Un casseur à la tête du Vlaams Belang

Cela faisait un moment qu’il était question d’un nouveau président pour le Vlaams Belang. Finalement, Tom Van Griken, un Anversois habitué à la violence de rue, s’est porté candidat et a reçu le soutien des instances dirigeantes du parti. Van Grieken est né en 1986 et a commencé ses activités politiques en tant qu’étudiant au NJSV (Association des la jeunesse étudiante nationaliste), le groupe écolier du NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, dont il est plus tard devenu le président. Les incidents violents contre ses opposants sont sa marque de fabrique.

Réaction de Blokbuster / Résistance Internationale
Dans le cadre de la manifestation annuelle du NSV en 2007 à Anvers, Van Grieken en est venu à la confrontation physique avec des militants de Blokbuster et des Etudiants de Gauche Actifs. Quatre étudiants qui prenaient un verre ensemble – trois militants de gauche et un étudiant politiquement inactif – ont été attaqués le 1er mars 2007 par un groupe de militants du NSV dont Van Grieken lui-même. A l’époque, Van Grieken était encore un inconnu, ce n’est qu’après la plainte déposée à la police que ces militants ont entendu son nom, qui devait par la suite régulièrement revenir dans pareils incidents.
Quelques mois plus tard, un autre incident a eu lieu à Anvers lorsque deux militants de Blokbuster ont été attaqués alors qu’ils menaient campagne. Van Grieken était entre autres accompagné d’un ancien candidat du Vlaams Belang qui défilait fièrement avec des symboles du réseau néonazi international Blood & Honour. Un sac à dos d’un militant de Blokbuster a été volé lors de la rixe.
Alors qu’il était étudiant, Van Grieken a organisé des attaques de meetings des Etudiants de Gauche Actifs (EGA). Après qu’ils aient réussi à perturber une réunion d’EGA en mars 2009, avec sa participation, un groupe d’amis du NSV est allé un peu plus loin sous le nom de ‘‘Autonome Kameraden (camarades autonomes) en annonçant une prochaine attaque contre une réunion EGA en octobre 2009. Arrivés masqués, ils ont chargé le meeting défendu par les militants d’EGA. A cette occasion, nous n’avons pas reconnu Van Grieken, les loyaux partisans du Vlaams Belang font tout pour passer sous silence cette violence néonazie.
En 2011, Van Grieken est arrivé à la direction des jeunes du Vlaams Belang, pour en devenir le président en 2012. Il s’est à l’époque fait remarquer avec une action opposée à un barbecue organisé par une école de Schoten. Avec son ami Tim Willekens, ils sont arrivés avec des saucisses au porc, puisqu’il s’agissait d’un barbecue halal, et qu’il est impossible qu’un barbecue se fasse sans porc pour le Vlaams Belang…
En 2012, sous l’impulsion de Van Griken, une tentative a été faite de donner une nouvelle dynamique à la section anversoise du NSV. La réunion était controversée puisque le dirigeant du parti néonazi allemand NPD, Udo Voigt, devait y prendre la parole. Le NPD n’hésite pas à entretenir des liens très étroits avec des groupements ouvertement néonazis, raison pour laquelle il a été rejeté par l’extrême-droite traditionnelle, y compris par le Vlaams Belang, pour constituer un groupe parlementaire au Parlement européen. Voigt nie régulièrement la véracité de l’Holocauste et déclare que l’élection d’Obama est à attribuer à une ‘‘alliance des Noirs et des Juifs’’. La rhétorique du NPD va au-delà de ce que les dirigeants du VB osent habituellement dire publiquement. Pour Van Griken, ce n’était pas un problème.
Est-ce que l’arrivée de Van Grieken – appelé par certains le ‘‘petit Dewinter’’ – à la tête du parti sera de nature à briser la chute du Vlaams Belang ? C’est incertain. Le Vlaams Belang a choisi la fuite en avant en installant aux commandes une nouvelle génération de casseurs. Pour les antifascistes, c’est un avertissement non négligeable. Peut-être les franges les plus radicales du Vlaams Belang, y compris ceux au NSV qui lorgnent vers Aube Dorée ou vers le Jobbik hongrois, considéreront elles qu’il s’agit d’un feu vert pour quelque peu copier les méthodes de ces partis et recourir occasionnellement à la violence de rue, tolérée par l’ancien président Valkeniers et activement pratiquée par le prochain président Van Grieken.