans tous les domaines. L’avenir ne comprend que deux voies : la chute dans une barbarie effroyable ou la construction d’une société réellement démocratique, une société socialiste. La journée de discussions et de débats du PSL ‘‘Socialisme 2016’’ est une date importante pour mieux s’armer politiquement dans la perspective de ce combat.