Crise capitaliste mondiale de 2008 – “Adieu et bon débarras” – Financial Times

Mais pourtant, les marxistes, eux, – en particulier l’hebdomadaire The Socialist et le magazine mensuel Socialism Today avec le Comité pour une Internationale Ouvrière (CWI – Committee for a Workers’ Interntional) – avaient bel et bien prévu cette situation. Nous écrivions en avril 2008 que «La situation mondiale actuelle est caractérisée par le pire scénario économique pour le capitalisme depuis la Grande Dépression des années ‘30. A son tour, elle a aggravé la position déjà affaiblie de la puissance dominante sur le plan mondial, l’impérialisme américain. En conjonction avec les retombées de la guerre d’Irak, elle a semé les graine de convulsions politiques et un changement fondamental dans la géopolitique de la prochaine période» (Les conséquences pour les luttes des travailleurs en Europe, Thèses du CIO, mars 2008).

Cette analyse a été réalisée au moment où une majorité d’économistes capitalistes avaient totalement écarté l’idée d’un tel développement. En mars, même le Chancelier de l’Echiquier britannique, Alistair Darling, qui apparaissait en pleine possession des faits, prédisait un déficit budgétaire de 35 milliards de livres pour l’année 2008-9, alors qu’il semble aujourd’hui que ce déficit sera 3 fois et demi plus important, pour une valeur de 118 milliards de livres ! Et le Financial Times de geindre à nouveau : «Nous volons en aveugle». Qu’est donc si ce n’est une complète acceptation de l’analyse du capitalisme mise en avant par le Socialist Party ? Ce système est un système anarchique, régulièrement plongé par le jeu de forces de production aveugles dans des crises aux conséquences dévastatrices, comme risque de l’être la crise actuelle.

Le dernier ‘pilote’ en chef du capitalisme mondial, l’ancien président de la Réserve Fédérale américaine Alan Greenspan, admet maintenant devant le Congrès américain que, à cause de cette crise, il s’est trouvé «dans un état de choc et d’incrédulité… Je ne comprends toujours pas très bien pourquoi elle est arrivée». Même le fameux Bernard Madoff, l’homme qui a réalisé la plus grande fraude financière de toute l’histoire (pour un montant estimé à 50 milliards de livres) a affirmé peu de temps avant de se faire prendre que «dans l’environnement légal actuel, il est virtuellement impossible de violer les règles»!

 

Fin retentissante du capitalisme truand

Ce ne sont pas que un ou deux ‘moutons noirs’ qui se sont fait prendre, mais l’ensemble des capitalistes, qui ont escroqué la classe ouvrière et les pauvres dans la période du capitalisme de truands du ‘libre marché’, laquelle s’est maintenant terminée de façon retentissante. Au cours des dernières 30 années de néolibéralisme, les salaires ont été maintenus au même niveau tout au long d’une sorte de ‘récession silencieuse’ tandis que les profits ont été multipliés pour atteindre des records inouïs. Maintenant que quelques-uns des capitalistes se sont fait ‘cramer’ par Madoff, ils gémissent. Une de ses riches ‘victimes’ se plaignait qu’elle devrait virer sa bonne et n’aurait, par conséquent, plus personne pour «repasser ses quarante chemises blanches» (The Observer).

Mais tout le monde n’est pas affecté parmi les super-riches. A Coven Garden, à Londres, il y a toujours un marché florissant pour des manteaux de chinchilla ou de cachemire à 8.000£. De même, des livres pesant environ 35kg chacun ont été vendus pour une somme de 1,1 million de livres lors d’une récente vente aux enchères à Dubaï. Plus scandaleux encore, certains auteurs de la terrible situation financière actuelle – les ‘maîtres de l’univers’ – sont toujours récompensés par d’obscènes boni. Goldman Sachs, par exemple, va distribuer un total de 2,6 milliards de dollars en boni, malgré une perte lors du quatrième trimestre équivalente à ce montant ! Au même moment, la classe ouvrière de Grande-Bretagne et du monde entier va payer un prix terrible pour le chaos économique créé par le capitalisme.

La phrase en vogue chez les capitalistes est que l’économie, des industries voire des pays entiers comme l’Islande l’a illustré, ont fait ou sont sur le point d’effectuer «le grand plongeon». La crise n’est pas restreinte au ‘secteur financier’ mais, comme nous l’avons dit, s’est répandue à la soi-disant ‘économie réelle’ bondissant, selon l’expression consacrée, de «Wall Street à Main Street» (de la Bourse à la Grand’rue) et maintenant au monde entier, ou presque. Que reste-t-il de la théorie du ‘découplage’? Les soi-disant marchés ‘émergents’ du monde néocolonial vont sans doute être ‘submergés’ par la vague économique issue du monde ‘riche’. Le groupe de réflexion de l’Unité de Renseignement Economiste a prédit dans son bulletin pour 2009 que pas moins de 29 pays verraient leurs économies se contracter.

Le capitalisme ‘dérégulé’ et débridé a amené la menace d’une dépression ‘débridée’ elle aussi et malgré les meilleurs efforts de la part des gouvernements capitalistes, ils pourraient ne pas parvenir à éviter la catastrophe. Ils tentent désespérément de remettre le système à flot, à coups d’interventions étatiques, afin de poser un ‘plancher’ sous la crise, d’amortir ses effets et d’éviter une véritable dépression. Ben Bernanke, Président de la Réserve Fédérale américaine, a complètement exclu la possibilité de la répétition d’un tel événement dans les Etats-Unis ou dans le monde actuel. Mais d’autres ne partagent pas ses certitudes – c’est le cas pour Larry Elliott, éditeur économique du Guardian, qui écrit ouvertement qu’il s’attend à une dépression, surtout dans le cas du Royaume-Uni.

Cette crainte a été renforcée par la détérioration rapide de l’économie américaine et ses répercussions dans le monde entier. Rien qu’au mois de novembre 2008, le nombre de chômeurs aux USA a augmenté d’un demi-million. C’est la plus grande hausse de chômage mensuelle depuis 1974 et si les travailleurs à temps partiel à la recherche d’un emploi sont inclus, on atteint les pires chiffres depuis 1940 ! Les deux tiers des travailleurs ayant perdu leur emploi l’ont perdu entre septembre et novembre 2008 – en seulement trois mois ! Ceci souligne la vitesse et la profondeur de la crise. Pire encore, selon des estimations récentes, c’est chaque mois plus d’un million de travailleurs qui vont perdre leurs emplois aux Etats-Unis jusqu’à la mi-2009, c’est-à-dire qu’une hausse de quatre à sept millions de chômeurs est possible.

Selon le président élu Obama – qui admet maintenant «ne pas savoir par où commencer lorsqu’il se lève le matin» -, le gouvernement américain ne sera pas capable d’empêcher la catastrophe économique. Jusqu’ici, tous les ‘leviers’ du contrôle économique ont échoué à leur tâche. Le système financière – les artères du capitalisme – reste gelé, en particulier dans le secteur crucial du prêt interbancaire. La ‘recapitalisation’ des banques n’altère en rien la réticence des banques à prêter à des entreprises, grandes ou ‘petites’, car ils craignent, à juste titre, de ne jamais revoir leur monnaie. Comme l’a fait remarquer un cadre bancaire européen : «Si le PIB diminue, comment l’emprunt peut-il croître ?»

Le PIB américain va diminuer de 4-5% au quatrième trimestre, avec un déclin continu prévu pour toute l’année 2009. Les économistes capitalistes prédisent pour cette année un réel déclin dans l’économie mondiale, pour la première fois depuis les années ‘30. Une situation désespérée qui requiert des mesures d’urgence. Par conséquent, les gouvernements capitalistes partent à la recherche d’ ‘armes de destruction massive’. Menés par le gouvernement britannique de Brown, soutenu avec empressement par Obama, et même par Ben Bernanke, ils seront forcés, lorsque tout le reste aura échoué, à recourir au «soulagement quantitatif, un nom amusant, qui est en fait un déguisement pour le recours à la planche à billets qui consiste à imprimer des livres ou des dollars, dans une tentative désespérée de stimuler la demande» (The Independant).

 

Le retournement de Brown

Même le fait de faire baisser les taux d’intérêt jusqu’à 0% pourrait ne pas fonctionner. C’est pourquoi Mervyn King, essayant l’attitude de vétéran de Fidel Castro ou le béret de Che Guevara, menace de nationaliser les banques britanniques si elles ne «font pas leur boulot». Le chef de Merrill Lynch, qui est lui-même banquier, a appelé le gouvernement à créer sa «propre banque» pour relancer l’emprunt !

Gordon Brown, avec Blair et Mandelson, était un célèbre militant du capitalisme truand et néolibéral. Mais après un virage à 180°, Brown qualifie cette vision de «dogmatique» dans son message du Nouvel An. Pourtant, avec Tony Blair, il a jeté à la poubelle la Clause 4 de la constitution du Labour Party en 1995, laquelle était en faveur de la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, et a converti le Labour en un parti capitaliste.

Le soutien qu’il affiche aujourd’hui en faveur des nationalisations découle des mêmes raisons qui l’ont poussé à soutenir le néolibéralisme hier : il ne faut pas sauver que les banquiers, mais le système capitaliste lui-même. Ces mesures ne sont perçues que comme ‘temporaires’, jusqu’à ce que les banques aient été rénovées et rendues aux capitalistes après avoir été ‘sauvées’ par le contribuable, c’est-à-dire les classes moyennes et la classe ouvrière. Brown fronce encore des sourcils à toute proposition autre que garder les banques nationalisées «à portée de bras» et exclut toute possibilité de «contrôle populaire» ou ouvrier, comme l’exige le Socialist Party.

Mais la situation est si grave que le keynésianisme, l’idée d’une finance sur base d’un déficit et du New Deal mis en place par Franklin Roosevelt dans les années ‘30, est invoquée. Tous les précédents ‘principes’ économiques ont été balancés par la fenêtre, le déficit gouvernemental étant maintenant à l’ordre du jour. La Grande-Bretagne pourrait par conséquent faire face à un déficit de 6, 8, voire 10% du PIB. Obama a déjà admis qu’il y aura un déficit pour le gouvernement américain de l’ordre d’un trillion (mille milliards) de dollars pour 2009, c’est-à-dire 9 à 10% du PIB. La panique est telle parmi la classe dirigeante américaine, que l’on a alloué la somme de 7 trillions de dollars – dont tout n’a pas encore été dépensé – afin de renflouer leur système. Ceci équivaut à peu près à la moitié du PIB des Etats-Unis.

Pourtant, malgré ces mesures, il n’est pas du tout garanti que le capitalisme puisse empêcher sa descente dans le piège de la dépression et/ou de la déflation, comme ce fut le cas pour le Japon dans les années 90. Le New Deal de Roosevelt, dans les années ‘30 aux Etats-Unis, bien qu’il ait introduit certaines réformes, n’a pas mis un terme fondamental à la dépression américaine. En fait, les Etats-Unis étaient au bord d’une autre crise dévastatrice à la fin des années ‘30, mais ont été sauvés par le début de la guerre. C’est l’intervention gouvernementale massive durant la deuxième guerre mondiale plutôt que le New Deal qui a temporairement sauvé le capitalisme. Nous avons besoins «d’une finance de guerre sans la guerre elle-même» (Niall Ferguson, Financial Times).

Une crise économie du capitalisme – en particulier une crise aussi grave que celle-ci promet de l’être – est comme une guerre en termes de ‘massacre’ de capital, y compris de vies et de conditions de la classe ouvrière, avant que les graines d’une nouvelle phase de croissance ne puissent être créées. Il n’y a pas de ‘crise finale’ du capitalisme, comme Lénine l’a fait remarquer. Le système trouvera toujours une manière de s’en sortir, tant que la classe ouvrière et les pauvres ne parviennent pas à saisir l’opportunité d’effectuer le changement socialiste de la société. Voilà la question décisive à laquelle fait face la classe ouvrière en 2009 et dans les années à venir si l’on veut pouvoir éviter une nouvelle période prolongée de souffrance pour la majorité.

 

“Sympathie pour les Bolcheviks”

Cette crise a déjà eu un effet profond en refaçonnant le point de vue de la classe ouvrière. L’Islande, avant le début de la crise il y a six mois, était le sixième pays le plus riche au monde et, supposément, le ‘plus heureux’. Plongée dans un abysse économique, elle donne une illustration de ce que représenterait une situation à la 1929 : un tiers de la population désire quitter le pays et les banquiers sont hués partout où ils vont. Reflétant le changement qui a pris place, un travailleur a fait ce commentaire au Financial Times : «Pour la première fois de ma vie, j’ai de la sympathie envers les bolcheviks et les révolutionnaires français qui ont sorti la guillotine».

Cherchant à capter l’humeur populaire, même le dirigeant des Tories, Cameron, a dénoncé d’une manière purement démagogique les «crimes» des banquiers et a fait allusion à un jugement, invoquant par là l’image de combis remplis de financiers les conduisant à travers les rues londoniennes jusqu’à leur incarcération dans la Tour de Londres ! C’est un peu difficile pour lui, néanmoins, de poursuivre ce raisonnement jusqu’au bout, étant donné ses racines d’Eton (une école privée d’élite) et de Bollinger (un célèbre champagne), de même que pour le reste de son cabinet d’opposition. La pure hypocrisie de Cameron et des Tories a été révélée par leur rejet de la suggestion d’abandonner leurs ‘intérêts extérieurs’ afin de se concentrer sur leurs tâches parlementaires. L’an passé, William Hague, secrétaire aux affaires étrangères du cabinet d’opposition, a ‘gagné’ plus de 230.000 £ en plus de ses rémunérations pour ses deux postes de directeurs. Michael Gove, un autre membre du cabinet d’opposition, gagne au moins 100.000 £ par an ‘sur le côté’.

Ils rivalisent en cela avec la droite du Labour, dont les rangs doivent maintenant inclure l’ancien dirigeant du Labour Neil Kinnock, ainsi que son entourage. Kinnock, l’infâme «marteau de la gauche» qui a pavé la voie pour Blair et Brown, reçoit une pension annuelle de 63.900 £ de la part de l’Union Européenne tandis que sa femme Glenys reçoit 57.000 £ en tant que membre du Parlement européen, sans parler de sa fille qui travaille pour Brown et de son fils qui est directeur du Forum Economique Mondial. Ceci doit nous rappeler, s’il était nécessaire, à quel point la direction actuelle du New Labour a renié ses racines socialistes et travaillistes. Cette direction est pieds et poings liés au capitalisme, avec un Brown qui refuse de prendre des mesures socialistes d’urgence, préférant demeurer dans le cadre du capitalisme britannique malade, qui affronte maintenant ce qui est probablement la pire crise de son histoire.

Selon les dernières prévisions, l’économie britannique doit faire face au troisième plus important déclin économique du monde capitaliste avancé, avec une baisse de 3% pour 2009 – surpassée seulement par les Etats-Unis et l’Irlande. Les Ministres du gouvernement ne sont plus prêts à faire semblant, comme Brown et jadis Darling l’ont fait, que le Royaume-Uni va éviter les pires effets du tsunami économique. Tessa Jowell, la Ministre des Jeux Olympiques, a admis que le gouvernement n’aurait sans doute pas demandé à recevoir les JO si la décision avait été prise au milieu du ralentissement économique actuel.

Le bourbier grec doit être une leçon importante pour les travailleurs britanniques. Au lieu des célébrations des JO d’Athènes d’il y a quatre ans, les rues de la ville, tout comme celles du reste de la Grèce, sont maintenant remplies de manifestants, avec la police tombée à cours de gaz lacrymogène et devant en importer d’Israël, avant que ce dernier ne se lance lui-même dans le conflit militaire actuel.

Tout comme la Grèce, le Royaume-Uni est plus exposé que jamais. Un nombre immense de jeunes chômeurs éduqués – la «génération 700€», qui est le salaire mensuel moyen – coexiste avec des travailleurs pauvres, dont de nombreuses personnes âgées entre 40 et 50 ans qui subissent les même salaires de misère.

Se basant sur des industries de services qui se sont maintenant effondrées, les coussins dont disposait l’économie britannique dans le passé ont maintenant disparu. L’effondrement des banques signifie que 370.000 emplois – un douzième de la force de travail – pourraient être perdus à Londres d’ici 2010, pour la plupart dans le secteur financier. Le revenu du pétrole de la mer du Nord sera tombé de 40% en 2008. Le secteur du logement – la fondation du soi-disant «effet post-richesse» – fait face à des baisses de prix de l’ordre de 40 à 50%. Les plus optimistes disent que les prix des logements de 2007 pourraient de nouveau être atteints en 2023 !

Dans son sillage, les agents et experts immobiliers de même que les constructeurs font face à un futur qui déchante. Si on exclut la deuxième guerre mondiale, pendant laquelle très peu de maisons ont été construites, le nombre de maisons construites est au plus bas depuis 1924. La construction de bureaux va sans doute plonger de plus de 20%, et les conséquences de tout ceci vont fortement toucher les 250.000 travailleurs dont les emplois sont liés à l’industrie du bâtiment. Les banquiers ont été renfloués, mais les propriétaires de maisons ne vont pas recevoir la même aide.

 

Nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs

Nous exigeons la fin de toutes les expulsions de travailleurs hors de leurs foyers, pour cause qu’ils ont été plongés dans des circonstances économiques dont ils ne sont pas responsables. Ceci n’est possible qu’en nationalisant le secteur bancaire, pas à la manière de Northern Rock, mais sous le contrôle et la gestion des travailleurs. Des hypothèques bon marché et, dans certains cas, la substitution volontaire des hypothèques par le loyer sont des issues à envisager, plutôt que la perspective de ‘cités de tentes’ en-dehors des villes britanniques, qui sont une réelle possibilité si l’effondrement de l’immobilier se poursuit.

Ce n’était pas pour rien qu’un commentateur a récemment averti que si le système financier n’était pas renfloué, alors «Londres pourrait ressembler à Mogadiscio» (la capitale de la Somalie). En réalité, des pans entiers de Londres et d’autres villes de Grande-Bretagne comportent déjà des éléments de « Mogadiscio». Le tourbillon de la déchéance sociale – inévitable sur base d’un ralentissement économique – va cette fois-ci happer des sections des classes moyennes, en particulier dans le sud, l’East Anglia et le sud-ouest.

La conséquence la plus dévastatrice de la crise à laquelle sera confrontée la classe salariée sera la terrible hausse du chômage. On estime que celle-ci grimpera à 3 millions dans les douze prochains mois. Nous rejetons l’impasse du chômage. Nous exigeons un emploi pour un revenu décent avec le droit à une formation décente. Le processus de substitution des emplois industriels bien payés avec des emplois mal payés, à temps partiel au lieu de temps plein, doit être rejeté. La plupart des travailleurs des voitures Rover à l’usine de Longbridge qui ont été licenciés en 2005 et qui sont parvenus à retrouver un travail étaient payés à un salaire plus bas, avec seulement un tiers d’entre eux qui s’en sont tiré à bon compte.

Nous rejetons également l’approche pernicieuse du Ministre des allocations Purnell qui se sert des pauvres en tant que boucs-émissaires et qui fait toutes sortes de plans de réduction des allocations sociales. Ceux qui touchent des revenus de la sécurité sociale vont être forcés de subir des tests aux détecteurs de mensonges et d’aller travailler dès que leurs enfants sont âgés d’un an. Ceci représente une tentative d’éliminer complètement la sécurité sociale, comme l’a fait remarquer le syndicat PCS (Public and Commercial Services Union, un syndicat combatif indépendant qui regroupe les travailleurs de la fonction publique et de certains secteurs commerciaux). Cela, plus la tentative de partiellement privatiser la Poste, montre qu’alors que la crise a forcé le New Labour à nationaliser certaines industries, sa politique anti ouvrière et néolibérale se poursuit bel et bien.

Nous demandons une planification socialiste, laquelle est devenue encore plus cruciale maintenant que nous baignons dans cette crise. Le capitalisme réalloue les ressources à travers l’expulsion forcée des travailleurs hors des industries qui ne sont plus ‘profitables’ et, dans la situation présente, seuls quelques-uns vont être graduellement réabsorbés dans les secteurs en croissance de la production capitaliste. Toutefois, dans une économie planifiée, comme Marx l’a expliqué, ce changement assumerait une réadaptation surtout ‘administrative’ des travailleurs et de la production, sans subir les horreurs du chômage de masse caractérisée par le capitalisme. Marx a fait remarquer que les capitalistes font bel et bien des plans, réglés au détail près, dans chacune de leurs entreprises. Une économie planifiée est, en essence, cet exemple, mais porté à une échelle nationale et internationale, avec le facteur vital supplémentaire du contrôle et de la gestion par les travailleurs. Ceci, toutefois, n’est possible que par l’établissement d’une économie planifiée socialiste.

 

Période de changements décisive

Le Royaume-Uni et le reste du monde sont entrés dans une période décisive de changements. Le Socialist Party sera à l’avant de toutes les batailles qui vont émerger dans la prochaine période. De nombreux travailleurs, choqués par l’étendue et la rapidité de la crise, pourraient être réticents à entrer dans la bataille pour les salaires, par exemple. Mais une lutte décisive pour les emplois est maintenant à l’ordre du jour, avant tout afin de sauver les jeunes d’un retour aux années ‘30.

Un point crucial dans ce développement est l’idée d’un nouveau parti des travailleurs de masse. Il est peu probable que les dirigeants syndicaux se battent pour cela, se cramponnant comme ils font au pantalon de Brown et de son gouvernement. Brendan Barber, secrétaire général du TUC (Trades Union Congress, fédération de tous les syndicats), dans une exécrable interview sur la chaîne d’information de la BBC le jour du Nouvel An, n’a donné absolument aucun encouragement aux travailleurs à lutter contre les attaques brutales que les patrons et leur système tentent d’imposer aux travailleurs.

Nous sommes contre le fatalisme du laissez-faire, qui ne voit aucune alternative au-delà du cadre rigide de ce système discrédité. Ouvrons les livres de comptes aux inspecteurs des syndicats, et en particulier aux organisations de la base dans les usines tels que les délégations syndicales ! Nous sommes en faveur de la nationalisation de l’industrie automobile, et non pas de la ‘compensation’ aux patrons discrédités sous la forme d’une aide de l’Etat. Nous revendiquons un programme de production alternative et utile si, comme il est admis, il y a engorgement du marché automobile à l’heure actuelle. Le tout nouveau Réseau national des délégués syndicaux montre la voie.

Une révolte couve dans la société britannique. Elle trouve une expression visible dans l’opposition face à la troisième piste de l’aéroport de Heathrow, face à la privatisation partielle de la Poste – contre laquelle certains parlementaires Labour menacent même de défier Mandelson et Brown – et sur la question cruciale de l’emploi. Une élection générale – quel que soit le moment où elle sera proposée – avec trois partis ancrés dans le capitalisme n’offre aucune réelle alternative, à moins qu’il s’y trouve la voix du socialisme. Les travailleurs doivent laisser de côté ce New Labour décadent et créer une nouvelle alternative combative de masse.

Nous devons redoubler dans nos efforts pour défendre la cause du socialisme et la porter devant des couches de plus en plus larges de la classe salariée. Du point de vue mondial, le capitalisme a créé le chaos. Il maintient une pauvreté intolérable, perpétue des guerres sans fin, comme le carnage en cours à Gaza le montre, et plonge des millions dans une misère de plus en plus grande. Cette année peut ouvrir un nouveau chapitre dans lequel le socialisme reviendra, rugissant, à l’ordre du jour.