Grève à l’Athénée Royale Da Vinci à Anderlecht: «Simonet ne touche pas à notre porte monnaie!»

Lundi 5 octobre, l’enseignement francophone connaissait sa deuxième journée de mobilisation face aux mesures budgétaires d’austérité mis en avant par le gouvernement. La délégation syndicale et les travailleurs de l’Athénée Royal Da Vinci à Anderlecht ont décidé de bloquer leur école avant de rejoindre la manifestation pour l’après midi. Face aux attaques dans l’enseignement le sentiment est clair: «On continuera à se battre!». Un soixantaine de travailleurs de l’Athénée ont bloqué l’école dans une bonne ambiance. Martine, enseignante et déléguée CGSP, ainsi que plusieurs travailleurs (profs ou ouvriers) nous ont donné leur point de vue au piquet.

Pendant la campagne électorale, tous les partis établis ont fait de l’enseignement une priorité, mais ce n’est qu’une fois au gouvernement que l’on comprend mieux ce que signifie pour eux une priorité. Martine nous explique: «Dans les plans du gouvernement, les assainissements dans l’enseignement constituent 50% des économies à entreprendre». «Priorité» signifiait visiblement d’être en première place sur la liste des services publics à démanteler. «Après avoir reculé sur la durée hebdomadaire pour les enseignants, le gouvernement reste sur le même montant à assainir. Les pistes proposées sont inacceptables, on continuera à se battre pour défendre nos conditions de travail ainsi que les conditions d’études pour les élèves».

L’Athénée Royal Da Vinci à Anderlecht est une école qui connait un public plus défavorisé. Les travailleurs sur place expliquent les conséquences que les coupes budgétaires auront sur la qualité de l’enseignement et l’accueil des étudiants: «Les plus défavorisés sont les plus touchés. On connait et on aggrave une situation d’enseignement à deux vitesses. Les conséquences seront toujours plus graves pour les familles les plus pauvres. On voit dans notre travail l’importance des classes de dépaysement, en coupant dans les aides aux familles c’est toute une couche d’élèves qui ne pourront plus partir».

A côté des pistes concernant les classes de dépaysement, il a aussi été question d’annuler les budgets censés alléger la facture SNCB pour les élèves.

Après la manifestation de lundi après midi, les permanents syndicaux ont confirmé le recul concernant la durée de travail des enseignants et le recul concernant les attaques contre le staff administratif et ouvrier. Cela a été présenté comme une victoire. Mais nous pensons que le plan d’économie n’est pas pour autant mis de côté et que les millions d’euros que le gouvernement prévoit d’épargner sur le dos de l’enseignement devront être trouvés. «Le gouvernement veut également remette en cause les nominations pour les enseignants. C’est une attaque directe contre notre statut et notre sécurité d’emploi. La nomination garantie un salaire pendant deux années le temps de trouver un emploi du temps complet pour l’enseignant nommé. De plus, on ne peut licencier un nommé. En remettant en cause ce système on met les profs dans une situation dramatique puisque les nommés ne cotisent pas pour le chômage, puisqu’ils sont censés ne pas être licenciés».

Une ouvrière nous dresse le tableau pour l’Athénée Royal Da Vinci: «Sur 6 ouvrières et 6 ouvriers, une seule est nommée».

Le mouvement ne doit pas retomber en attendant les plans alternatifs des autorités. Au contraire, il doit s’élargir pour assurer un rapport de force conséquent qui permettrait d’éviter aux syndicats de devoir négocier ensuite quels assainissements approuver. En effet les permanents syndicaux ont proposé de ne rien faire jusqu’au conclave budgétaire du 13 octobre lors duquel devrait sortir le budget et donc les assainissements dans les dépenses publiques. Or ni Simonet (encore sur RTL ce lundi) ni Demotte ne remettent en cause la nécessité de réduire les budgets de l’enseignement. S’attaquer une fois de plus aux budgets de l’enseignement, c’est s’attaquer aux conditions d’études des élèves et alourdir la charge sur les familles. S’attaquer aux statuts des travailleurs de l’enseignement c’est ouvrir une brèche contre le statut de tous les fonctionnaires et plus largement affaiblir le mouvement des travailleurs en général. «Plusieurs autres secteurs sont demandeurs d’actions intersectorielles». Il ne faut pas le dire deux fois aux postiers.

Les travailleurs de l’Athénée Royal Da Vinci ont produit un tract en direction de leurs collègues, des élèves et de leurs parents pour expliquer leur action et la nécessité de lutter tous ensemble. C’est une initiative qu’il faut soutenir et élargir pour renforcer la qualité de l’enseignement. Au piquet, plusieurs soulevaient que s’attaquer à l’enseignement et se plaindre de la délinquance en même temps relève de la schizophrénie. On ajoutera que s’attaquer aux budgets de l’enseignement et aux conditions d’études tout expliquant que le problème du chômage, c’est l’échec scolaire et le manque de diplôme c’est soit faire preuve d’une double personnalité aigüe, soit tenter de prendre les travailleurs et leurs famille pour des billes.

Devons nous payer pour leur crise?

 

  • Pour une journée de grève tous réseaux et niveaux confondus en y incluant le personnel administratif et ouvrier dès cette semaine.
  • Unir les travailleurs du secteur de l’enseignement francophone mais aussi néerlandophone qui attend son plan d’assainissement.
  • Montrer notre détermination avant que les budgets ne soient votés.
  • Se tenir prêt à participer à des actions plus larges parce que les enseignants ne seront pas les seules cibles des divers gouvernements en cette rentrée.
  • Unir tous les secteurs du service public qui luttent actuellement, notamment les postiers et proposer une riposte commune.
  • Mettre en avant un programme de revendications pour refinancer l’enseignement (en revenant à un budget égal à 7% du PIB) et refuser toute forme de privatisation des services publics.

Plus que jamais «Tous ensemble!»