En Flandre, André Oosterlinck, de la KUL et président de l’Association Louvain, propose de doubler les frais d’inscriptions. Le groupe de réflexion Itinera Institute suggère d’augmenter le minerval et d’en reporter le paiement à la fin des études. Ces idées se rapprochent du modèle anglais où quelques universités de prestiges côtoient toute une série d’unifs-poubelles et des minervals de milliers d’euros, avec pour conséquences le surendettement de beaucoup de jeunes avant même d’entrer totalement dans le monde du travail. A cela, vient s’ajouter l’austérité du gouvernement Cameron qui va couper à la hache dans les dépenses publiques.
Pour Itinera, un groupe de philosophie néolibérale, la situation est claire: compte tenu du manque de moyens et de l’austérité à venir, il faut augmenter le financement privé! Le lobby explique que la Belgique est un des pays de l’OCDE dont les dépenses privées dans l’enseignement sont les plus faibles. Il explique qu’ainsi, l’argent récupéré pourra aider les plus pauvres à accéder à l’université. Un tel mécanisme de ‘‘solidarité’’ n’est qu’un moyen pour aller chercher l’argent dans les poches des étudiants les moins pauvres à la place des capitalistes responsables de la crise. L’insertion du privé dans nos unifs signifie que nos cours seront orientés pour augmenter leurs profits. Avec le Processus de Bologne, l’idée d’une université/entreprise progresse, au détriment de la qualité de l’enseignement.
Et monsieur Oosterlinck va dans le même sens: ‘‘Les gens doivent comprendre que les temps ont changé. Nous vivons au dessus de nos moyens. Nous devons prendre conscience que nous allons devoir payer plus pour beaucoup de service.’’ Qui vit au dessus de ses moyens ? Les étudiants qui vivent dans des kots minuscules, mangent des pates tous les jours et doivent travailler pendant leurs études ou les spéculateurs qui ont joué avec de l’argent qu’ils n’avaient pas pour toucher de l’argent que nous n’avons plus ?
Aujourd’hui, les politiciens réfléchissent à comment mener l’austérité, la note de Di Rupo n’étant qu’un avant gout de notre avenir. Et l’enseignement sera touché, quelle que soit la coalition sortante. Les négociations sur la réforme d’Etat et sur la loi de financement vont nous conduire à une austérité à tous les niveaux de pouvoir, alors que nous n’avons pas suffisamment de logements étudiants (835 kots à l’ULB pour 20.000 étudiants par exemple) et que les prix de la nourriture ne cessent d’augmenter.
Le Standaard livre une série de chiffre sur la vie estudiantine: une année de kot coute 6.700 euros ! Les syllabus et les livres de références coûteraient en moyenne 277 euros. Les restaurants universitaires demandent 4,73 euros pour un repas. Pour les étudiants qui font la navette jusque l’unif ou la haute-école, l’année coûte au total 7.752 euros en moyenne ou 2.871 si on ne tient compte que du coût des études et de l’argent de poche.
Le système d’éducation chilien est un exemple en matière de néo-libéralisme, et ce, grâce à Pinochet. Depuis des semaines, un mouvement massif des jeunes s’est levé pour la gratuité de l’enseignement. En Grèce, la troïka (UE, FMI et BCE) maintiennent la pression néolibérale sur les jeunes et les travailleurs pour leur faire payer la dette. On voit venir la promotion d’un financement privé et la transformation des universités en entreprises. La recherche scientifique devra entrer dans la course aux profits. Et pour casser la résistance, la police peut maintenant entrer à son aise dans les campus, chose interdite depuis la fin de la dictature de colonels en 1973. L’année dernière, 1.000 écoles ont été fermées pour cause de sous-financement! Un jeune sur deux est au chômage, on parle fréquemment de ‘‘génération perdue’’… Ce qui mène beaucoup de jeunes à rentrer en lutte, dans les manifestations et les occupations pour une augmentation de la part du PIB orientée vers l’enseignement, qui est de 5% aujourd’hui.
L’expérience internationale nous montre que si nous voulons améliorer notre enseignement, nous devrons lutter. L’austérité à venir aura pour but de rassurer ‘‘les marchés’’, pas les étudiants.
Luttons ensemble, étudiants et personnels pour un financement public de l’enseignement à hauteur de 7%, comme c’était le cas dans les années’70, et contre l’austérité.