Le Marxisme, son actualité et sa pertinence.

Comment parvenir à un changement de système, et par quoi le remplacer ?

Chaque nouvelle phase de la crise économique s’accompagne d’un profond soupir poussé du fond des bureaux d’experts et de journalistes économiques bourgeois. Comment, à nouveau, fournir une explication ? Au plus il devient clair que la fin de cette crise est loin d’arriver, au plus ces idéologues du patronat ont tendance à aller jeter un œil du côté du marxisme (enfin, ce qu’ils en ont compris en tout cas). Combien cela doit-il être frustrant pour eux d’avoir à reconnaître que la seule grille d’analyse capable de livrer un aperçu crédible de la nature même du capitalisme est le fruit de la réflexion d’un homme qui a consacré sa vie à le combattre !

 

Le capitalisme mène à la crise

Cet essor des idées marxistes n’est guère surprenant. Marx fut le premier à dégager l’essence du fonctionnement du système capitaliste afin de parvenir à une explication des crises récurrentes de ce système. Il a expliqué pourquoi les capitalistes ont besoin de lancer de continuelles attaques contre les conditions de travail et les salaires afin de sauvegarder leurs profits à cour terme contre une concurrence sans cesse plus féroce. Cette concurrence constitue la base d’une nouvelle crise à long terme, puisque de plus maigres salaires impliquent que moins d’argent est disponible pour acheter tout ce qui est produit. Pour Marx, la solution est de remplacer le capitalisme par un nouveau et meilleur système : une société socialiste où on produit pour les besoins de tous et non pas pour les profits de quelques uns.

D’autres après Marx ont utilisé cette méthode pour développer et approfondir le marxisme. Lénine a ainsi contribué au marxisme avec son analyse sur l’impérialisme : la période historique dans laquelle le capitalisme se trouve aujourd’hui et dans laquelle les banques et les spéculateurs dominent l’économie. Trotsky a quant à lui apporté d’importantes contributions portant sur la nature du stalinisme et sur la montée des forces réactionnaires d’extrême-droite si la classe ouvrière ne dispose pas de son propre parti armé d’une bonne stratégie. Le marxisme devient ainsi très concret.

Une méthode pour parvenir au changement

Le marxisme n’est donc pas un dogme, mais une méthode vivante pour placer les événements d’une société dans un contexte plus large afin de les analyser. Les marxistes d’aujourd’hui expliquent que la crise des dettes que nous vivons est la conséquence de décennies de politique néolibérale : la baisse du pouvoir d’achat de la classe ouvrière a été compensée en donnant massivement accès au crédit. Pour pouvoir postposer l’éclatement des contradictions du capitalisme, une énorme montagne de dette a été construite, ce qui est aujourd’hui la cause principale de la crise.

Les marxistes se posent alors des questions sur l’absurdité d’un système dans lequel des dizaines de milliards de dollars ne sont plus investis dans l’économie alors qu’il y a tant de besoins dans la société : des listes d’attente gigantesques pour la construction d’écoles, un manque de crèches, d’hôpitaux, de logements,… Un programme marxiste pointe directement la cause commune de ces problèmes : le capitalisme et ses insolubles contradictions. Le marxisme offre aussi une solution sur base de la lutte des masses : un monde socialiste où les richesses sont utilisées pour résoudre ces problèmes gigantesques, et non plus pour assouvir les pulsions spéculatives des supers riches.

C’est aussi la raison pour laquelle les idées socialistes trouvent souvent autant de soutien chez les travailleurs et les jeunes partout dans le monde lorsqu’ils rentrent en lutte contre les excès du capitalisme. Les idées socialistes et marxistes ont été largement discutées dans tous les grands mouvements sociaux de ces dernières années – des révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en passant par les mouvements de masse en Grèce, en Espagne, en France et même au sein du mouvement Occupy aux Etats-Unis. Une lutte des masses contre le capitalisme conduit forcément à d’âpres discussions sur la possible alternative.

Voilà qui explique la pertinence du marxisme aujourd’hui : il vise l’idéologie de la classe ouvrière, le seul groupe dans la société qui est capable de renverser le capitalisme. Les marxistes se basent sur 150 années de lutte de classe, ils étudient les victoires de la classe ouvrière et tirent les leçons des défaites pour être mieux préparés à la lutte de demain.

La lutte est à l’agenda

Les partis marxistes et révolutionnaires ont toujours joué un rôle important sur ce plan : ils continuaient à défendre des idées socialistes, même quand cela était difficile, même quand le capitalisme semblait invincible. Ils ont joué un grand rôle dans la remontée des idées marxistes dans les mouvements de lutte qu’on voit aujourd’hui : ils renforcent des tendances qui sont présentes dans la classe ouvrière et assurent que les processus politiques s’accélèrent. La classe en soi devient ainsi une classe pour soi, explique Marx : quand la population ouvrière devient consciente de sa force potentielle, elle devient toute-puissante. Ainsi une grève générale, suivie massivement, montre comment le patronat et ses laquais politiques sont faibles. Pas de travailleurs, cela signifie pas de profits pour le patronat ! Cela explique pourquoi les médias traditionnels sortent leur plus forte propagande antisyndicale quand la lutte des masses est à l’agenda, ou pourquoi ils tentent de taire les grands mouvements de lutte à l’étranger. Ils ont cependant affaire à des travailleurs et des jeunes qui échangent internationalement leur expérience de lutte, comme le mouvement Occupy qui a inspiré des luttes partout dans le monde.

Tout cela montre que les marxistes vont faire face à d’énormes défis dans les années à venir, dans le monde entier. En Belgique, les politiciens et le patronat attendent avec impatience que les élections communales soient passées pour mettre un nouveau plan d’austérité sur la table. La lutte va sans aucun doute être à l’agenda et un programme marxiste sera nécessaire pour donner à cette lutte un fondement solide. Lorsque nous plaidons pour un tel programme, dans lequel les richesses sont utilisées pour les besoins gigantesques qui existent aujourd’hui, quelques uns vont nous demander si cela est bien réaliste. Nous répondrons avec une contre-question : est-ce réaliste que les milliards de personnes aujourd’hui dupées par la crise puissent continuer à l’accepter sans rien faire ? Les mouvements de lutte de ces dernières années partout dans le monde nous prouvent le contraire.

Pour les marxistes, il s’agit d’être aussi présents que possible dans cette lutte, de faire connaître leurs idées, de défendre leur programme. De l’autre côté de la barrière se trouvent les milliardaires et leurs politiciens, leurs médias, leur appareil de police et de justice bourgeoises, mais s’ils ont le chiffre, nous avons le nombre. Si on le veut, tout l’engrenage capitaliste peut être paralysé. Et si le mouvement est armé d’un programme marxiste, aucune force ne saurait alors stopper la construction d’une économie basée sur les besoins des 99% et non pas sur les profits des 1%