Les étudiants en médecine amplifient leurs actions !

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Après la journée du 8 octobre qui avait vu défiler plus de 5000 manifestants dans les rues de Bruxelles, les étudiants des facultés de médecine et de dentisterie ont continué leur combat par une grève ce lundi chez les 7ème année à l’UCL, qui a été rejointe jeudi par leurs homologues de l’ULg et de l’ULB, et même par la totalité des étudiants de médecine et de dentisterie de l’UCL !
Par Nicolas P. (Bruxelles)

Les actions des 7ème de l’UCL (ou MED24) ont mis le feu aux poudres et entrainé dans l’action l’entièreté de la faculté de médecine et médecine dentaire, ainsi que les autres MED24 du pays (ULg à Liège et ULB à Bruxelles). Suspendue pour mardi et mercredi, c’est le jeudi que la mobilisation a atteint son apogée, avec la participation de milliers d’étudiants aux différentes actions.
Ce mouvement de grève a été utilisé par les étudiants pour sensibiliser la population, notamment avec des équipes réparties sur des dizaines d’hôpitaux et de lieux publics de la capitale. Conscients de la nécessité de démocratie au sein du mouvement, la grève a été votée non seulement lors d’Assemblées Générales, mais souvent même au sein de chaque auditoire, où elle a été confirmée à une large majorité partout !
L’écrasante majorité des citoyens est en effet peu informée, et prompte à soutenir les étudiants : comment en effet ne pas appuyer les étudiants qui réclament un numéro INAMI et un financement adéquat des soins de santé, quand la pénurie médicale est si souvent criante ?
À chaque mouvement ses opposants…
Comme à son habitude, le syndicat médical le plus conservateur, l’Absym, a rappelé son opposition au mouvement de grogne et sa volonté de faire respecter les quotas avec rigueur. L’Absym jouit depuis longtemps d’une certaine hégémonie médiatique sur la position des médecins. Mais il est rare que les médecins qui s’y affilient connaissent réellement ses positions et ses impacts. Rappelons d’ailleurs, que en prenant en compte les taux de participation et l’entièreté des votes, l’Absym ne recueille le soutien que de 20,71% des médecins.
Examen d’entrée : instrumentalisation et fausses solutions
Le problème actuel d’étudiants en bout de cursus qui ne recevront pas de numéros INAMI touche essentiellement les francophones, mais pas seulement. Les flamands seront d’ici à 2018 en surnombre de 512 diplômés (pour un peu plus de 1000 du côté francophone). L’examen d’entrée, instauré en Flandre depuis de nombreuses années, ne garantit donc pas à chaque étudiant un accès à la profession, et encore moins un comblement efficace de la pénurie. En 2011, la Flandre comptait par exemple 111 communes en manque de médecins généralistes (avec un nombre identique pour la Wallonie et 10 communes –sur 19 !- pour Bruxelles).
Depuis plusieurs mois, certaines organisations politiques comme les Étudiants Libéraux et un nombre significatif de membres des autorités facultaires tentent d’utiliser la colère actuelle des étudiants pour avancer la « nécessité » d’un examen d’entrée. À grands renforts de matraquage médiatique unilatéral pour ce dernier, ils le présentent comme un au mieux comme un « moindre mal » ou une « main tendue au Nord du pays ».
S’il est vrai qu’une partie significative des responsables politiques et des étudiants en médecine flamands défendent cet examen, il est évident que l’écrasante majorité de la population peut trouver absurde l’idée d’empêcher des étudiants d’entreprendre des études de médecine, alors que la pénurie touche tout le pays et n’ira qu’en s’aggravant ! 30% des spécialistes ont actuellement plus de 60 ans, et un médecin généraliste sur deux a plus de 55 ans : cette réalité dépasse la barrière linguistique !
L’opposition de principe de la plupart des organisations étudiantes et partagée par les Étudiants de Gauche Actifs part d’un constat très simple : l’enseignement secondaire belge étant un des plus inégalitaires d’Europe, comment espérer ne pas creuser davantage le fossé social avec un même test en fin de rhéto ? La fausse bonne idée selon laquelle il suffirait de créer une année propédeutique pour remettre tout le monde à niveau repose les mêmes problèmes : pourquoi empêcher, en temps de pénurie, des étudiants capables de réussir ces études d’accéder aux Universités ? Et pourquoi financer une année propédeutique plutôt que de lever les fonds pour permettre aux Universités et aux écoles (qui le réclament depuis longtemps !) de former correctement chaque étudiant ?
La question de l’examen d’entrée, et les attaques honteuses et bien souvent mensongères de certains envers les organisations syndicales qui s’y opposent ont pour unique but d’utiliser le formidable mouvement qui se développe sur les campus pour imposer des revendications politiques libérales.
Quelles perspectives ?
Le mouvement qui nait depuis quelques semaines ne fait que commencer. Malgré des horaires lourds, des stages obligatoires et des études difficiles, les étudiants ont montré une grande détermination.
Souvent isolés dans la population, ils ont avec raison tenté de gagner l’opinion publique à leurs revendications. C’est sans aucun doute la voie à suivre ! Un étudiant, parti tracter aux alentours de la Gare Centrale, a recueilli le soutien d’un cheminot qui lui déclarait « si vous nous soutenez pour notre combat, on soutiendra le vôtre ! » (en référence aux actions syndicales prévues à la SNCB). Les étudiants doivent aller chercher le soutien de chaque patient, de chaque travailleur et de chaque citoyen pour tous ensemble exiger des soins de santé de qualité et accessibles à tous !
Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) s’opposent, comme entre autres la FEF et le réseau des hôpitaux publics et privés non-confessionnels Santhea, à tout contingentement et demandent la suppression du numerus clausus en fin de cursus. Un refinancement public immédiat des soins de santé de notre pays est la seule réponse rationnelle à apporter aux problèmes rencontrés par les étudiants en médecine et par la population toute entière !