En Belgique, 15,3% de la recherche scientifique aux universités flamandes est commandée et payée par les entreprises, une moyenne supérieure à celle des autres pays. L’université de Louvain obtient 20% de son budget consacré à la recherche auprès de sociétés privées et de l’Union Européenne.
À l’université d’Anvers, un nouveau laboratoire de recherche a été à moitié payé par l’entreprise Janssen Pharmaceutica. Mais la conséquence, c’est que ces messieurs ne désirent pas que des recherches non directement rentables soit effectuées avec leur argent, à plus forte raison si les conclusions vont à l’encontre de leurs intérêts.
Le fond du problème, c’est le manque de moyens publics destinés à la recherche , mais aussi que le financement public de la recherche est de plus en plus soumis à un fonctionnement de type entrepreneurial (le financement par output) où les différentes entités, hautes écoles et universités, sont en concurrence les unes avec les autres pour recevoir de l’argent. Dans ce modèle, seule compte la quantité : combien de publications, abstraction faite de leur qualité. L’analyse critique, les projets à plus long terme ou la recherche socialement utile sont subordonnées à la recherche de résultats rapides.
Les sociétés privées (et leurs porte-paroles politiques) tentent de faire passer l’idée que certaines recherches n’ont pas vraiment d’importance et servent surtout à donner une occupation à quelques professeurs barbus. Le fait est toutefois que l’ampoule n’a pas été inventée en améliorant la bougie et le laser n’est pas venu de l’amélioration de l’ampoule. La technologie du laser est issue de recherches dans la physique quantique, ce qui serait maintenant considéré comme des recherches sans utilité à court terme, et sans rentabilité immédiate pour le privé.
Le sous-financement public de la recherche scientifique assure que la recherche soit de plus en plus dépendante de subventions privées. Pour des sociétés telles que Bayer et Monsanto (cette dernière ayant créé l’Agent Orange utilisé par l’armée américaine durant la guerre de Viêt-Nam), les bénéfices priment sur la santé et le reste. Toutes les recherches qu’ils subsidient ne servent qu’à augmenter leurs bénéfices (notamment pour les OGM).
La recherche doit être retirée des mains des entreprises. Nous avons besoin d’une recherche publique et indépendante. Ce n’est qu’ainsi que nous aurons l’assurance d’avoir une recherche scientifique au service de la collectivité.