Louvain: une marche de la solidarité éclipse la mobilisation de l’extrême droite

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Photo : Solidarity for all

Au football, on parle d’un coup du chapeau lorsqu’un joueur marque trois fois au cours de la même rencontre. Ce fut le cas ces dernières semaines pour la résistance antifasciste et l’opposition au message de haine, de division et de violence que l’extrême droite voulait exprimer dans la rue. Hier, à Louvain, la mobilisation antiraciste fut plus importante que celle de l’extrême droite pour la troisième fois d’affilée, après celle de Gand le 21 février et celle de Zeebrugge le 6 mars. Le danger n’a pas disparu bien entendu, mais la construction d’un mouvement de solidarité représente un sérieux pas posé dans la bonne direction.

Hier soir, Louvain ressemblait à une ville assiégée. Quelques-uns se sont certainement demandé si le niveau de sécurité n’avait pas soudainement été relevé au niveau 4. Il était interdit de se garer dans plusieurs rues, différentes parties de la ville avaient carrément été barrées, les forces de police étaient impressionnantes, un hélicoptère de la police survolait les environs,… Tout avait été fait pour faire craindre l’imminence d’un affrontement entre l’extrême droite et l’extrême gauche. Mais la réalité fut toute différente.
Alors que quelque 100 à 150 militants d’extrême-droite ont cherché à faire entendre leurs slogans haineux dans la rue – sous les huées régulières des passants et des habitants à leurs fenêtres – une vibrante marche de la solidarité combative et diversifiée défilait à un autre endroit de la ville avec 400 participants. Les troubles qui permettent aux médias de masquer le contenu politique d’une mobilisation par des « images sensationnelles » n’ont pas eu lieu.
Pourquoi était-il important de descendre dans la rue? Parce que nous ne pouvons pas laisser l’espace public à l’extrême droite pour qu’elle se renforce, gagne en confiance et passe à d’autres formes actions. En Allemagne, le nombre d’attaques contre des centres d’accueil pour demandeurs d’asile a récemment fortement augmenté. A Calais, des militants d’extrême droite se sont déguisés en agents de police pour agresser des réfugiés. Ceci dit, à Anvers, certains policiers se sont eux-mêmes chargés de violenter des migrants pour leur extorquer de l’argent… Cette violence ne s’arrêtera pas en nous limitant aux paroles, la mobilisation active est cruciale pour assurer que l’extrême droite aie plus de difficultés à s’organiser et pour isoler son message de haine et de division.
L’extrême droite se sent encouragée par le contexte actuel, notamment par le fait que les partis de l’establishment font tout reporter la responsabilité de la crise sur le dos des réfugiés, faute de réponses sociales aux problèmes sociaux. Des problèmes tels que la guerre, la pauvreté, les pénuries d’emplois ou de logements,… sont amplifiés par la politique austéritaire. Les moyens manquent pour faire face aux nécessités sociales mais, bizarrement, pas pour aller bombarder l’Irak et bientôt peut-être la Syrie. Le gouvernement belge participerait ainsi aux trois guerres qui constituent les plus grandes sources de réfugiés, en Afghanistan, en Irak et en Syrie. Le gouvernement a décidé de consacrer 9 milliards d’euros à la Défense, notamment avec l’achat de nouveaux avions de chasse F-35. Non, ce ne sont pas les réfugiés qui minent nos conditions de vie : c’est la politique d’austérité et de cadeaux aux riches et aux grandes entreprises.
Face à la menace de l’extrême droite, la mobilisation unitaire et la solidarité sont nécessaires. La manifestation de Louvain fut une belle étape dans cette direction, avec une participation supérieure à nos attentes et une foule bigarrée comprenant des jeunes et des moins jeunes dans une atmosphère positive de coopération entre Comac, Solidarity for all, Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs,… mais aussi Steunpunt Antifascisme et un bon groupe de militants kurdes. Comme c’est la tradition, un groupe de syndicalistes a pris le service d’ordre en main. A la fin, un micro ouvert a permis à ceux qui le souhaitaient de s’exprimer.
Nous pouvons dorénavant construire sur base de cette mobilisation. L’extrême droite a déjà annoncé vouloir tenir une nouvelle action le 16 avril à Lommel (Limbourg). Nous voulons regarder s’il sera possible d’y organiser une action de solidarité. D’autre part, il y a la manifestation contre l’achat de nouveaux avions de chasse le 24 avril prochain à Bruxelles, une mobilisation qui a gagné en importance avec la possible extension des opérations militaires belges en Irak vers la Syrie et qui nous offrira l’opportunité de dénoncer la politique guerrière à la base de la crise des réfugiés.
Ces actions nous permettrons de nous renforcer et d’engager la discussion sur l’alternative à défendre contre ce système en crise. L’extrême droite et son discours anti-réfugiés représente un obstacle à la lutte que nous devons mener ensemble pour un meilleur avenir pour tous. Dans ce combat, notre nombre est notre meilleure arme. La logique de division qui monte différentes couches des travailleurs et des pauvres les uns contre les autres nous déforce. Quelle est alors l’alternative? Nous défendons la construction d’une société où personne ne devrait fuir à cause des guerres, de la pauvreté et de la misère. Pour cela, il faut jeter le capitalisme dans les poubelles de l’Histoire. Les moyens existent pour assurer l’épanouissement de chacun, mais ils doivent être placés sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité. Organisons nous et relevons le défi! Les actions antifascistes et la construction de la solidarité active est partie intégrante du combat pour une société socialiste.
Photos : Solidarity for all
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