France : Le NPA est sur pied… il devra marcher dans les luttes !

Au début du mois dernier est (enfin) né le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) autour de l’ex-LCR française (Ligue Communiste Révolutionnaire) et de son célèbre porte-parole Olivier Besancenot. Ce nouveau parti pourra insuffler l’espoir aux millions de travailleurs en lutte contre le capitalisme et ses conséquences, et pas seulement en France. A condition toutefois qu’il marche sur ses deux jambes: la présence dans les luttes des travailleurs et de la jeunesse et un programme socialiste.

Depuis les présidentielles de 2002 et 2007 – où ses candidatures avaient récolté les scores remarquables de 4,25% et 4,08% – Olivier Besancenot est devenu un personnage incontournable de la politique française. Il est maintenant considéré comme l’opposant n°1 à la politique néolibérale de Nicolas Sarkozy et surfe autour des 13% dans les intentions de vote.

Refusant tout compromis avec la politique néolibérale du PS, le facteur Olivier a réussi à mobiliser le vote et l’espoir des travailleurs et de la jeunesse en lutte contre le capitalisme. Lors de sa dernière campagne présidentielle, il avait annoncé la création d’un «nouveau parti anticapitaliste» capable de rassembler concrètement cette couche de la population, et voici ce dernier enfin sur pied après presque deux ans d’attente. Mais que peut-on espérer de ce nouveau parti ? Pourra-t-il devenir réellement l’instrument nécessaire pour rompre définitivement avec ce système ?

 

Recomposition de la gauche ou nouveau parti des travailleurs?

Depuis la chute du bloc de l’Est, la gauche a profondément changé. Car la chute du stalinisme n’a pas seulement marqué la fin de ce système; elle a aussi accéléré la conversion ouverte des partis sociaux-démocrates à la logique de marché du capitalisme et du néolibéralisme, suivis par la plupart de partis communistes, orphelins de Moscou. La gauche qui avait prétendu vouloir réaliser le socialisme en réformant le capitalisme s’est simplement couchée devant celui-ci.

La LCR et son organisation internationale en ont tiré comme conclusion qu’il était désormais nécessaire de regrouper dans un nouveau parti aussi bien les « révolutionnaires » que les “réformistes sincères” désormais orphelins du PS et du PC. Mais, pour ce faire, elle a eu tendance à mettre sur le même pied tous les opposants au capitalisme qu’elle cherchait à réunir et à abaisser son programme pour trouver un “point d’équilibre” acceptable par des syndicalistes, des écologistes, des féministes, des jeunes radicalisés,… C’est pour cela qu’aujourd’hui la LCR, jugeant sa tâche accomplie, s’est purement et simplement dissoute dans le NPA.

Le PSL/LSP et le CIO (l’organisation internationale dont le PSL/LSP est la section belge et dont la section française participe pleinement au NPA) ont développé une analyse sensiblement différente. Pour nous, la tâche primordiale était et reste de refonder des partis de la classe des travailleurs puisque les anciens partis ouvriers ou “ouvriers bourgeois” (c’est-à-dire dont la base était formée de travailleurs mais dont la direction adoptait une politique bourgeoise) sont devenus de véritables partis bourgeois ou ont disparu de la scène politique, désertés par leur ancienne base active de travailleurs.

Le NPA ne s’inscrit malheureusement pas pour l’instant dans cette démarche. Dès le début, Besancenot a appelé au rassemblement des anticapitalistes et des mouvements sociaux dans ce nouveau parti sans mettre en avant la classe des travailleurs comme composante essentielle et pi-lier de ce nouveau parti. Or, la simple addition des forces anticapitalistes en présence (bien que plus importante qu’en Belgique) est bien insuffisante pour vaincre le capitalisme et sa variante néo-libérale. A travers leurs luttes concrètes, ce sont les travailleurs qui doivent constituer la clé de voûte d’une politique anticapitaliste. Le NPA ne pourra s’opposer victorieusement à Sarkozy qu’en étant présent dans chaque lutte, et avant tout celles des travailleurs, afin d’unir politiquement les mouvements de lutte et de leur donner une orientation claire pour progresser.

 

Pour un programme socialiste

L’unité des travailleurs ne suffit pas pour renverser le capitalisme, il lui faut encore une direction, un programme, et le NPA n’est pas non plus clair sur ce point. Il met en avant le «Socialisme du 21e siècle» comme idéologie sans réellement le définir. Cette confusion résulte de la volonté du NPA d’être assez vague afin d’unir les divers courants anticapitalistes sans frustrer aucune de ses composantes.

S’il est évident que la majorité des travailleurs et des jeunes ne peut pas (encore) être gagnée à la perspective d’une société socialiste, le NPA sera lui confronté à un choix décisif vis-à-vis de la société à proposer quand il se trouvera à la tête des luttes. Olivier Besancenot fait aujourd’hui un choix idéologique conséquent et parfaitement correct en refusant explicitement tout compromis avec la politique néolibérale du PS. La Gauche Révolutionnaire (notre section sœur en France) incitera le NPA à aller plus loin dans cette direction pour clairement faire le choix d’une société socialiste où les moyens de production seront collectivisés pour mettre fin aux crises du capitalisme.

En dépit de ces deux critiques constructives, il est indéniable que le NPA et Olivier Besancenot portent un coup de poing magistral à la politique de Sarkozy et constituent le pire cauchemar des néo-libéraux du parti socialiste.

Si ce parti s’implique au premier plan dans les luttes avec un réel programme socialiste, surtout dans ce contexte de crise, il devrait rapidement gagner la confiance d’une couche importante de travailleurs, de jeunes et des exploités de ce système.