Violence fasciste mortelle à Paris

Suite aux mobilisations organisées par les réactionnaires français contre le mariage homosexuel au cours de ces derniers mois, l’extrême-droite est passée à l’offensive, de façon violente. Un jeune antifasciste vient d’en être brutalement victime, jusqu’à en mourir. Ce 5 juin, Clement Meric, un militant étudiant antifasciste, a été assassiné en pleine rue par des skinheads néo-fascistes. Il faut riposter contre cette violence néofasciste de la manière la plus appropriée : par une mobilisation de masse qui instaure une pression sur chaque tentative de l’extrême-droite d’aller de l’avant.
Photo ci-contre : action des meurtriers néonazis des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR)

Ces derniers mois ont été marqués par quelques grandes manifestations opposées au mariage homosexuel. La droite réactionnaire a pu à cette occasion clairement démontrer qu’elle demeure toujours une force mobilisatrice tandis que l’ampleur de ces événements a renforcé la confiance de l’extrême-droite. Par ailleurs, le Front national de Marine Le Pen a pu jouer sur le mécontentement croissant éprouvé dans la population face aux politiques antisociales désastreuses de François Hollande au cours de toute l’année dernière, sur fond de perspectives économiques peu réjouissantes.
Des groupes d’extrême-droite violents se sont sentis encouragés par ces développements, et certains militants néofascistes ont été plus audacieux. C’est ce qui a conduit à la mort du jeune antifasciste Clément Meric, battu à mort en pleine journée à Paris par un groupe de skinheads. Le principal accusé de ce crime est connu en tant que membre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR), une organisation dirigée par Serge Ayoub, individu qui est déjà venu à plusieurs reprises en Belgique dans le cadre des activités de groupuscules néonazis belges tels que Nation.
Serge Ayoub a d’abord tenté de nier que les meurtriers étaient militants des JNR, pour ensuite adopter une approche différente en disant que les jeunes militants de gauche avaient commencé. Sur le site belge rechtsactueel.com, qui est animé par un employé du Vlaams Belang, on tente aussi de cadrer les choses dans « un autre contexte » en affirmant que les militants d’extrême-droite n’avaient rien provoqué et qu’ils n’en pouvaient rien si le jeune Clément avait fait une « chute accidentelle ». Chez Nation, on dit aussi qu’il s’agissait d’une provocation de la part de militants de gauche tout en rajoutant que l’incident est une affaire purement personnelle, une « bagarre générale qui a mal tournée et non pas d’une agression préméditée d’un groupe contre un individu ». La version de Serge Ayoub est donc défendue en Belgique tant par Nation que par rechtsactueel.com. Une nouvelle recrute de Nation, Kris Roman, a par contre déclaré hier sur Facebook: « Les antifas détournent les choses. (…) Si les antifas continuent à harceler les gens, d’autres « momies de gauche » suivront. » La déclaration officielle de Nation sur les « provocations » de gauche s’accompagne donc de l’approbation officieuse de cette violence par ses militants.
Les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) de Serge Ayoub ne constituent pas un club innocent. Serge Ayoub a pour surnom « Batskin » parce qu’il apprécie utiliser une batte de baseball dans des affrontements avec ses opposants politiques. Ce groupe tente de combiner une violence d’extrême-droite avec une rhétorique « sociale ». Tout comme pour les autres groupes qui se réclament du « solidarisme », cet aspect social reste toutefois limité à la rhétorique, contrairement aux actes de violence et au racisme. Le parti grec Aube Dorée ne dirige par exemple pas son activité contre les responsables de la crise – les grands armateurs et les autres capitalistes grecs – mais contre les victimes de la crise qui ont une autre couleur de peau ou une autre opinion politique.
Cette année, les JNR ont été à l’initiative d’une manifestation « contre l’impérialisme », selon leurs propres termes, qui a rassemblé environ 800 participants. Cette mobilisation était soutenue dans notre pays par Nation et les Autonome Nationalisten (Nationalistes Autonomes, un groupuscule néerlandophone). Les manifestants y avaient notamment déclaré leur soutien au dictateur syrien Bachar al-Assad. A la fin de l’événement, outre Serge Ayoub, Hervé Van Laethem, de Nation, était orateur. Le 1er mai de cette année, Serge Ayoub est encore venu à Bruxelles pour participer à la manifestation de Nation.
La mort du jeune antifasciste a conduit à la tenue d’actions de protestations et de manifestations. Ce jeudi, il y avait notamment une grande manifestation de deuil et de colère. Des politiciens ont fait valoir qu’ils sont en faveur de l’interdiction des groupes néo-nazis. Nous ne sommes évidemment pas en faveur de laisser aux néo-nazis les possibilités de se construire, mais une interdiction sera insuffisante pour les arrêter. Nous avons besoin d’une riposte active de la part du mouvement des travailleurs.
Seule la mobilisation et la résistance antifasciste est de nature à briser la confiance des groupes néo-fascistes violents. Leur violence n’est pas soutenue par les couches larges de la population. En répondant à leurs mobilisations et à leurs réunions par des mobilisations plus grandes encore, on peut leur rendre particulièrement difficile de s’organiser, ce qui est nécessaire pour les empêcher de franchir des étapes suivantes dans leur offensive violente.
Face aux mobilisations qui renforcent les divisions – comme les actions homophobes – et contre l’extrême droite qui instrumentalise la colère ressentie contre la politique d’austérité, nous avons également besoin d’une réponse politique qui prenne à cœur la défense des intérêts des travailleurs et de leurs familles. Les partis établis et leur politique de casse sociale assurent que le terrain soit fertile pour le racisme et la division, ce sur quoi se basent les groupes violents. Aucune véritable réponse à l’extrême droite n’est à attendre de leur part. Nous avons à construire nous-mêmes ce relais politique. Le potentiel de lutte contre les politiques d’austérité sur le plan syndical et le plan politique est bien présent, le saisir pleinement est tout l’enjeu actuel des antifascistes et du mouvement des travailleurs en général.