Les conséquences du sous-financement chronique de l’enseignement crèvent l’écran. Tous les chiffres sont au rouge et ce ne sont pas les techniques managériales venues du privé qui vont aider. Organisons-nous et construisons une résistance au-delà des différents niveaux d’enseignement et communautés pour un refinancement de l’enseignement à hauteur des besoins !
Par Emily Burns
Tous les acteurs tirent la sonnette d’alarme
Les enseignant.e.s dénoncent le trop grand nombre d’élèves par classe et une charge de travail beaucoup trop lourde. Il est de plus en plus difficile de trouver des profs et l’absentéisme est monté en flèche pour atteindre les 10%, alors qu’il était moitié moindre durant la pandémie et plus faible encore avant cela. Le supérieur n’est pas en reste. En Flandre, le ratio étudiant/professeur a grimpé de 57 % !
En Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), sur plus de 13.000 bâtiments scolaires, la moitié nécessitent des travaux de mise à niveau et 500 devraient être tout simplement détruits. C’est le triste résultat d’un sous-financement de près de 40 ans. Les médecins s’inquiètent des conséquences de la désertion des toilettes scolaires – peu accueillantes – par 70% des jeunes (infections, maux de tête, pertes de concentration) et du chauffage régulièrement défectueux (infections ORL).
La FWB a beau lancer cette rentrée un plan de lutte contre le harcèlement scolaire dans 200 premières écoles, l’élément fondamental pour commencer à vaincre ce phénomène inquiétant est un personnel en suffisance pour désamorcer la situation à temps.
L’enseignement est en chute libre dans tout le pays. Pour Théo Francken (N-VA), les coupables sont bien connus ! Le ministre N-VA de l’Enseignement Ben Weyts ? Pas du tout. Pas non plus le manque criant de moyens qui n’a, selon lui, rien à voir là-dedans. Les coupables, ce sont les immigrés et les «classes Babylone» : « L’ultra-diversité de la société était le nec plus ultra des progressistes de gauche, mais le résultat est que la qualité de l’enseignement est en chute libre », a-t-il déclaré dans une interview dans De Tijd.
Des études hors de prix
Dans l’enseignement obligatoire, 1/3 des parents sont fortement préoccupés par la facture scolaire et 10% ne sont pas capables d’y faire face, selon une étude de la VCOV (enseignement catholique flamand). Et Mme Bogaert, directrice du VCOV, souligne d’ailleurs que la situation réelle pourrait empirer.
Depuis leur régionalisation – en même temps que les allocations familiales – les primes de rentrée scolaire ont diminué, alors que le coût des études a parallèlement augmenté. Elle s’élève à 58,59€ en Wallonie pour les 11-16 ans, alors que le coût d’une année est estimé entre 427€ (enseignement général) et 689€ (professionnel), matériel informatique non inclus.
Il y a toutefois une onde d’espoir en FWB. Les fournitures scolaires sont désormais fournies par l’école jusqu’en 2e primaire. Enfin, en partie… car avec leurs budgets serrés, beaucoup d’écoles continuent de recommander – avec insistance – aux parents d’acheter eux-mêmes du matériel, bien que cela soit illégal. De plus, les frais informatiques ont explosé depuis l’enseignement en distanciel durant la pandémie. 40% des élèves en ont besoin en primaire, 90% en secondaire et 100% dans le supérieur.
La réforme des allocations d’études pour le supérieur – approuvée cet été en première lecture pour la FWB – va réduire l’aide à 962€ pour les étudiant.e.s sans kot et à 3.636 euros pour les koteurs, alors que la Fédération des étudiants francophones estime le coût d’une année d’études en kot à 8.000 – 12.000€.
La Flandre n’a pas indexé les subventions ni respecté le système de cliquet qui prévoit d’augmenter les subventions parallèlement au nombre d’étudiant.e.s. Le financement structurel du gouvernement est passé de 80% dans les années 90 à 50 %, ce qui implique une plus grande dépendance aux investisseurs privés qui ne payent que pour la recherche qui est dans l’intérêt de leurs profits.
N’acceptons pas !
Il est l’heure de s’attaquer au cœur du problème: des décennies de sous-investissement, un marché scolaire et les techniques managériales du privé qui tentent de s’imposer dans un secteur où l’épanouissement et le développement des jeunes devraient être au centre de la réflexion.
C’est pourquoi nous revendiquons :
- Un réinvestissement public immédiat dans l’enseignement.
- Un recrutement massif de personnel qualifié enseignant, éducatif, informatique, de cuisine, de nettoyage, etc. et l’organisation de stages rémunérés.
- La rénovation, l’isolation et la construction de suffisamment d’infrastructures, pour qu’il y fasse bon vivre.
- La suppression du système de crédit et un investissement dans l’encadrement.
- Un enseignement réellement gratuit, en ce compris les fournitures scolaires et informatiques.
Rendez-vous le 11 octobre avec les Etudiant.e.s de Gauche en Action / Actief Links Studenten (EGA/ALS) pour manifester aux côtés des syndicats pour un enseignement de qualité et accessible.