Droit d’asile. Un pansement sur une jambe cassée.

Il y a quelques semaines encore, le Premier ministre Van Rompuy s’était fait fort d’aboutir à un accord (limité) pour une régularisation des sans-papiers pour Pâques. Il est maintenant clair que ce ne sera pas le cas. Plus d’un an après la promesse d’une régularisation partielle, de nombreux sans-papiers et familles de sans-papiers vivent toujours dans la crainte. La ministre Turtelboom a maintenant fait une proposition pour une régularisation encore plus limitée.

 

Souvenez-vous, le 18 mars 2008 était formé un nouveau gouvernement avec un programme qui prévoyait une régularisation limitée sur base de certains critères. De notre côté, nous avons toujours revendiqué une régularisation générale car nous ne voulons pas décider de qui doit rester et de qui doit partir. Mais une régularisation n’est pas une réponse en soi pour aborder la problématique des réfugiés, seule une rupture au niveau mondial avec l’exploitation capitaliste pourra être à la base de la résolution des problèmes qui poussent tant de gens à quitter leur pays.

Mais beaucoup de sans-papiers avaient tout de même placés leurs espoirs dans ce programme gouvernemental, espoirs aujourd’hui bien déçus. Un an plus tard, tous ceux qui sont en contact avec les sans-papiers (avocats, églises, universités où prennent place des actions,…) affirment que l’espoir fait maintenant place à la détresse. Des avocats ont même entamé une procédure contre la ministre puisqu’ils ne reçoivent plus d’explications. Les religions et les communautés philosophiques reconnues ont fait une déclaration contre la politique d’asile et les recteurs des universités ont suivi peu de temps après.

L’Open-VLD, parti de la minitre Turtelboom, ne veut pas de regularisation par crainte des réactions de la Lijst Dedecker et du Vlaams Belang. Ainsi, pour empêcher toute régularisation, on fait un caricature des positions des partis francophones. A entendre les médias néerlandophones, les politiciens traditionnels francophones exigent une régularisation générale, ce qui est loin d’être le cas. Les partis francophones et l’accord gouvernemental ne parlent que de régularisation partielle sur base de critères stricts.

Cet accord a maintenant pris forme avec la proposition de la ministre Turtelboom qui vise à régulariser un nombre très restreint de sans-papiers : les familles présentes en Belgique depuis plus de 5 ans, qui ont suivi une procédure de régularisation et dont les enfants sont scolarisés depuis au moins 2007 poiurront entrer en ligne de compte pour un régularisation d’un an. Après un an, ceux qui ne seront pas en Etat de pourvoir eux-mêmes à leur subsistance n’auront aucune prolongation. Ce qui dans ce cas doit arriver aux enfants n’a pas été défini de façon détaillée par la ministre.

La ministre a pris cette décision sans une seule concertation avec ses partenaires au gouvernement. En outre, une nouvelle donnée est introduite : une régularisation temporaire dont le passage à une régularisation définitive est conditionnée par le fait d’avoir un travail. Quel est l’étape suivante ? Seul celui qui a une sécurité d’emploi pourra rester ? Certains secteurs seront exclus ? La ministre Turtelboom essaye de coupler un accord pour une régularisation à une immigration économique, une exigence des libéraux.

L’espoir renaître peut-être chez les familles concernées par ces règles. Mais beaucoup beaucoup d’autres vont devoir continuer à vivre dans la semi-légalité, la peur au ventre, sans certitude pour leur avenir. Cela offre autant d’opportunités pour les marchands de sommeil et les patrons qui recourent au travail au noir pour mettre les conditions de travail et de salaires de chacun sous pression.

Si la décision de Turtelboom sera un espoir pour quelques uns, la porte reste fermée pour des milliers d’autres.