Le 19 janvier, au beau milieu de la journée, dans le centre de Moscou, l’avocat bien connu Stanislav Markelov a été assassiné par un homme armé et masqué, au cours d’une conférence de presse. Anastasiya Baburova, une jeune journaliste qui s’était taillée une solide réputation avec ses reportages antifascistes, est plus tard décédée des blessures reçues alors qu’elle essayait de protéger Stanislav.
Dans sa génération, Stanislav était une exception. Au milieu des années ’90, il était militant actif de LAS, la section russe de Jeunes contre le Racisme en Europe (Youth against Racism in Europe, coupole internationale lancée par le Comité pour une Internationale Ouvrière qui comprend également Résistance Internationale). Markelov était en premier lieu un activiste politique qui a utilisé sa formation d’avocat au profit du mouvement. À la différence de plusieurs de ses collègues, Markelov a mis ses principes au devant quand bien d’autres ne pensaient qu’à leurs carrières.
Markelov s’est forgé une réputation d’avocat prêt à se battre contre l’injustice sous toutes ses formes. La conférence de presse qu’il était en train de donner au moment de son assassinat concernait d’ailleurs le cas de l’ancien colonel russe Yuri Budanov. Pendant la guerre de Tchétchénie, ce gangster en uniforme a enlevé une adolescente, Elza Kungaeva et l’a torturée, violée et brutalement assassinée. Malgré le soutien que Budanov a reçu des sommets de l’armée et de l’Etat et le fait qu’il a été transformé en ‘héros’ par les nationalistes, l’extrême droite et l’église orthodoxe, le comportement de Budanov a été jugé inacceptable par la Cour et il a été emprisonné. Mais, clairement après un ordre venu d’en haut, Budanov a été libéré cette semaine pour ‘bon comportement’. Stanislav représentait la famille d’Elza devant le tribunal afin d’essayer d’empêcher la libération de Budanov. Le meurtre de sang froid de Stanislav a provoqué une manifestation de protestation de plus de mille personnes en Tchétchénie.
Stanilav a également pris la défense de Mikhail Beketov, un journaliste d’opposition renommé des banlieues de Moscou qui avait révélé la corruption des bureaucrates de la ville au sujet de programmes de construction, notamment de routes. Après de nombreuses menaces, Beketov a été brutalement battu en novembre passé. Makelov a également défendu de jeunes antifascistes devant le tribunal et a lutté contre les fascistes. Malheureusement, il semble aujourd’hui que la vague de meurtres fascistes d’immigrés et de jeunes en opposition au gouvernement prenne de l’ampleur.
Makelov avait entre autres écrit :«Nous devrions tous bien comprendre que mis à part nous-mêmes, personne ne va simplement prendre notre défense. Ni Dieu, ni un tsar, ni la loi. Personne. Seulement nous-mêmes. Et quand nous sommes ensemble, épaule contre épaule, quand nous nous défendons, alors nous avançons.»