A la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, le mouvement anti-nucléaire a repris de l’ampleur en Allemagne. Dans ce pays, le nucléaire est une polémique majeure depuis les années ’70. C’est cela qui a été la base de la constitution du parti Vert et des mobilisations de masse contre la construction de centrales nucléaires et contre le transport de déchets radioactifs. Certaines de ces dernières ont stoppé avec succès la construction de centrales.
Durant quelques années, ces protestations ont connu une certaine accalmie, pour reprendre du poil de la bête à partir de 2009, après que le gouvernement conservateur-libéral soit arrivé au pouvoir et ait pris la décision de prolonger la vie des centrales nucléaires allemandes. Les sociaux-démocrates et les Verts, au pouvoir entre 1998 et 2005, avaient conclus des compromis avec les entreprises énergétiques pour lentement sortir du nucléaire. Le SAV, section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière, et l’aile la plus radicale du mouvement anti-nucléaire avaient mis en garde contre ces compromis qui, en réalité, garantissaient aux entreprises de continuer à réaliser de gros profits sur base du nucléaire des années durant, et qui de plus pouvaient être balayés d’un revers de la main en cas de changement de gouvernement. C’est ce qui s’est produit après 2009. Depuis lors, plusieurs grosses protestations ont pris place, auxquelles les sociaux-démocrates et les Verts ont participé avec beaucoup d’hypocrisie. Environ 100.000 personnes ont manifesté à Berlin à l’automne 2010. Plus important encore, des blocages de masse, avec l’implication de milliers de militants et d’habitants, se sont déroulées contre le transport de déchets nucléaires. Maintenant, ce mouvement a trouvé un nouvel essor sur base des terribles et dramatiques évènements du Japon.
Le lundi 14 mars, 110.000 personnes ont manifesté dans des centaines de villes. Le 21 mars, il s’agissait de 140.000 personnes dans environ 700 villes et villages. Le 26 mars, quatre manifestations de masse régionales sont prévues à Hambourg, Cologne, Berlin et Munich. Des centaines de milliers de personnes devraient prendre part à ces mobilisations.
Aucune confiance envers le gouvernement et les politiciens
Ce mouvement se développe malgré le fait que l’administration Merkel a rapidement essayé de réagir face au désastre de Fukushima et au sentiment populaire largement contre le nucléaire (chaque sondage d’opinion révèle qu’il existe une large majorité en Allemagne contre le nucléaire). Le gouvernement a annoncé un moratoire qui va évaluer l’accord conclu avec les entreprises d’énergie destiné à prolonger la durée d’activité des centrales nucléaires. Les huit plus vieilles centrales nucléaires, et les moins sûres, seraient fermées Durant le temps que prendra l’élaboration de ce moratoire, et il est ouvertement discuté parmi les politiciens que ces implantations ne seraient plus jamais en activité par la suite.
Mais ces mesures ne sont pas suffisantes pour stopper le développement du mouvement de masse. Cela reflète la totale perte de confiance de millions de personnes envers le gouvernement de même qu’envers les politiciens de l’establishment. La coalition des libéraux et des conservateurs particulièrement considérée comme une marionnette au service des grandes entreprises du secteur de l’énergie. Cette réponse suite à la catastrophe de Fukushima peut se voir dans la rue, mais également dans les urnes. Lors des élections régionales dans l’Etat est-allemand de Saxe-Anhalt, la participation a augmenté (jusqu’à un peu au-dessus de 50%), avec une forte augmentation pour le parti Vert (7%), qui est traditionnellement très faible à l’Est.
Le SAV est énergiquement intervenu dans ce mouvement de masse pour revendiquer la fermeture immédiate des centrales nucléaires en Allemagne (ce qui est tout à fait possible au vu des capacités énergétiques de l’Allemagne), position qui contraste fortement avec l’approche ‘‘petit-à-petit’’ des Verts et des sociaux-démocrates. Nous avons expliqué qu’une politique énergétique verte n’est possible que dans le cadre d’une planification démocratique de l’économie, où suffisamment d’investissements seraient réalisés dans les énergies renouvelables. La fin de l’énergie nucléaire ne conduira pas nécessairement à une explosion des émissions de gaz carbonique. Notre slogan pour la prochaine manifestation sera : ‘‘Le capitalisme tue – Expropriation des entreprises nucléaires !’’
Dans plusieurs villes, les jeunes du SAV et la branche jeunes de Die Linke ont pris l’initiative de construire une campagne ‘‘Action fermez-les MAINTENANT’’. Les premiers meetings et actions de cette campagne se déroulent cette semaine.
Manifestation anti-nucléaire ce dimanche 24 avril 2011 à Bruxelles : Rassemblement à partir de 13 heures – Gare du Nord