La fin du FN en Belgique ?

De manière générale, l’extrême droite francophone est (très) divisée et (très) affaiblie, et ce depuis de fort longues années. Mais la notoriété du Front National français et de Le Pen père et fille avaient toujours permis de compenser l’inefficacité et le manque total de visibilité du FN belge hors des divers procès de ses dirigeants. Profiter de cette facilité hexagonale sera cependant quelque peu plus compliqué à l’avenir, puisque Marine Le Pen vient de décider d’interdire l’utilisation du nom, du sigle et des initiales du FN en Belgique que se disputaient pas moins de… quatre groupes différents.

Les capacités de l’extrême droite francophone ne sont pas à surestimer, mais minimiser son danger potentiel serait tout de même une grave erreur. Dans le Hainaut, les listes d’extrême droite avaient réalisé, ensemble, 6,3% lors des élections législatives de 2010. Dans le canton de Charleroi, le total des voix se situait même à 9%, un résultat loin d’être ‘‘fantomatique’’, comme certains auraient voulu le faire croire. Il est vrai toutefois que ce score constitue une diminution par rapport à 2007, quand les différentes listes totalisaient presque 14% des voix sur Charleroi. Mais même sans les avantages du ‘‘FN, marque déposée’’, le danger reste présent.

En période de crise, le racisme se développe, chaque forme de discrimination y trouvant un sol fertile. L’extrême droite tente d’amplifier celles-ci en instrumentalisant des faits divers ou encore l’attentat de Liège. L’avenir organisationnel des néo-nazis francophones est encore incertain entre les diverses succursales (Wallonie d’abord, Solidarité Unitaire,…).

Pour l’instant, le (très petit) groupe d’extrême droite le plus développé en Belgique francophone serait le groupuscule Nation, avec un noyau dur d’une dizaine de membres, parfois capable de mobiliser une vingtaine de personnes lors de ses activités. Le danger qu’ils représentent n’est pas directement électoral, mais basé sur leur activisme et leurs tentatives de construire un cadre néo-fasciste tel qu’a su le construire de Vlaams Belang depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ce groupuscule tente de séduire sur base des sentiments antisystèmes qui se développent dans la société en se disant par exemple ‘‘anticapitaliste’’. Pourtant, sur leur site internet, qui est régulièrement alimenté, c’est le silence radio concernant les luttes contre l’austérité à travers le monde et en Belgique, ou encore sur la présence de leurs ‘‘collègues grecs’’ du Laos dans le gouvernement d’austérité de Papademos…

Il est difficile de se faire une idée correcte du potentiel de l’extrême droite francophone et de son développement, mais elle peut réussir à se construire sur base du sentiment anti-establishment et face au désespoir qui naît de situation socio-économiques difficiles, quand la désignation d’un bouc émissaire, quel qu’il soit, est déjà un soulagement. Selon nous, la meilleure façon de répondre à ce danger est de construire un instrument politique pour les travailleurs et les pauvres, basé sur des réponses collectives contre ce système et sa logique d’austérité. Des emplois, pas de racisme, tout ce qui nous divise nous affaiblit !