Ce 19 novembre, plus de 5.000 étudiants ont manifesté à Londres afin de revendiquer un enseignement gratuit. Suite à une réforme introduite en 2010, les frais d’inscription ont massivement augmenté en Angleterre : ils peuvent atteindre les 9000 livres (soit 10.500 euros…)! Au sein de ce cortège étudiant se trouvait un bloc des Socialists Students, une organisation étudiante dont les Etudiants de Gauche Actifs sont très proches puisqu’il s’agit de l’organisation étudiante du Socialist Party, le parti-frère du PSL en Angleterre et au pays de Galles.
Cette manifestation, rapportent nos camarades anglais, était une brillante démonstration de colère et de détermination. Des étudiants étaient venus de tout le pays, certains sans même avoir reçu le moindre soutien de leur syndicat étudiant, en s’arrangeant avec des amis ou d’autres étudiants.
Les Socialist Students avaient quant à eux un contingent combatif avec de nombreux slogans et des chants de lutte entrecoupés de prises de parole. Ils ont également distribué un tract expliquant leur stratégie pour la suite du mouvement étudiant, et abordant la question fondamentale du type de direction dont nous avons besoin. En voici quelques extraits ci-dessous.
« Il y a quatre ans, le 10 novembre 2010, les rues de Londres avaient accueilli plus de 50.000 jeunes. (…) C’était le début d’un mouvement qui a donné le goût de la lutte à des milliers de personnes. Deux semaines plus tard, plus de 100.000 étudiants étaient encore sortis de leurs universités et hautes écoles. La médecine amère de l’austérité, dans ce cas précis le triplement des frais d’inscription et des coupes dans les budgets de l’enseignement, était rejetée avec vigueur.
Les étudiants qui manifestent aujourd’hui vont à juste titre se demander quels doivent être les prochains pas du mouvement actuel. Comment reconstruire un mouvement capable de défier le gouvernement et l’austérité dans l’enseignement ?
En retournant sur nos campus, la tâche la plus immédiate doit être d’organiser la solidarité avec le personnel (…) dans le cadre de leur lutte pour leurs pensions. Leur combat est également le nôtre. mais il y a aussi la question de la direction de la lutte.
Lors de la mobilisation vers la manifestation [de ce 19 novembre], la direction de droite du National Union of Students (NUS, syndicat national des étudiants) a tenté de retirer la prise. Toni Pearce, présidente du NUS, a annoncé dans une déclaration publiée sur internet qu’elle-même et d’autres responsables revenaient sur leur décision de soutenir la manifestation en raison, officiellement, « d’inquiétudes concernant la sécurité ». Il s’agit d’un grave déni de prise de responsabilité. (…) Avec la menace de nouvelles attaques contre notre enseignement, échouer à organiser ou même à soutenir une manifestation nationale est criminel.
Si la direction du NUS avait de véritables raisons d’avoir des craintes pour la sécurité des manifestants, son attitude aurait dû être de donner les ressources et les conseils nécessaires pour aider les organisateurs à surmonter les difficultés. le mieux aurait été que les dirigeants étudiants aient eux-mêmes organisé la manifestation en première instance. (…) Il ne faut pas attendre de « permission » de la part de personnes du type de Toni Pearce pour organiser la riposte dont nous avons désespérément besoin. Le mouvement de 2010 (…) lui aussi avait été trahi par la direction du NUS, qui a abandonné la lutte dès la première manifestation.
En plus de cela, la classe des travailleurs – avec son pouvoir économique monumental – devait encore entrer dans l’arène. En dépit de la colère et d’une forte solidarité entre étudiants et travailleurs, ces derniers ont été retenus par le frein des directions syndicales. Ces facteurs ont assuré que le premier round de la bataille contre l’austérité dans l’enseignement s’est terminé en défaite.
Mais aucune défaite n’est éternelle. Nous devons retourner dans nos campus et continuer à organiser la lutte, avec des grèves, des actions de protestation et des occupations afin de mettre sous pression la direction des universités et les dirigeants syndicaux étudiants.
Mais il nous faut aussi lutter pour une alternative politique. Aucun des principaux partis ne peut être digne de confiance. Se réfugier derrière un soutien pour le parti Travailliste (qui a introduit l’augmentation des frais d’inscription) n’est pas une stratégie viable. Les 1% les plus riches ont 4 grands partis à leur disposition. Nous avons besoin de notre propre parti, qui se batte pour les intérêts de tous les travailleurs, les jeunes, les pauvres et les opprimés. (…) Aux USA, Kshama Sawant (Socialist Alternative, organisation-soeur du Socialist Party et du PSL aux USA) a récemment obtenu près de 100.000 voix et a été élue au conseil de Seattle; Elle a ensuite mené avec succès une campagne pour l’imposition des 15 dollars de l’heure comme salaire minimum. Cela illustre ce qui est possible.
(…) Nous nous opposons à chaque mesure d’austérité et luttons pour une société où les grandes entreprises – banques, multinationales,… – seront publiquement et démocratiquement gérées et contrôlées. A la place d’une économie destinée à satisfaire la soif de profits capitaliste, nous avons besoin d’une économie démocratiquement planifiée afin de satisfaire les besoins de la majorité sans détruire la planète.
L’énergie et la vitalité du mouvement étudiant lié aux muscles de la classe des travailleurs organisée – la mouvement syndical – représente une force formidable. les scènes de résistance de 2010 ne sont encore qu’un début.