La lutte pour une école de qualité accessible à tous est liée à la lutte des travailleurs contre le néolibéralisme

La fédération des associations de parents de l’enseignement officiel, FAPEO, à sorti un cahier de revendications destiné à promouvoir une école plus égalitaire. Ce document nommé «plan Charlemagne» a pu bénéficier d’une certaine couverture médiatique. La plupart des commentateurs ont très peu parlé du fond du texte en lui-même et des problématiques que celui-ci soulevaient, préférant commenter les divergences entres les réseaux en ressortant comme unique information : «Les parents de l’enseignement officiel veulent une révolution pour lutter contre l’échec. Et leur président, Hakim Hedia, propose de structurer l’officiel sur le modèle du libre» (Le Soir du 5 février 2009).

Le sujet mérite pourtant qu’on s’y penche sérieusement ; le document élaboré par la FAPEO soulève plusieurs problématiques qui touchent les parents. Dans son introduction, la FAPEO remarque fort justement que le gouvernement rouge-romain a consacré beaucoup d’argent au désormais célèbre Plan Marshall. Ce dernier a en effet permis aux entreprises de bénéficier d’une aide de l’Etat d’une valeur de 1 milliard d’euros. Cet argent doit s’ajouter aux divers autre cadeaux que le patronat reçoit chaque année. La destination du Plan Marshall ne fait aucun doute. Dans le texte de présentation de celui-ci, on peut lire :

«Nous avons des terrains disponibles pour l’expansion économique, nous avons de la main-d’œuvre qualifiée, un réseau de routes et de voies de communication parmi les plus denses d’Europe, une situation géographique exceptionnelle, etc. (…)

Le plan Marshall c’est dès lors 5 axes, interdépendants, à la fois forts et ciblés :

 

  • la création de 5 pôles de compétitivité, dans lesquels la Wallonie affiche de bonnes performances et souhaite devenir leader à l’échelle internationale ;
  • le soutien à la création d’activités : aider les projets porteurs et les personnes qui ont des idées ;
  • l’allègement de la fiscalité sur l’entreprise et la suppression de la fiscalité anti-économique pour rendre la Région plus attractive pour les investisseurs ;
  • l’encouragement à la recherche et à l’innovation ;
  • l’accentuation de la capacité de formation professionnelle. »

Face à cela, lorsque les écoles réclament de l’argent pour, par exemple, rénover les bâtiments (2 milliards d’euros) souvent dans un état déplorable, la seule chose que le gouvernent a à leur proposer, c’est un inique partenariat publique/privé (PPP) qui au final n’est encore qu’un autre moyen pour les propriétaires de faire du profit sur le dos de la collectivité.

Le texte de la FAPEO dresse quelques constats :

1. Notre système d’enseignement est polarisé entre, d’un côté, les bonnes écoles qui accueillent les élèves les plus favorisés soit de par leur capital financier, soit de par leur capital culturel et, de l’autre, les écoles dites « ghetto », qui accueillent les enfants des milieux populaires.

2. L’école laisse une partie de son travail à la charge des parents qui doivent, si ils veulent voir la réussite de leurs enfants, faire appel à des professeurs privés ou travailler directement avec leurs enfants afin de remédier aux lacunes qui n’ont pas su être résolues lors des cours.

3. Le redoublement, qui s’accompagne souvent de relégation vers les filières techniques et professionnels, sont peu efficients dans le sens où ces méthodes ne prennent pas en compte l’envie et les besoins de l’enfant mais visent seulement à opérer une sélection. Le redoublement engendre un coût important à charge de la Communauté Française.

4. Il y a de cruelles lacunes dans l’enseignement des arts de la culture au sein de l’école qui n’est pas vue comme un espace de développement privilégié pour l’enfant mais bien comme un espace de compétions anxiogène.

Le constat que dresse la FAPEO est très juste, mais il faut cependant veiller à le remettre dans un contexte plus global. Les institutions sont les reflets de la société qui les engendrent. Et dans le système capitaliste, l’inégalité est le produit naturel de la chasse au profit.

L’inégalité se manifeste au niveau social par des disparités en termes de capital financier mais aussi en capital culturel. La ségrégation qui s’effectue entre écoles d’élite et écoles défavorisées se renforce par la ségrégation géographique : le manque de logements sociaux tend à créer des quartiers précarisés, ce qui se marquera dans la population scolaire des écoles environnantes. Le chômage de masse pousse les travailleurs à se livrer une rude concurrence. Les parents ont à cœur de placer leurs enfants avec les meilleures chances sur le marché du travail. C’est entre autres comme cela que l’on peut expliquer le succès des écoles « d’immersion » qui dès le plus jeune âge permettent à l’enfant de maitriser le néerlandais. Les familles qui en ont l’occasion tentent de trouver des stratégies qui permettent à leur enfant de partir avec les meilleures chances.

Les réponses individuelles que trouvent les travailleurs et leur famille ne changent pas le rapport de forces de l’ensemble de la classe ; il faut opposer aux logiques individuelles une logique collective.

Cette logique collective doit s’inscrire dans le cadre d’une lutte contre l’ensemble des contre-réformes néolibérales. La FAPEO propose que tous les professeurs soient formés au niveau universitaire. Cela va dans le bon sens, mais encore faut-il se rendre compte que le processus de Bologne rend l’enseignement supérieur de moins en moins accessible. Les frais pour une année d’étude en Belgique se chiffrent en moyenne à 4.000 euros par an. A ce prix là, il est difficile de demander un tel sacrifice à tous ceux qui veulent embrasser la profession d’enseignant. Cela prouve qu’il faut un mouvement général de lutte qui regroupe travailleurs, allocataires sociaux et jeunes.

Celui-ci doit s’opposer à la politique de casse sociale que mènent les politiciens traditionnels. Il faut développer les services publics et en particulier le service public de l’enseignement. Cela ne peut se faire qu’avec beaucoup plus de moyens financiers que l’on peut aller chercher dans les profits des entreprises, des actionnaires et des grosses fortunes par une mobilisation de masse.

Le PSL met en avant la nécessité de construire un parti large qui organise la lutte de tous les travailleurs et qui soit le prolongement politique de ces luttes et des revendications de la base des syndicats.