20 ans après la chute du mur. «Le monde mécontent du capitalisme». 23% réclament un autre système économique!

Même le journal du monde des affaires De Tijd, l’équivalent néerlandophone de L’Echo, doit reconnaître que l’euphorie connue il y a vingt ans au sujet de la prétendue «victoire du capitalisme» a fait long feu. Sous le titre «Le monde mécontent du capitalisme», le journal s’est intéressé à une enquête de la BBC qui affirme que seuls 11% des sondés estiment que le système actuel fonctionne bien.

La chute du mur de Berlin et la disparition du bloc de l’Est ont été l’occasion d’une offensive idéologique sans précédent de la part des capitalistes. Leur système avait gagné à tel point, selon certains, que l’on assistait à la «fin de l’histoire». Il ne reste pas grand-chose aujourd’hui de cette rhétorique… Le capitalisme vit une crise profonde et le chômage et la pauvreté progressent à toute vitesse. Contrairement aux belles promesses du début des années ’90, le capitalisme a été loin de conduire à plus de prospérité, de paix et de démocratie, que ce soit à l’Est ou dans le reste du monde. Un regard sur l’actualité, 20 ans après la chute du mur, illustre on ne peut mieux que l’enthousiasme des défenseurs du capitalisme reposait sur du sable: les Etats baltes, par exemple, connaissent cette année une chute économique de quelques 20% de leur PIB. Dans beaucoup de pays de l’Europe de l’Est règne le sentiment que la chute du mur n’a pas amélioré la situation de la population.

L’institut de recherches Globescan a réalisé une étude avec un pannel de 29.000 personnes issues de 27 pays pour examiner la perception actuelle du «libre marché». Seuls 11% des sondés pensent que c’est un système qui fonctionne bien, 51% veulent le réformer et – le chiffre le plus frappant – 23% affirment qu’il est nécessaire de passer à un autre système économique. Au Mexique, ce dernier chiffre atteint même les 38% et la France est en tête du peloton avec 43%! Aux USA, dans «l’antre de la bête», si 25% des sondés pensent que le marché «libre» fonctionne bien (certainement des personnes qui n’ont pas perdu leur logement à cause des subprimes…), 13% affirment là-aussi que nous devons changer de système économique. En Russie, il n’y a que 12% des sondés pour dire que le marché «libre» est un bon système, tout comme 11% des sondés chinois et 9% des philipins ou des panaméens, 8% des brésiliens et des japonais et 7% des turques. En Europe également, le marché libre ne convainct pas: seulement 6% en France et en Ukraine, 5% en Espagne ou en Italie. L’enthousiasme le plus proche du plancher est au Mexique, où uniquement 2% des sondés sont favorables au marché «libre». Aucune donnée n’éclairait hélas la situation en Belgique.

Le système est de plus en plus critiqué, comme l’illustrent ces chiffres intéressants. 20 ans après la chute du mur, l’euphorie n’est pas de mise pour les capitalistes et leurs partisans.

Dans la même édition de De Tijd, l’étude de Globescan était accompagnée d’un article sous le titre: «Le marché libre ne rime pas nécessairement avec démocratie» et comme sous-titre: «La chute du mur n’a pas confirmé la supériorité du capitalisme». Il ne s’agissait pourtant pas d’un article publié sur socialisme.be et repris par De Tijd!

L’article déclare notamment: «Pour beaucoup d’idéologues, la chute du mur a signifié la victoire définitive du marché libre sur les économies étatisées. Avec le mur, le communisme en Europe de l’Est avait en effet également disparu. Mais 20 ans plus tard, cette position est remise en doute. Le capitalisme peut bien être la forme économique dominante dans le monde, les résultats sont forts divers.»

Le capitalisme n’est bien entendu pas remis en question dans cet article, mais ce journal est bien forcé de reconnaître que la domination du capitalisme n’est plus une évidence. En d’autres termes: un mécontentement grandit face à ce système, autant que la recherche d’une alternative, comme le démontrent les chiffres pré-cités.

Tout le monde doit aujourd’hui reconnaître que les anciens pays de l’Est n’ont pas connu une élévation de leur niveau de vie pour rejoindre l’Europe occidentale ou les Etats-Unis. Dans le bloc de l’Est, la protection sociale a disparu, mais pas la corruption. De Tijd déclare ainsi: «En Russie, la chute du communisme a dégénéré en un système corrompu.» Par la suite, l’article affirme que c’est évidemment à imputer au déficit de marché libre, sans naturellement expliquer comment les dirigeants et les oligarches sont devenus aussi puissants lors des privatisations et libéralisations consécutives à la chute du bloc de l’Est.

Un autre élément a joué le trouble-fête lors des commémotrations des 20 ans de la chute du mur: la récession économique qui frappe le monde. De Tijd explique: «L’année dernière, le système financier s’est presque effondré. Les interventions des autorités ont permis au capitalisme de tenir debout, mais il a été de suite été clair que des corrections sont nécessaires.» C’est à la population ordinaire de payer les «corrections» et les interventions d’Etats, le soutien au marché libre connaîtra encore des baisses au cours des prochains mois et des prochaines années.

Ces chiffres illustrent le potentiel qui existe pour une alternative socialiste démocratique contre le système d’exploitation capitaliste.