[Crise du coronavirus] Stop à l’incertitude et aux inégalités dans l’enseignement

Tous les cours sont suspendus depuis le 16 mars. Les élèves de l’enseignement primaire et secondaire ainsi que les adultes qui font des formations en alternance recoivent à présent (lorsque c’est possible) des devoirs. Les étudiants dans le supérieur suivent eux des (+/-) cours en ligne. La date et les modalités de réouverture des écoles ne sont pas claires, différents scénarios sont en cours de préparation. Les universités et les hautes écoles ont décidé de maintenir tous les cours et, dans certains cas, les évaluations en ligne, mais à ce niveau là encore, c’est l’incertitude. 

Enseignement obligatoire

Les inégalités sont énormes dans l’enseignement en Belgique : à la fin de sa scolarité obligatoire, il y a un écart d’apprentissage équivalent à 3 ans entre les riches et les pauvres. Et cet écart va encore s’accroître avec cette crise du coronavirus.
Dans l’enseignement – qui a subi des restrictions budgétaires durant des années – il n’était pas du tout possible de prendre des mesures de précaution. Les classes sont surpeuplées, il n’y a pas assez d’installations sanitaires, (sans même parler des poubelles qui ne peuvent pas être fermées contrairement aux recommandations sanitaires).
Jusqu’à présent, les élèves des écoles primaires et secondaires se voyaient confier des tâches facultatives qui leur permettaient de rester dans le « rythme scolaire ». Malgré que le travail donné aux élèves doit théoriquement pouvoir être réalisé en parfaite autonomie (circulaires ministérielles), donc sans le soutien des parents, un soutien et un accompagnement des élèves est bien souvent nécessaire. Certaines écoles plus élitistes poussent le corps enseignant à vérifier que les travaux sont bien effectués et à en tenir compte lors des conseils de classe en fin d’année ! De plus, à partir d’aujourd’hui en Flandre, il est autorisé d’avancer dans de la nouvelle matière selon le nouveau concept du « preteaching ».
Déjà qu’avec des classes surpeuplées c’est compliqué pour les enseignants d’avoir un suivi individuel de leurs élèves, là ça devient carrément mission impossible avec la pression énorme qui s’ajoute ! Les enseignants doivent, en plus de travailler à distance avec ses élèves, s’occuper de leurs propres enfants et/ou des membres de sa famille. Et en ce qui concerne le retard pris, il semble que les politiciens n’en parlent qu’en temps de pandémie. La ligue des familles rappelait déjà en février dernier que les élèves rataient 6 semaines de cours par ans parce que les absences de profs n’étaient pas remplacées. Qu’ont fait ces ministres à ce moment-là ? Rien du tout ! Ils savent pourtant que ces absences sont dues aux mauvaises conditions de travail des enseignants, et avec cela la faible rémunération (et la dévalorisation qui s’en suit) de cette profession.
Les inégalités sociales sont encore plus visibles dans l’enseignement à distance, que ce soit dans l’enseignement obligatoire ou dans le supérieur. Tout le monde n’a pas un endroit calme et les moyens de travailler pour l’école (ordinateur, internet) et tous les parents ne peuvent pas aider avec les travaux scolaires (ils doivent eux-mêmes travailler, ne parlent pas couramment la langue, n’ont pas reçu de formation dans ce domaine,…). De plus, la prise en charge des jeunes frères et sœurs, d’un parent malade ou d’autres membres de la famille repose parfois sur les épaules des jeunes. Aussi, tout le monde n’a pas une situation familiale sûre. 

Apprentissages pratique dans le secondaire et le supérieur

Les stages pratiques et les cours pratiques ont été annulés. En conséquence, les élèves et les étudiants obtiendront leur diplôme avec un retard ou sans avoir acquis les compétences nécessaires. Et avec la crise du coronavirus, les étudiants qui suivent l’enseignement par crédits seraient obligés de repasser les crédits en cours. Un coût que beaucoup ne peuvent pas se permettre !

Enseignement supérieur

L’incertitude continue. Les modalités d’évaluation et les critères de réussite ne seront clarifiés que d’ici le 27 avril au plus tard, soit un mois avant le début de la session des examens, ce qui laisse peu de temps aux étudiants pour se préparer ! En plus de cela, même lorsque l’enseignement à distance est assuré, il reste toujours de moins bonne qualité que l’enseignement classique (du fait principalement qu’on ne peut plus interagir avec l’enseignant et des problèmes informatiques). Quant aux étudiants, beaucoup sont seuls dans leur kot à devoir se préoccuper du paiement de leur loyer (alors qu’ils ne peuvent plus ou ne sont plus autorisés à exercer leur job étudiant) et, pour les autres, ils sont pour la plupart retournés dans leur famille. Mais être enfermé chez soi n’est pas sans inconvénient non plus ! Dans les deux cas, cet enfermement accroit le stress et la pression des étudiants.
Tout le monde devrait avoir les mêmes possibilités en termes d’enseignement ! C’est pourquoi nous revendiquons :
1.     Un ordinateur et une connexion internet accessibles et gratuits pour tous.
2.     L’organisation de stages rémunérés afin que toutes celles et ceux qui ont l’expérience nécessaire puissent aller sur le terrain pour aider dans cette crise sanitaire.
3.     L’annulation des examens pour privilégier les apprentissages, conjugué à un investissement public massif dans la remédiation. Ne reportons pas les difficultés à l’an prochain !           
4.     La suppression du système de crédits dans le supérieur.
5.     Un recrutement massif du personnel pour le secteur : enseignants, éducateurs, personnel informatique, agents de nettoyage,…
6.     Un réinvestissement immédiat dans l’enseignement !
7.     L’enseignement gratuit et de qualité pour tout le monde.