Bradley Manning, le soldat américain qui a dévoilé diverses informations internes concernant l’occupation de l’Irak et des crimes de guerre commis par les Etats-Unis, vient d’être condamné à 35 ans d’emprisonnement. Visiblement, cela ne se fait pas de divulguer des crimes de guerre. Par contre, celui qui porte la responsabilité politique de ces crimes, le président Obama, est Prix Nobel de la Paix.
Les documents du soldat Manning dévoilés par le site WikiLeaks ont donné un aperçu de ce que signifie la rage de l’impérialisme américain dans cette prétendue ‘‘guerre contre le terrorisme et pour la démocratie’’. Mettre en lumière la vérité est un acte pour lequel les tribunaux américains ont la main lourde. Cette peine contraste fortement avec le traitement réservé il y a peu à Zimmerman, ce vigile acquitté après avoir tué un jeune noir désarmé, Trayvon Martin.
Comme George Orwell le disait il y a déjà quelques temps : ‘‘A une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire.’’ Cela, Bradley Manning a pu le vérifier : avoir dénoncé ce que son gouvernement est en train de commettre lui a valu 35 ans de prison pour espionnage et vol de documents secrets. Cette sanction est par exemple beaucoup plus élevée que pour avoir torturé des civils innocents en Irak.
Sous l’administration Obama, le gouvernement américain a déclaré la guerre aux dénonciateurs, et travaille actuellement à un programme qui doit permettre d’éviter toute fuite de ce genre à l’avenir. Il n’a également pas hésité à surveiller la vie privée de soldats et de fonctionnaires Une nouvelle règle de travail stipule d’ailleurs clairement que les collègues doivent se surveiller les uns les autres, sous peine de sanction, et faire connaître les problèmes de stress, de divorce ou d’ordre financier. Pour continuer à nous référer à Georges Orwell, on ne peut que penser à ‘‘Big Brother’’ au vu de tels développements.
Lors de son procès, Manning a vu l’accent de l’accusation se porter particulièrement sur sa vie privée, simple écran de fumée pour masquer le véritable objectif du procès : reclarifier que l’impérialisme américain réduit au silence ceux qui se mettent en travers de son chemin. Bradley Manning n’est pas le seul à avoir pu le constater ces derniers temps. Récemment, Edward Snowden a dû fuir pour avoir divulgué que les services de sécurité américains disposaient d’un mécanisme d’écoute et de lecture de mails à grande échelle. Même le journaliste qui a publié les données de Snowden est sous pression. Le compagnon de ce journaliste du Guardian a même été retenu et interrogé 9 heures durant à l’aéroport de Londres dans le cadre des lois anti-terroristes.
Toute l’hypocrisie de l’impérialisme occidental est ici exposée. Obama représente peut-être bien un meilleur emballage que Bush, mais sous la surface se trouve une politique identique, derrière le Prix Nobel de la Paix se trouve un responsable de crimes de guerre, d’interception d’appels téléphoniques et d’e-mails,… Et gare à ceux qui dénoncent cette mascarade ! Bradley Manning, Edward Snowden, le journaliste Glenn Greenwald et son compagnon David Miranda peuvent en témoigner.
Que penser d’un système qui agit aussi durement contre ceux qui dénoncent son fonctionnement ? Nous nous opposons à la persécution dont sont victimes ceux qui font apparaître la vérité. Pour obtenir la libération de Bradley Manning et la fin de telles persécutions, il est nécessaire de construire un rapport de forces, c’est-à-dire de développer un mouvement de masse des travailleurs et des jeunes aux États-Unis et à l’étranger. Nous soutiendrons chaque pas en cette direction.