Pour la nationalisation et la reconversion totale de l'industrie de l'armement

Les armes produites dans notre pays, en Wallonie et en Flandre, sont utilisées dans le cadre des répressions au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Le secteur de l’armement représente en Belgique un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros, et compte quelques 20.000 travailleurs. Ces livraisons d’armes aux dictatures entraînent aujourd’hui beaucoup de discussions et de critiques. Quelle attitude adopter?

L’attitude de l’establishment belge face aux dictatures est actuellement très claire pour un large public. Il y a quelques semaines encore, le ministre Van Ackere (du CD&V) avait voté pour que la Libye dispose d’un siège au conseil des droits de l’Homme des Nations Unies. De son côté, la Région wallonne a donné l’autorisation à la FN-Herstal pour conclure un contrat avec la Libye à hauteur de 11,5 millions d’euros. C’est ainsi que l’on a pu voir le FN 303 sur des images issues de Libye (voir ci-contre). Mais de Flandre aussi partent des armes vers les dictatures du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Maintenant, c’est comme si l’élite politique avait reçu une commotion, un peu comme s’il avait fallu des mouvements de masse pour que l’on sache que notre pays était compromis avec des dictatures…

Quant il s’agit de livraisons d’armes aux dictatures, on regarde souvent vers la FN-Herstal. Avoir une approche communautaire n’est pourtant pas possible, des licences d’exportation d’armes existent aussi en Flandre, pour le Bahreïn, Oman, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc,… … D’autre part, en 2009, la Libye a acheté des armes dans pas moins de 13 pays de l’Union européenne.

Concernant l’étendue des livraisons d’arme européennes, l’a.s.b.l. Flamande  »Vrede » ( »Paix ») a déclaré dans une carte blanche au quotidien De Morgen:  »Selon le dernier rapport officiel de l’UE, les pays européens ont livré pour au moins 11,6 milliards d’euros d’armes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, y compris dans tous les pays qui posent problème. C’est le double de l’année précédente (5,95 milliards d’euros) ! La part belge s’élève à 418 millions d’euros (contre 375 millions d’euros en 2008). Dans les destinations finales les plus importantes, on trouve des régimes des plus brutaux comme l’Arabie Saoudite, avec 5 milliards d’euros, et presque la moitié de l’exportation d’armes européennes (Belgique : 337 millions d’euros). »

Les discussions concernant ce sujet se réduisent régulièrement à deux positions contraires : une attitude purement morale qui plaide pour une interdiction (complète ou non) des ventes d’armes et, de l’autre côté, une argumentation basée sur le maintien de l’emploi.

Le PSL est pour une autre approche : avec comme base de départ ce qui est socialement utile, ce qui est à l’opposé de la production d’armes pour intensifier ou soutenir la répression. Mais cela ne signifie toutefois pas que nous sommes pour la fermeture de toutes les armureries. Au contraire, les connaissances et le savoir-faire acquis des travailleurs de ce secteur ne peuvent pas être perdus. Nous croyons simplement que tout cela doit être utilisé à des fins socialement utiles. C’est pourquoi nous plaidons pour la nationalisation du secteur sous le contrôle des travailleurs, avec conservation totale de l’emploi dans le cadre d’une reconversion. Il ne suffit pas de purement placer les sociétés d’armement aux mains du gouvernement, comme l’illustre l’exemple de la FN-Herstal qui est aux mains du gouvernement wallon. Les sociétés nationalisées doivent être placées sous le contrôle des travailleurs pour que le personnel et la collectivité de façon générale puisse contrôler et organiser la reconversion de façon méthodique.