Aux élections de 2019, le Vlaams Belang avait triplé son score électoral par rapport à 2014. Ce succès reposait en large part sur le dégoût qu’inspirent les partis traditionnels ainsi que sur un programme socio-économique apparemment plus axé à gauche. En vérité les priorités du parti flamand d’extrême droite n’ont jamais changé et toute sa pratique parlementaire démontre un attachement indéfectible aux attaques antisociales. Mais si ce mensonge n’est pas démasqué par la lutte sociale, le succès de 2014 menace de se répéter en pire. Dans les sondages actuels, le Vlaams Belang est aujourd’hui le premier parti de Flandre.
Aux précédentes élections, le Vlaams Belang semblait défendre de ramener l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans ou encore de fixer la durée d’une carrière complète à 40 ans au lieu de 45 ans. Le parti défendait également la diminution de la TVA sur l’énergie de 21% à 6%. Dans la pratique, il n’a été question que de soutien au blocage des salaires et autres mesures antisociales, mais tout semble indiquer que le VB va répéter ses mensonges. Cette approche est également à la base du succès électoral en France du Rassemblement national de Marine Le Pen et des Frères d’Italie de Giorgia Meloni. Parallèlement, Le Belang continue d’entretenir des liens avec des groupes plus ouvertement violents comme Schild & Vrienden.
Du côté francophone, l’extrême droite est peu organisée, principalement en raison d’un puissant mouvement ouvrier qui riposte systématiquement contre chaque tentative de l’extrême droite de mettre un pied dehors. L’autre élément important, plus récent, est l’existence d’une alternative électorale de gauche sous la forme du PTB.
Un combat contre toute la politique antisociale
Avec qui construire le mouvement antifasciste ? C’est une question essentielle. Face à l’ampleur du danger, la tentation est grande de brasser le plus large possible. Mais soyons sérieux, ces trente dernières années, les partis dit « démocratiques » ont repris et concrétisé une grande partie du programme en 70 points du Vlaams Blok, ancien nom du Vlaams Belang. Ce programme paru en 1992 et adapté en 1996, « Immigration : les solutions. 70 propositions pour résoudre le problème des étrangers », mentionnait notamment la création d’un Secrétariat d’État à l’immigration (c’est dorénavant fait !), l’extension des centres fermés pour étrangers (ça a été fait, et c’est encore prévu !), les expulsions collectives (fait, et refait !) et le durcissement de l’accès à la nationalité (fait).
PS et ECOLO peuvent bien soutenir en Wallonie le dépôt de motions pour déclarer des villes « antifascistes » (ce qui a été fait pour Mons, Charleroi, Namur et Liège), ces deux partis ont participé à des gouvernements dont la politique a rendu plus acceptable le racisme du Vlaams Belang. L’actuel gouvernement fédéral a encore décidé l’accélération des procédures d’examens et l’exécution plus rapide des décisions d’expulsions et de nouvelles restrictions au regroupement familial tout en fermant une fois de plus la porte à toute régularisation collective.
Et ce n’est pas tout. Ces partis sont aussi responsables de l’application de la politique antisociale qui pousse de plus en plus de gens dans le désespoir et la panique, ce qui peut en faire des proies pour le discours de l’extrême droite.
L’antifascisme conséquent est intrinsèquement lié à une opposition farouche aux politiques antisociales et à celles et ceux qui les appliquent. Personne ne compte sur des pyromanes pour éteindre un incendie, l’antifascisme ne fait pas exception à la règle. Un programme audacieux de changement social, c’est un des piliers du combat contre l’extrême droite.
Un autre pilier est une organisation démocratique, qui vise à créer l’unité dans la lutte dans le respect des divers courants politiques et des modes d’expression de leurs opinions. C’est ainsi que l’on peut construire le mouvement le plus large possible, en allant chercher des couches neuves et sans rester dans l’entre-soi militant et radical.
L’action de masse est la meilleure manière non seulement de bousculer la confiance de l’extrême droite, mais aussi d’aller chercher les moyens dont nous avons besoin pour assurer un avenir à chacune et chacun, et que plus personne ne puisse plus ainsi se tromper de colère. Selon nous, cela signifie le renversement du capitalisme et la construction d’une société réellement démocratique, où les travailleur.euse.s et la jeunesse posséderont les grands moyens de production et décideront de leur utilisation.