En quelques mois, la sauvegarde de nos emplois est devenue la principale préoccupation de beaucoup d’entre nous. Les licenciements se succèdent et la crise a maintenant un visage: chacun connaît quelqu’un dont l’emploi est menacé ou qui l’a déjà perdu. En réponse, les patrons veulent élargir le chômage économique aux employés… Certains dirigeants syndicaux sont prêts à en discuter. Mais quand vont-ils commencer à réfléchir à une stratégie syndicale offensive ? On ne va quand même pas devoir aller comme des moutons à l’abattoir?
Le nombre d’entreprises qui recourent au chômage économique partiel pour leurs travailleurs augmente. C’est une grosse morsure dans le budget des ménages, déjà bien amoché par le retard que les salaires ont pris sur l’évolution du côut de la vie ces dernières années. Les familles peuvent encore à peine épargner. Les factures, elles, continuent d’arriver.
Les pertes d’emplois font les gros titres des journaux. Chaque jour amène sa fournée d’annonces. C’est par dizaines, voire par centaines, que les emplois sautent. Chez DAF à Westerlo (construction de camions), 753 emplois temporaires ont été supprimés, ce qui n’a pas empêché la direction d’annoncer une nouvelle vague de licenciements de 801 ouvriers et 73 employés. La Flandre paye le prix fort pour la grande flexibilité imposée à ses travailleurs par rapport à la Wallonie, où les syndicats sont plus forts et plus combatifs. Le chômage économique n’est pas une solution, les patrons peuvent abuser de cette mesure pour imposer encore plus de flexibilité aux travailleurs restants et aux “chômeurs” provisoires.
Selon la KBC, 140.000 emplois seront tout bonnement rayés de la carte en 2009 et 2010 en Belgique. L’organisation patronale flamande Voka affirme de son côté que le gouvernement a sous-estimé la déglingue de l’économie et parle de 100.000 emplois en moins uniquement pour cette année. Au niveau européen, il serait question de 4,5 millions d’emplois perdus en 2009… Face a une telle vague de licenciements, il ne peut être question que de réponse collective.
Dans d’autres pays, on a déjà compris que les travailleurs sont plus efficaces en action commune qu’isolés les uns des autres. En Irlande, 120.000 syndicalistes ont manifesté contre les attaques du gouvernement et pour la défense de l’emploi (la plus grande manifestation des syndicats dans ce pays depuis 30 ans.) En France, 3 millions de Français ont manifesté le 19 mars contre le gouvernement de Sarkozy. C’était la deuxième journée de grève nationale couplée à des manifestations dans tout le pays.
Pourquoi donc les dirigeants syndicaux belges n’appellent-ils pas à suivre cet exemple ? Des actions symboliques ne vont pas mettre beaucoup de pression sur les patrons et le gouvernement… Le temps des discours est derrière nous! Nous avons besoin d’un appel pour une grève générale nationale de 24 heures, préparée par une sérieuse mobilisation dans la société et couplée à une manifestation massive pour l’emploi. Cela peut par exemple se faire dans le cadre de la mobilisation internationale de la Confédération Européenne des Syndicats de ce vendredi 15 mai à Bruxelles.
Au lieu de laisser chaque jour apporter son lot de licenciements, nous devons tous ensemble descendre dans la rue ! Nous devons réclamer l’ouverture des comptes des entreprises qui licencient : qu’ont-elles fait de leurs bénéfices ? Il faut revendiquer la nationalisation des entreprises qui licencient collectivement et exiger la semaine de 32 heures avec embauche compensatoire et sans perte de salaire! Nos emplois et nos revenus, l’avenir de nos enfants, sont plus importants que leurs profits! Si le capitalisme ne peut pas garantir notre niveau de vie, nous devons lutter pour la gestion collective des richesses, lutter pour une autre société, une société socialiste.