Rentrée scolaire et limites du système : Plus de moyens pour l’enseignement, maintenant !

Dans l’édition précédente de Lutte Socialiste, nous avons abordé les conséquences du sous-financement chronique de l’enseignement (voir notre article). La rentrée et les activités d’Etudiants de Gauche Actifs – Secondaire nous a permis de discuter avec de nombreux jeunes étudiants de ce que cela signifiait concrètement pour leur vie à l’école. Petits échos de rentrée…

Un enseignement gratuit et de qualité ? On en est encore loin…

Stanislas, 15 ans, Liège

«Cette année, je suis entré en 4e technique de qualification. Après la fin de la semaine de rentrée, on a reçu la liste du matériel de cours à acheter. Rien que pour les cours normaux (français, anglais, math,…) j’en ai déjà eu pour 114 euros et pour les cours de pratique, on en a pour 100 euros, sans compter la salopette de travail qui revient à 25 euros. A côté de ça, il y a encore tous les livres. Pour le cours d’anglais uniquement, ça faisait 50 euros pour deux livres… En tout, ma rentrée aura coûté environ 350 euros.

«J’ai vraiment l’impression que l’école ne prévoit rien pour ceux qui n’ont pas assez de moyens. J’ai un ami qui a des problèmes d’argent, quand il en a discuté et a dit que c’était impossible de tout avoir au début, on lui a simplement dit qu’il devait avoir ce matériel et de se débrouiller pour ça.»

Moins de moyens pour les activités extrascolaires

Kasper, 17 ans, Gand

«Je commence cette année ma dernière année secondaire à Gand. Le début de cette année était sans problèmes, comme toujours, mais plusieurs choses peuvent quand même être vues comme des conséquences de la crise. Mon école n’est que partiellement subventionnée, ce qui fait que c’est une école plutôt chère. Avec la crise, cet enseignement est moins accessible pour les gens, ce qui se remarque de suite au nombre d’inscriptions pour le primaire et surtout pour la première année secondaire.

«En tant que président du conseil des élèves de l’école, je suis l’organisateur principal de beaucoup d’activités extrascolaires, et je constate qu’il y a maintenant moins d’espace pour des excursions ou d’autres chouettes activités extrascolaires. »

Un enseignement qui n’est tourné ni vers les professeurs, ni vers les élèves

Maxime, 15 ans, Bruxelles

«Je rentre en 4e année, en latin-grec, à Bruxelles. L’an dernier, on était déjà beaucoup dans ma classe, et là on va carrément vers les 30 élèves. Et encore, je suis en latin-grec, et ce n’est pas la branche la plus suivie, il y a des classes plus nombreuses. Ce problème de manque de place, c’est un souci pour la concentration, pour la perturbation du cours,… et aussi pour le suivi des élèves qui ont plus de difficultés.

«D’autre part, je n’ai que deux heures de grec, alors que c’est tout de même mon option principale. On ne demande pas beaucoup l’avis des profs sur leur cours, le nombre d’heures de cours dont ils ont besoin,… Ce n’est quand même pas très logique. Pas mal de profs se plaignent aussi qu’il y a moins de profs et moins de jeunes profs, et s’inquiètent pour la suite. «On a moins d’heures de Gym aussi, et le nombre d’heures de cours de morale est aussi menacé, alors que c’est le seul cours où on nous parle de penser par nous-mêmes et qui offre une certaine ouverture vers la société. On nous dit que les jeunes ne sont pas trop concernés par la politique, mais on ne leur donne rien comme moyen d’expression.

«Beaucoup pensent que nous n’avons aucun impact. Il y a beaucoup de désillusion. Cela ne vient pas de nulle part, on ne nous apprend pas assez l’esprit de groupe, l’individualisme règne en maître absolu. Nous avons besoin d’un enseignement qui développe le sentiment collectif et la solidarité. Il n’y a rien de plus important.

«Les activités d’Etudiants de Gauche Actifs – Secondaire, ça sert aussi à montrer qu’on peut faire des choses en se regroupant, à développer la conscience politique des jeunes, à pointer les véritables responsables et c’est très important.»

A 42 dans une classe…

Lola, 16 ans, Liège

«Dans ma classe de 5e, nous étions 39 au tout début de l’année scolaire, et quinze jours plus tard, nous étions 35 élèves. Nous ne devons pas nous plaindre, nous dit-on, étant donné que dans une autre cinquième ils sont 42 !

«La plupart des classes de l’école sont prévues pour recevoir environ 30 personnes, le constat est donc vite fait : une dizaine de chaises à aller chercher dans d’autres classes (perte de temps à chaque début de cours) et à entasser comme on le peut dans la pièce.

«On nous dit que cela changera après le 15 octobre, ce qui au final nous aura tout de même fait perdre un mois de cours, car les conditions de travail étant si médiocres, chaque jour qui passe à autant dans une même classe est un jour perdu.»

 


7% du PIB pour l’enseignement !

Dans les années ‘70, le budget de l’enseignement correspondait à 7% du PIB belge (Produit Intérieur Brut = le montant des biens et des services produits en une année). Depuis lors, on est passé à près de 5%, soit une perte d’un montant équivalant à près de 6 milliards d’euros par an! Il n’est donc pas étonnant d’entendre si souvent dire que la qualité de l’enseignement est véritablement en chute libre… C’est pourquoi EGA défend la revendication des syndicats d’une augmentation du budget public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB pour plus de personnel, plus de matériel, etc.