Wilders aux Pays-Bas, Tea Party aux USA: Comment expliquer le succès de la droite folle ?

Pour parvenir à une majorité, le nouveau gouvernement des Pays-Bas, minoritaire, a du faire appel au soutien extérieur du populiste de droite Geert Wilders. Cela lui offre une certaine légitimité sans qu’il ne se brûle complètement au pouvoir. On retrouve un discours populiste similaire au Tea Party aux USA: un mélange de racisme, d’aversion envers les musulmans et de rhétorique prétendant défendre l’homme de la rue.

LA POLITIQUE DE TOLÉRANCE AUX PAYS-BAS

Le soutien du PVV (parti pour la liberté) de Wilders a été nécessaire pour constituer un gouvernement qui allie libéraux (VVD) et chrétiens-démocrates (CDA). Même si le soutien du PVV est un soutien de tolérance, de l’extérieur du gouvernement, le cabinet Rutte (du nom du premier ministre, VVD) est parfois appelé le‘‘cabinet Wilders’’. Ce gouvernement a l’intention d’opérer des coupes budgétaires à hauteur de 18 milliards d’euros, ce qui signifie une hémorragie dans les budgets des services publics, de l’enseignement, des soins de santé,… Uniquement dans la sécurité sociale, 4 milliards d’euros doivent disparaître. Le PVV essaie d’affirmer sa ‘‘rhétorique sociale’’ en adoucissant les côtés les plus durs des assainissements, les attaques contre les allocations de chômage et la législation sur les licenciements ont ainsi été quelque peu affaiblies. Le PVV veut éviter toute confrontation dure et à grande échelle avec les travailleurs.

L’accord gouvernemental offre aussi un espace à la propagande raciste de Wilders, dans laquelle marchent le VVD et le CDA. Cette propagande raciste est en même temps utile pour détourner l’attention de la politique d’austérité. Aux Pays-Bas aussi, le plus grand atout de la droite est la faiblesse de la gauche et du mouvement ouvrier. Le programme de la droite n’est pas vraiment novateur, ce n’est qu’une compilation de mesures d’austérité (du néolibéralisme réchauffé) et d’incitations à la division (du racisme) pour éviter d’avoir à faire à une résistance unifiée.

C’est loin d’être neuf mais, faute de riposte à gauche, c’est une rhétorique dominante. Voilà ce qui a transformé les dernières élections en une course vers les assainissements les plus durs. La droite est capable de gagner cette course sans efforts tandis que la ‘‘droite folle’’ se construit sur base de l’aversion grandissante envers les politiciens traditionnels.

 

LE TEA PARTY AMÉRICAIN

Tout comme Geert Wilders, le Tea Party américain peut compter sur une grande ouverture médiatique. La chaîne Fox joue avec enthousiasme le jeu du Tea Party. Sarah Palin & Co défendent une vision républicaine et conservatrice de la société, avec une couche de racisme et d’aversion envers les politiciens traditionnels. Le Tea Party est un abîme de contradictions. Si leur soutien augmente, c’est loin d’être le cas des mesures asociales que ces conservateurs défendent.

Il ne faut pas considérer le soutien grandissant pour le Tea Party comme l’expression d’une droitisation de la population. Une polarisation est à l’oeuvre, et les idées socialistes ont un soutien de plus en plus large (un sondage Gallup a démontré que 30% des américains étaient positifs envers l’idée de ‘socialisme’ et même 43% des jeunes).

Le Tea Party parvient à capitaliser la rage ressentie contre l’establishment, notamment après le sauvetage des banques. Cette récupération se produit avec le soutien d’une partie de l’establishment, comme dans le monde médiatique où on accorde une attention extrême au sujet.

La politique pro-capitaliste des Démocrates est tout aussi responsable de la crise que celle des Républicains. Eux-mêmes partisans d’une politique de droite, les Démocrates ne représentent pas une alternative contre le message de la droite folle du Tea Party.

 

RIPOSTE DE GAUCHE CONTRE LA DROITE FOLLE

Certaines parties de l’establishment jouent sur l’autorité minée des partis traditionnels en accordant un soutien à des forces de droite populistes, moins stables et plus incertaines. Cela constitue en quelque sorte une soupape de pression pour laisser échapper la vapeur de la colère des électeurs sans menacer fondamentalement la politique au service du capital.

Une majorité croissante des travailleurs et des jeunes en a plus que marre du chômage massif, des bas salaires et de l’avenir incertain. Si une direction était donnée à cette rage, il serait possible de construire une nouvelle force politique apte à détruire les chimères de la droite. Mais cette riposte ne proviendra pas des forces soi-disant de gauche qui suivent la logique néolibérale. Le mouvement ouvrier doit se remettre au devant de la scène politique, ce qui n’est possible qu’avec un ferme programme de gauche et un soutien large et actif.