Trois modèles pour le mouvement antifasciste: notre choix est clair

La dernière manifestation du N-SA (Nieuw Solidaristisch Alternatief – Nouvelle Alternative Solidariste) et les contre-actions face à elle ont suscité beaucoup de discussions parmi les étudiants et les organisations de gauche. Depuis les événements de mardi dernier, le 10 novembre, les différences de positions et leurs conséquences pour la lutte ont été rendues plus concrètes. Blokbuster et les Étudiants de Gauche Actifs ont, ces 18 dernières années, systématiquement lié une politique de mobilisation conséquente à la nécessité d’une réponse politique pour s’opposer à la croissance de l’extrême-droite. On ne peut structurellement combattre l’extrême-droite qu’en s’en prenant aux causes de sa croissance. Dans la gauche, si beaucoup de gens sont en théorie d’accord avec cette position, la pratique démontre qu’il existe trois modèles différents de lutte antifasciste.

Nous pensons que ceux-ci doivent être discutés. Nos analyses des erreurs commises doivent pouvoir être ouvertement débattues pour que les nombreux antifascistes qui veulent que leur engagement ne soit pas vain puissent tirer de correctes conclusions.

 

L’absentéisme – aucune mobilisation, aucun programme, aucune alternative

Quelques semaines avant la manifestation du N-SA, toutes les organisations étudiantes de «gauche» avaient ensemble débattu de la manière de réagir, sans qu’une position commune ne puisse être dégagée. L’AK (Anarchistisch Kollektief – Collectif Anarchiste) n’était pas d’accord de mener une action explicitement non-violente tandis que Comac (le mouvement de jeunes du PTB) a affirmé ne pas vouloir mobiliser le jour de la manifestation et vouloir organiser une action «alternative». Ces derniers craignaient que leur image ne soit endommagée parce qu’il y a toujours de la violence lors de ces actions et que la répression effraye les étudiants. A l’exception de Blokbuster et des Étudiants de gauche Actifs, toutes les autres organisations ont, dans une certaine mesure, adopté la position de Comac. Nous n’avions rien attendu d’autre de la part d’Animo (le mouvement de jeunes du SP.a), de Vonk Marxistische Studenten (l’organisation de jeunes d’un groupe se réclamant du marxisme au sein du SP.a) et de Gras (Herbe, mouvement de jeunes de Groen). En ce qui concerne Comac et Rood Ugent (mouvement de jeunes du SAP, équivalent néerlandophone de la LCR), il s’agissait d’un changement de politique.

Nous ne pouvons pas ignorer que, ces dernières années, beaucoup de manifestations antifascistes ont souffert d’une petite minorité de manifestants qui allait chercher la confrontation avec la police. EGA et Blokbuster se sont toujours prononcés ouvertement et publiquement contre ces méthodes. Tout comme beaucoup d’étudiants, nous ne pensons pas qu’il s’agit du seul résultat possible d’une manifestation. A Gand, lors de la précédente manifestation anti-NSV (l’organisation étudiante officieuse du Vlaams belang), Comac avait mené une campagne de démobilisation en cherchant à effrayer les étudiants sur les émeutes qui allaient suivre. Malgré cette image négative également colportée par les médias, 1.500 étudiants étaient présents à cette manifestation. Environ 200 personnes se sont séparés de la manifestation dès le début et sont allés à «l’aventure» en direction du NSV. Il n’était pas difficile de prédire que cette «aventure» allait conduire à des troubles et à des arrestations. Les 1.300 autres jeunes ont manifesté de façon disciplinée dans les rues de Gand et ont diffusé un message antiraciste conséquent. Nous refusons de laisser le mouvement antifasciste se faire prendre en otage par une minorité qui recherche systématiquement la confrontation.

Dans les années ’90 toutefois, Comac, qui s’appelait alors le MML, ne répugnait pas à laisser de jeunes radicaux faire connaissance avec les matraques de la police. Nous nous rappelons encore d’un porte-parole actuel du PTB (PVDA en Flandre) qui, le mégaphone à la main, livrait les manifestations anti-NSV, comme à Louvain, droit dans les bras de la police. Les «radicaux» d’hier sont souvent les «pragmatiques» d’aujourd’hui. Ils sont ainsi récemment passés d’une politique qui maniait la pratique et les discours radicaux sans tenir compte des conséquences, des relations de forces, de la conscience,… (le gauchisme) vers une politique qui évite chaque activité qui pourrait ternir leur image (l’opportunisme). Chaque thème social qui pourrait être sensible est évité, tout comme les discussions historiques importantes.

Dans la lutte antifasciste, leur position consiste à considérer que chaque action qui comporte un risque doit être évitée et qu’il faut dès lors rechercher de nouveaux partenaires dans la sphère non-politique ou auprès des partis traditionnels, pour ainsi soi-disant créer un large soutien pour les actions.

Nous sommes partisans d’une large mobilisation antifasciste qui réunisse toute la gauche sur base d’un programme clair qui lie le danger de l’extrême-droite à la crise de la société et à la politique néo-libérale. Mais ces 10 dernière années, nous avons dû constater que dans l’immense majorité des cas, Blokbuster et EGA étaient les seuls à être prêts à dépenser de l’énergie et des moyens pour mobiliser des jeunes contre l’extrême-droite. Et si l’extrême-droite arrive à un certain moment à rassembler plus de monde que ce que nous pouvons le faire sur nos seules forces? Ceux qui ont dû livrer seuls le combat durant plusieurs années seront alors critiqués des salons confortables de l’absentéisme.

Selon leur nouvelle position sur la lutte antifasciste, ils veulent mobiliser largement. La concrétisation de ce vœu ne consiste qu’à aller rechercher le soutien des fédérations étudiantes non-politiques, d’ONG, des partis traditionnels,… Ils essayent ce qui n’a jamais réussi. Car si ces organisations sont associées aux préparations de manifestations, celles-ci sont directement remise sen cause quand il est exigé qu’aucun lien ne soit fait entre l’antifascisme et la problématique sociale dont est responsable la politique actuelle. Difficile d’arriver dans ces conditions à autre chose qu’à une action symbolique moralisatrice et sans contenu… Pourquoi devons nous orienter le mouvement antifasciste vers des organisations qui n’ont pas comme pratique la mobilisation pour des luttes sociales? Par contre, toute organisation étant arrivée à la conclusion qu’il faut descendre en rue contre l’extrême-droite et contre le terreau sur lequel il se développe est plus que bienvenue.

Une mobilisation large signifie pour nous de rassembler les étudiants dans la rue sur base d’un programme clair. Les chiffres des dernières mobilisations anti-NSV ne démentent pas nos propos: 1.500 personnes à Gand en 2008 et 1.000 à Louvain en 2009. Comac pense qu’avec une approche moins politique – en ne faisant donc pas le lien entre les problèmes sociaux, le mécontentement présent dans la société et la croissance de l’extrême-droite à défaut d’une autre alternative – on est en mesure de mobiliser plus encore. Il faut aussi, selon eux, rechercher des méthodes d’action qui devraient plus facilement attirer les étudiants. Il y a deux ans, Comac avait organisé avec d’innombrables autres organisations (jusqu’aux étudiants du CD&V, les CDS) un lâché de ballons au rectorat de l’université à la veille de la manifestation anti-NSV. Seuls 60 jeunes avaient participé à cette initiative malgré le grand nombre d’organisations signataires. Comac a de nouveau essayé quelque chose de similaire ces dernières semaines avec une action symbolique à l’hôtel de ville, avec la participation d’autres organisations de gauche, où 40 personnes étaient présentes. En comparaison des 400 jeunes présents à l’action du 10 novembre, il est facile de voir quel type d’action possède un potentiel de mobilisation.

Le mercredi 11 novembre a été publiée une carte blanche de quelques organisations de gauche, signée notamment par Comac (le mouvement de jeunes du PVDA/PTB), Rood-Ugent (mouvement de jeunes du SAP/LCR), Vonk Marxistische Studenten, Animo (mouvement de jeunes du SP.a) et Gras (mouvement de jeunes de Groen). Celle-ci déclare: «ce que nous avons craint à l’avance est arrivé: cela a entièrement déraillé et 409 personnes ont été arrêtées. Deux policiers ont été conduits à l’hôpital. Nous plaidons donc pour une autre approche contre l’extrême-droite.»

«Les organisations signataires soutiennent tous les jeunes qui veulent mener des actions contre l’extrême-droite. Nous sommes toutefois d’avis que la violence de rue contribue uniquement à marginaliser ce mouvement. Pour nous, la lutte contre l’extrême-droite, le racisme et le sexisme est une préoccupation et un défi pour la population étudiante au sens large. Nous sommes pour une mobilisation large et non-violente à Gand contre l’extrême-droite de tous les jeunes progressistes sur base d’une plate-forme commune signée par toutes organisations progressistes.»

De façon frappante, ces organisations ont été très rapides, alors qu’elles n’étaient pas présentes lors des événements, pour dégager une approche commune contre les organisateurs des actions antifascistes. Nous n’avons jamais été contactés pour signer une déclaration commune. Ce qui a «entièrement déraillé» ce mardi 10, c’est en premier lieu la répression policière scandaleuse qui avait pour objectif de criminaliser le mouvement. Selon nous également, la violence de rue qui a pris place en marge de manifestations antifascistes passées conduit à la marginalisation du mouvement. L’immense majorité des manifestants est d’accord avec cela. Mais rester assis chez soi au chaud ne résoudra pas ce problème, bien au contraire. Si les partisans de la violence de rue sont proportionnellement plus importants à cause de ceux qui restent chez eux, il s’agit d’un laissez-passer donné aux forces de police pour faire tomber la répression sur tout le monde.

Mais l’intervention de la police mardi dernier a été si exagérée que le sentiment parmi les étudiants et dans les médias se modifie, l’intervention de la police est maintenant remise en question. Si nous n’étions pas descendus en rue et avions laissé seuls les partisans de troubles, alors l’intervention policière aurait été acceptée par l’opinion publique. Félicitations, donc, à tous ceux qui se sont levés le mardi soir pour exiger de pouvoir protester.

L’indignation intense de centaines de jeunes et de moins jeunes contre la violence de la police montre justement qu’un grand potentiel existe pour des mobilisations antifascistes quand celles-ci sont organisées sur une base conséquente et sur un programme clair.

 

Le modèle de l’escalade – les «prouesses» antifascistes conduisent à la criminalisation et à la démobilisation

Au sein des cercles anarchistes, l’idée est que la confrontation et l’escalade de violence sont les meilleures méthodes pour mener la lutte et donner de cette façon un coup de pied dans la conscience de la société. A toutes les mobilisations importantes, cela a conduit à une tactique dans laquelle une partie des manifestants est aller chercher l’aventure dans une action directe, ce qui a presque toujours conduit à une confrontation avec la police, à beaucoup d’arrestations – y compris de de personnes qui n’étaient pas impliquées dans ces actions – et à la criminalisation du mouvement entier.

Cette fois, certains anarchistes pensaient aussi qu’une street-rave permettrait de mobiliser un plus grand nombre d’étudiants pour mettre en œuvre leur modèle de l’escalade de violence. Le fait que ces étudiants n’étaient pas au courant de leurs intentions a laissé de marbre ces anarchistes.

Ce qui s’est produit mardi dernier n’est pas un cas isolé. Le 15 décembre 2007, quelques organisations de gauche avaient organisé une intervention dans le cadre du mouvement pour plus de pouvoir d’achat. Au cours de la manifestation, une centaine d’anarchistes ont, au début et à la fin de la manifestation, brisé des vitres et faits des graffitis. Le contenu de l’action a été complètement mis de côté dans une escalade de violence. Quelques mois plus tard, en mars 2008, 1.500 jeunes ont manifesté contre l’organisation étudiante d’extrême-droite NSV. 200 manifestants sont partis à l’aventure dans la ville, ont rapidement été bloqués par la police et ont été arrêtés. Cette fois-ci aussi, la street-rave était la dénomination officielle d’une méthode d’action qui consistait à aller chercher le N-SA, mais la présence gigantesque de la police assurait que la seule confrontation possible soit avec la police, ce qui est arrivé.

Ce genre de méthode n’est pas utilisé que dans le cadre d’actions antifascistes. Début octobre, un groupe d’anarchistes masqués et armés de matraques ont ravagé les locaux d’une entreprise qui collabore à la construction d’un nouveau centre fermé pour réfugiés. Dans la même période, quelques endroits symboliques ont subi des dégradations, comme le Palais de Justice. Quelques dirigeants du NSV et du KVHV (extrême-droite catholique) ont aussi été attaqués la nuit. C’est cela que le NSA a utilisé pour se profiler comme opposants à la «violence gratuite». Maintenant encore, le N-SA va essayer d’accuser la gauche pour la violence qui a eu lieu et dire qu’il veut préserver la cette société des vandales et de la violence.

Ces actions radicales, comme mardi quand les anarchistes ont voulu aller vers le secrétariat du Vlaams belang, donnent aux services de police l’excuse idéale pour recourir à la répression et arrêter au même titre tous ceux qui protestent. Les anarchistes répondent que la police agit de toute façon de la sorte. Nous pensons effectivement que les services de police ont en définitive comme tâche de protéger l’élite sociale existante contre ceux qui osent remettre le système en question. Mais on ne peut utiliser la police de la manière dont on l’a vu le 10/11 que si l’opinion publique est acquise. Mardi dernier, les bornes de ce qui est socialement accepté ont été dépassées. Et ceux qui n’avaient pas d’intentions violentes sont aujourd’hui les mieux placés pour accuser cette violence policière.

Ce modèle de l’escalade signifie en pratique qu’un petit groupe de radicaux ne croit pas qu’une mobilisation large des jeunes et des travailleurs est possible, et donc que ce petit groupe doit mener la lutte à la place des masses. Vu leur petit nombre, ils recherchent des méthodes capables d’impliquer dans leurs actions des jeunes qui ne se doutent de rien pour pouvoir se protéger de la répression policière. La mobilisation des jeunes est en pratique un bouclier quand les choses deviennent trop chaudes.

De façon consciente, le rendez-vous pour la street-rave était au même endroit et à la même heure que le rendez-vous non-violent de Blokbuster. Ils ont ainsi pu instrumentaliser la mobilisation de Blokbuster et des Étudiants de Gauche Actifs pour appliquer leur stratégie et profiter d’un groupe plus grand qui rendait plus difficile à la police de les attraper.

Le résultat direct de cette stratégie est que les autorités ont réussi à criminaliser tout le mouvement. Parmi les jeunes aussi, certains se demandent à quoi cela peut bien servir de militer si cela se termine à chaque fois en troubles violents. Même quand l’immense majorité des participants ne viennent pas avec des intentions violentes, la couverture médiatique est unilatéralement consacrée aux destructions et au nombre d’arrêtés. Le modèle de l’escalade aide à stigmatiser le mouvement et conduit à l’affaiblissement de ses capacités de mobilisation.

Blokbuster et EGA s’opposent à ces méthodes et veulent mener des actions conséquentes et disciplinées ainsi qu’engager le débat avec chaque antifasciste qui se pose des questions sur le caractère que doivent revêtir les actions antifascistes.

Nous savons qu’au sein du mouvement anarchiste, tout le monde n’est pas d’accord avec ce modèle de confrontation. Nous les appelons donc à mener cette discussion dans leur mouvement, ce qui est beaucoup plus compliqué pour nous. Nous voulons volontiers collaborer à l’avenir avec des gens issus du mouvement anarchiste préparés à faire du travail en commun sur base de dispositions concrètes et claires.

Nous proposons aussi aux partisans de la confrontation dans le mouvement anarchiste à choisir une prochaine fois un autre lieu et une autre heure de rendez-vous que les nôtres, pour donner ainsi à chaque organisation et à chaque jeune le loisir de choisir ouvertement avec quelle méthode il veut être associé ou pas. De cette façon, le modèle de confrontation ne serait pas imposé aux nombreux jeunes qui veulent mener des actions contre l’extrême-droite.

 

Le modèle de mobilisation – notre choix. Une mobilisation conséquente et une réponse politique

Les antifascistes ne peuvent pas laisser à l’extrême-droite l’espace de mettre en pratique leur politique. Les méthodes d’intimidation, de violence et de terreur qu’ils veulent appliquer à ceux qui ne pensent pas comme eux n’obtiennent aujourd’hui que très peu de soutien parmi la population. Mais si aucune résistance n’est organisée, l’extrême-droite obtient alors un laissez-passer pour occuper les rues.

Nous avons déjà pu voir plusieurs fois ce que cela signifiait si la gauche laisse le jeu libre à l’extrême-droite. En 1997, à Bruges, le NJSV a réussi à créer une atmosphère de terreur et d’intimidation durant environ 6 mois dans les rues, les écoles et les cafés de jeunes. Les jeunes de gauche étaient menacés et personne n’osait encore ouvrir la bouche. La confiance en soi du NJSV n’a pas connu de limites et ils ont poursuivis les attaques physiques dans les cafés de gauche, contre les jeunes de gauche dans les écoles, contre les meetings et activités de gauche,… Une action à une station service Shell – où des jeunes voulaient protester contre le rôle de cette multinationale au Nigéria – avait ainsi été attaquée par un groupe de membre du NJSV. A l’occasion d’une réunion destinée à débattre de la façon de réagir contre cette terreur, une délégation du NJSV était même venue pour intimider les participants.

Ce n’est que la campagne active de Blokbuster qui a permis de stopper ces méthodes fascistes en organisant un large public et de nombreux jeunes pour contre-attaquer (au sens figuré). Nous avons réussi à normaliser la situation et l’extrême-droite a de nouveau été isolée. Nous avons milité sur les marchés avec des tracts, des pétitions et des affiches, nous nous sommes rendus où dans les quartiers où ces néo-fascistes habitaient pour prévenir leurs voisins des pratiques de ce groupe, nous avons organisé les jeunes dans les écoles et les maisons de jeunes pour une résistance collective et nous avons organisé une manifestation contre la violence fasciste qui a rassemblé 600 personnes malgré la frayeur qui existait encore. Nous avons dévoilé cette violence fasciste auprès d’un large public et le NJSV a été socialement isolé, dans certains cas même leurs parents ont manifesté. Le Vlaams Belang (qui s’appelait encore le Vlaams Blok) a été forcé de se distancier de cette violence et un des coupables a été condamné à 5 ans de prisons. Plusieurs membres du NJSV de l’époque étaient présents à la manifestation du N-SA.

Aujourd’hui, il n’existe pas de soutien dans la société pour les méthodes fascistes de violence et de terreur. Seule la mobilisation contre ces méthodes peut arrêter la terreur. Si le mouvement antifasciste n’intervient pas activement quand l’extrême-droite essaye d’occuper la rue, l’extrême-droite peut créer une ambiance de peur qui rend impossible chaque opposition de gauche contre la politique actuelle. À différents moments, le NSV, le NJSV et des groupuscules comme Odal, Vlaamse Jongeren Mechelen, Vlaamse Jongeren Gent, le N-SA et les Camarades Autonomes ont déjà essayé de mettre en pratique leur politique.

Nous ne pouvons pas compter sur l’Etat bourgeois et son appareil pour combattre cela. La Belgique est encore aujourd’hui le paradis de la scène néonazie pour l’organisation d’actions, parce que le gouvernement n’intervient pas. Le bourgmestre Termont n’a ainsi pas ressenti le besoin d’interdire la manifestation du NSA malgré les preuves que ce groupe est anti-démocratique, haineux, négationniste et néofasciste. Ce n’est que lorsque des individus comme les membres de Blood & Honour menacent d’aller trop loin que les autorités interviennent pour sauver la face. Tomas Boutsen, qui était présent à la manifestation du N-SA, a été arrêté en 2006 avec d’autres parce qu’ils avaient organisé une cellule néonazie dans l’armée, à la caserne de Leopoldsburg. Lors d’une perquisition, on a découvert un stock d’arme gigantesque qu’il comptait utiliser pour des actions terroristes. Ces gens-là sont aujourd’hui à nouveau libres et rien n’est mis en place pour les arrêter.

Nous pensons que le mouvement antifasciste doit partir de sa propre force et du soutien de la population contre les méthodes fascistes de violence et de terreur. Ce n’est que de cette façon que l’on peut mobiliser l’opinion publique et faire pression sur les autorité pour qu’elles bougent. Ce n’est encore que de cette façon que l’on peut faire avancer la conscience de la population qu’elle doit s’organiser dans la lutte contre l’extrême-droite, mais aussi de façon générale pour défendre leurs droits et en arracher de nouveaux.

Ni la couverture médiatique, ni l’intervention brutale de la police ou les intimidations des fascistes ne sont pour nous des raisons suffisantes pour ne pas manifester. Mais cette lutte ne peut pas être menée sur base d’aventurisme. Le mouvement doit utiliser des méthodes qui aident à mieux mener la lutte.

Mais des mobilisation antifascistes conséquentes ne seront pas suffisantes. C’est au terreau sur lequel peut se développer l’extrême-droite qu’il faut s’en prendre. L’extrême-droite utilise le mécontentement existant alors que leur idée est d’instaurer un système avec encore plus d’exploitation, de discrimination et moins de droits. Le racisme, le nationalisme, le sexisme sont des phénomènes qui émergent quand prolifèrent des problèmes tels que le chômage, le manque de logements abordables, la pauvreté,… Quand sans cesse plus de personnes doivent rechercher individuellement des solutions face à leur situation personnelle, il est plus facile de donner des coups de pieds vers le bas que vers le haut. Tous les partis présents au sein du parlement sont responsables de cette société. Ils sont tous partisans de la logique néo-libérale qui préconise une politique au service des grandes entreprises et des riches.

Pour cette raison, les antiracistes et les antifascistes ne sont pas crédibles s’ils collaborent avec les partis responsables de la politique néo-libérale, et donc des raisons de la croissance de l’extrême-droite.

Si des autorités prenaient en charge une politique de création d’emplois et de logement décents et abordables pour tous, une politique qui créerait un enseignement réellement gratuit et de qualité,… alors le racisme et les autres formes de discrimination fonderaient comme neige au soleil. Mais une telle politique doit briser la logique néo-libérale et mettre les besoins de la population au centre de ses préoccupations dans le système économique et social. Seule une opposition de gauche socialiste conséquente peut offrir une solution dans le cadre de la lutte contre l’extrême-droite. C’est pour cela que le programme du mouvement antifasciste doit être orienté dans cette direction. Ce n’est qu’alors que le mouvement peut être crédible en demandant aux jeunes et aux travailleurs de se mobiliser.

Le déclin électoral du Vlaams Belang ne signifie pas la fin du potentiel de ce parti ou de ses prises de position. La crise économique conduit à une progression du chômage et des problèmes sociaux. Si aucune réponse de gauche n’arrive, les possibilités restent grandes pour la rhétorique de l’extrême-droite.

Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs invitent chaque antifasciste à entrer en débat avec nous sur base de ce texte. Cette discussion est essentielle pour l’avenir du mouvement antifasciste. Notre programme pour la lutte antifasciste est évident: on ne peut vaincre le racisme et le fascisme sans combattre en même temps la guerre, l’exploitation, la pauvreté,… bref, le capitalisme. Comme Malcolm X le disait: «You can’t have capitalism, without racism.»