Les organisateurs centraux du mouvement raciste Pegida-Vlaanderen (Pegida-Flandre) sont également engagés sur d’autres fronts. Au niveau musical par exemple. Samedi prochain, un groupe néo-nazi français est ainsi invité à se produire à Sint Niklaas à l’occasion d’un évènement organisé par ‘Identiteit, Muziek & Cultuur’.
Rob Verreycken (à droite) en compagnie des néo-nazis Chris Berteryan et Constant Kusters na après un meeting ayant eu pour orateur un responsable du parti néo-nazi grec « Aube Dorée » . Photo : AFF
Dans les coulisses, nous retrouvons Rob Verreycken et Bert Decker, anciens employés du parti d’extrême droite flamand Vlaams Belang qui aujourd’hui adoptent des positions plus radicales. Ils étaient présents lorsque le groupuscule néo-nazi Nation a voulu attaquer des sans-papiers le 1er juin dernier à Bruxelles, pour finalement faire déferler leur rage d’extrême droite sur un sans-abri. Ils avaient pris part à l’action sous le nom de ‘Vlaanderen Identitair’. Cette violence a conduit à ce que des poursuites soient engagées contre certains militants et visiblement également au développement de désaccords au sein de Nation. Depuis lors, nous n’avons pas beaucoup entendu parler de ‘Vlaanderen Identitair’. Rob Verreycken a encore organisé en octobre dernier une soirée avec Udo Voigt (député européen du parti néo-nazi allemand NPD et employeur de Verreycken) à Anvers, mais c’est tout. En dehors d’une photo prise lors d’un défilé de la défunte organisation « Groen Rechts » (Verts de droite) en 2004, ‘Vlaanderen Identitair’ n’a depuis plus rien publié sur son blog.
Rob Verreycken et Bert Decker sont tous deux également actifs dans ‘Rechts Actueel’ et Pegida-Vlaanderen, qui ont tenu une manifestation à Anvers samedi dernier avec des délégations venues des Pays-Bas et d’Allemagne et où le porte-parole du Vlaams Belang, Dewinter, avait reçu l’aide du responsable de l’aile allemande de Pegida (et criminel condamné) Lutz Bachmann afin d’attirer l’attention des médias et de chauffer ses troupes en vue de la campagne électorale pour les communales de 2018. Cela rappelle la campagne de l’ancien Vlaams Blok. Est-ce la raison pour laquelle le duo Verreycken-Deckers a laissé Dewinter librement utiliser l’étiquette de Pegida ce samedi?
A peine une semaine après la manifestation de Pegida suit donc un concert qui se tiendra là où habite Rob Verreycken, à Sint-Niklaas. Fin décembre, un concert d’extrême droite y avait déjà été organisé avec le chanteur allemand Frank Rennicke. C’est maintenant au tour du groupe français «In Memoriam» de s’y produire, au Museumthater, une salle communale. Le bourgmestre se cache derrière la «liberté d’expression» pour expliquer l’autorisation de l’utilisation des lieux.
«In Memoriam» est un groupe de rock identitaire français. Comme quoi toutes les chansons françaises ne sont pas un problème pour les nationalistes flamands radicaux. Les 120 billets pour le concert ont tous été vendus. Ce groupe a été créé en 1995 par Julien Beuzard et son nom fait référence à un néo-nazi tué après des émeutes survenues à la suite d’une action menée notamment par le Groupe Union Défense (GUD). «In Memoriam» s’est déjà fait connaitre en Belgique pour avoir joué en 2002 à l’invitation du groupe italien CasaPound, un groupe qui se revendique du « fascisme du 21e siècle », ainsi qu’en 2014. De CasaPound aux amis de Rechts Actueel et de Pegida-Flandre, il n’y a qu’un petit pas à faire, surtout lorsque l’on sait que les organisateurs de CasaPound sont des invités populaires dans l’extrême droite flamande. Ils ont déjà été invités par le NSV, la fraternité étudiante du Vlaams Belang, et par le Voorpost.
Un groupe qui puise ses racines dans les milieux néo-nazis et qui va jouer chez des fascistes italiens, voilà apparemment le type de groupe que les organisateurs de Pegida-Flandre sont trop heureux d’accueillir. Ceux qui pensaient que le mouvement Pegida était constitué de « citoyens préoccupés » par les questions migratoires et par le flux de réfugiés dans un contexte où existent tant de déficits sociaux se sont trompés. Il s’agit très clairement d’un instrument pour des néo-fascistes qui n’hésitent pas à recourir à la violence avec des néo-nazis (comme à Bruxelles le 1er juin) et qui organisent ensuite des manifestations Pegida ou des concerts de groupes néo-nazis. Sous le nom de Pegida, ils espèrent simplement se constituer une plus large base de soutien.
A notre connaissance, aucune action de protestation n’est organisée contre ce concert. Nous voulons mettre sur pied un évènement antifasciste lors d’un prochain rassemblement de l’extrême droite en Belgique, à l’occasion d’une action du groupe Voorpost à Gand à la fin du mois de février. Dans l’actuel contexte de croissance des tensions sociales, des pénuries causées par les politiques d’austérité, du flux de réfugiés à la suite des guerres impérialistes,… une croissance du soutien à l’extrême droite ne doit pas être exclue. Cela peut rapidement dégénérer en violence, comme nous l’avons déjà vu en Suède et en Allemagne. Nous devons nous organiser pour arrêter ce développement en coupant l’herbe sous le pied de l’extrême droite et en construisant simultanément une alternative politique face à la ruine sociale du capitalisme.