Des études hors de prix bientôt réservées à l’élite?

Notre avenir mérite des moyens !

p15_enseignementEn Flandre, en 2014, des économies ont été opérées à hauteur de 400 millions d’euros dans l’enseignement supérieur et d’autant encore dans le primaire et le secondaire. Cela s’ajoute à de nombreuses années de sous-investissement chronique, quel qu’ait été le gouvernement. Le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a approuvé en juin un projet de décret assurant un refinancement progressif de l’Enseignement supérieur pour un montant global de 107,5 millions d’euros entre 2016 et 2019. Au vu du financement par enveloppe fermée depuis 1997 (une diminution des subventions de 21 % par étudiant dans les universités et de 7 % dans les hautes écoles), c’est loin de compenser l’arriéré de sous-financement. La politique de sous-financement se poursuivra donc, juste un peu moins fortement.

Selon Test-Achats et la Ligue des familles, en Flandre, la politique de la ministre Crevits revient à 117 € supplémentaires par étudiant. Une année scolaire dans le secondaire flamand revient à 1.287 € par enfant. Dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Ligue des familles avance qu’il est question de 1.225 € en primaire et de 1.550 € en secondaire. Soit l’équivalent d’un mois de salaire – dans un pays où près d’un enfant sur cinq grandit dans une famille sous le seuil de pauvreté – le tout pour avoir cours dans des bâtiments vétustes et pour 40.000 élèves dans des classes conteneurs. Aux dires de l’UNICEF, notre enseignement est champion en termes de reproduction des inégalités par rapport aux autres pays membres de l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui regroupe les pays capitalistes développés). Le contexte socio-économique des parents détermine dans de nombreux cas le niveau d’éducation des enfants. Par exemple, un enfant issu d’une famille plus aisée sera, selon le dernier rapport PISA, environ 60 % plus susceptible de suivre un enseignement général (hors technique, artistique et professionnel) que celui issu d’un milieu plus précarisé. Selon l’indice ECM (prenant en considération le statut social, économique et culturel), parmi les 10 % d’élèves les plus précarisés, 65 % sont en retard scolaire à l’âge de 15 ans, contre 18 % ‘‘seulement’’ des élèves du dixième le plus favorisé.
Pour les profs, l’enseignement est également un parcours du combattant pour jongler entre les prépas et les corrections et pour les jeunes profs aussi entre les différents remplacements. La précarité et les conditions de travail sont tel qu’un tiers des profs abandonnent le métier dans les 5 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Dans l’enseignement universitaire, les choses ne sont guère meilleures. Là aussi le taux de réussite diffère généralement beaucoup en fonction du milieu socio-économique. Par exemple, seuls 10 % des étudiants sont issus d’un milieu ouvrier. Les moyens ont drastiquement baissé ses dernières années dans tout le pays, tant dans les hautes-écoles que dans les universités, alors que les situations difficiles sont en augmentation. De plus en plus d’étudiants demandent de l’aide pour mener à bien leurs études supérieures.
Pour certains, c’est une aubaine : une banque en ligne propose désormais un crédit “études”. Si rien ne change, nous connaîtrons une ‘‘américanisation’’ de l’enseignement belge avec des étudiants qui sortiront de leurs études profondément endettés. C’est ce qu’ont dénoncé dans la presse les vice-recteurs de l’ULB et de l’UCL : ‘‘En tant que Vice-recteur aux affaires sociales de l’ULB, je reçois chaque année des centaines d’étudiants (…) Je peux vraiment témoigner combien d’étudiants connaissent des situations dramatiques dont on n’a pas idée. Il y a certains étudiants qui ont des vies telles que, si vous en faisiez un film, vous vous diriez que le réalisateur a exagéré. (…) essayer de gagner de l’argent de ce groupe d’étudiants-là, je trouve que c’est vraiment obscène et très dangereux.’’(RTBF.be, 19 août 2016).
L’argent ne manque pourtant pas pour résoudre les multiples problèmes dont est victime notre enseignement. Les scandales d’évasion fiscale des LuxLeaks et des Panama Papers nous ont révélés que de riches Belges planquent leur argent sur des milliers de comptes clandestins dans des paradis fiscaux. S’en prendre à ces fraudeurs permettrait de faire un grand pas vers un enseignement complètement gratuit et de qualité et même de soulever la nécessité d’un salaire étudiant pour réellement permettre un accès identique aux études indépendamment de son origine sociale. Cette approche n’est bien entendu pas celle du gouvernement fédéral. Ce dernier s’apprête à dépenser des milliards d’euros dans l’achat de nouveaux avions de chasse alors que le prix d’un seul de ces nouveaux F-35 permettrait d’engager… 3.750 enseignants supplémentaires en Belgique pendant un an ! Quant aux partis au pouvoir en Fédération Wallonie-Bruxelles, ils ont démontré par le passé qu’ils ne différaient que sur le rythme et l’ampleur de l’austérité et de la politique de cadeaux aux patrons.
Nous dirigeons-nous vers un modèle d’enseignement à l’anglo-saxonne où l’enseignement est devenu un terrain de jeu pour la soif de profits du privé? En Grande-Bretagne, les frais d’inscription dans le supérieur atteignent les 14.000 euros. L’Université de Gand voulait essayer cette année de mettre en place un projet pilote en ce sens en augmentant les frais d’inscription pour les cours de maîtrise à 5730 euros, mais elle a dû reculer suite à la résistance des étudiants.
Les étudiants du secondaire et du supérieur doivent contre-attaquer et lutter en solidarité avec le personnel enseignant ou non et leurs syndicats contre toutes les mesures antisociales et pour un enseignement gratuit et de qualité.
Les Étudiants de Gauche Actifs appellent donc la jeunesse à s’impliquer dans la manifestation syndicale du 29 septembre (10h, gare de Bruxelles-Nord) et dans la grève générale nationale du 7 octobre en allant soutenir les piquets de grève. Contactez-nous pour le faire à nos côtés !