Washington : Les manifestants du mouvement Occupy s'en prennent au Capitole

Le lundi 28 novembre, le gouvernement de l’État de Washington a proposé lors d’une session spéciale une nouvelle restriction budgétaire de deux milliards de dollars, alors que les finances de l’État sont déjà passablement mauvaises. Du côté Démocrate, on a proposé de compenser ces coupes par une augmentation des impôts, qui défavoriserait encore plus les personnes les plus pauvres et ne servirait qu’à empêcher de nouvelles coupes dans le budget de l’éducation, qui souffre déjà depuis des dizaines d’années. D’autres programmes sociaux sont également menacés par cette stratégie classique visant à diviser pour mieux régner. Personne au gouvernement fédéral n’a pris la défense des travailleurs, des étudiants ou des opprimés.

Les syndicats, les marxistes et le mouvement Occupy présents partout dans l’État ont organisé une mobilisation de masse ce lundi 28 novembre, à Olympia, capitale de l’État de Washington, suivie par une occupation du capitole. 3.000 personnes ont ainsi occupé le sommet du Capitole durant l’après-midi. Des centaines de protestants ont mené une occupation non violente du bâtiment et on refusé d’en sortir. Un grand nombre d’entre eux a débarqué pendant les sessions du congrès, et, s’emparant du micro, ont demandé à être entendus.

Les protestants n’ont pas pu maintenir leur occupation pendant la nuit, mais sont repartis à l’assaut jour après jour afin de protester et de dissoudre la session spéciale ayant pour but la réduction du budget. Les Républicains comme les Démocrates ont compris que le soutien qu’ils apportent aux grandes entreprises ne passe pas inaperçu. Cependant, il faut plus d’action. La gouverneure Démocrate Christine Gregoire a annoncé que, étonnamment, les taxes sur les entreprises diminueront cette année, et a ajouté que c’était une  »bonne chose ». Pour les entreprises sûrement, mais pour la classe ouvrière qui verra ses propres taxes augmentées et ses services publics attaqués, absolument pas!

La police d’État a été appelée la nuit de lundi pour chasser les activistes. Ce qu’ils ont fait avec une brutalité excessive. Deux membre de Socialist Alternative, Clay Showalter et Sarah Moses-Winyard, nous parlent des violences qu’ils sont subies:

Q: Contre quoi protestiez-vous à Olympia?

Clay: Cela fait des années que la classe ouvrière a été forcée par la classe dirigeante à mettre la main au porte-monnaie pour une crise qu’elle n’a pas déclenchée. La moitié de l’argent que j’ai économisé pour mes études s’est volatilisé à cause du crash boursier de 2008, et mes frais de scolarité ont augmenté de 70%. En plus de cette hausse des frais, les subventions financières (notamment la bourse fédérale Pell Grant) ont été supprimées.

Mais il ne s’agit pas que de l’éducation ; ces coupes affectent toutes les couches de la classe ouvrière, et, d’après moi, s’en prendre à une personne, c’est s’en prendre à toute la société. C’est la lutte des classes. Il faut élever la niveau de conscience en s’organisant et en ripostant.

Q: Quelle a été l’attitude de la police face aux manifestants?

Sarah: Elle a utilisé la force pour chasser ceux qui occupaient le Capitole. Certains ont été arrêtés, et trois ou quatre ont dû monter dans un bus qui les a fait sortir de la ville. La police a utilisé la force pour nous jeter dans la rue. J’ai vu un manifestant recevoir un coup de poing dans la figure. Quatre ont été maîtrisés au taser, et un camion de pompier a été appelé car quelqu’un avait besoin d’un médecin.

Clay: Des activistes qui occupaient la rue pacifiquement ont été violemment agressés par la patrouille de l’État de Washington. Nous avons tenté d’empêcher un bus d’emmener des gens qui avaient été arrêtés à l’intérieur. Je me tenais devant le bus quand deux officiers ont chargé, m’ont frappé à la tête et m’ont maintenu au sol. L’un deux m’a écrasé le visage contre le pavé avec son pied.

La police n’a eu de cesse de nous rejeter dans la rue ma partenaire et moi à chaque fois que le front se reformait autour du bus. A un moment, un officier m’a maintenu par la nuque et m’a tordu l’épaule. J’ai toujours très mal aujourd’hui, et une radio a montré que j’ai eu une côte cassée.

Pour finir, un nombre suffisant d’entre nous a réussi à faire barrage de sorte que la police a renoncé à nous séparer. Après nous avoir frappé dans les jambes, un officier à crié “Électrocutez-les !”, et ils se sont mis à utiliser leurs tasers. Je me suis éloigné comme j’ai pu après avoir été taserisé, et après avoir récupéré un peu j’ai de nouveau rejoint la lutte. Trois autres personnes ont eu droit au même traitement, et une autre l’a été à de telles reprises qu’elle s’est évanouie et les secours ont été appelés.

Est-ce que les manifestants ont eu recours à la force?

Sarah: Non. Certains ont exprimé leur frustration face à la situation en criant des choses comme “Fuck la police”, mais c’était des cas isolés.

Clay: Je suis heureux que les protestants n’aient pas réagi violemment, en particulier au milieu d’une telle débauche de la part de la patrouille de l’État.

Q: Pensez-vous que la police s’est contenté de faire son travail?

Sarah: Oui. La police est là pour protéger l’État. Mais l’État ne représente pas la population. Il protège la classe dominante et maintient les privilèges des 1%.