Depuis lundi, le personnel de nettoyage de l’ULB (campus du solbosch) est en grève pour le payement de salaires, l’accès à du vrai matériel d’entretien et pour l’arrêt du harcèlement par les contrôleurs. A 16h hier, la direction a enfin reculé sur différents points, au grand soulagement des travailleurs.
La première journée de grève fut l’occasion de réunir le personnel et ceux qui les soutiennent. La deuxième fut une journée de mobilisation : tractage dès le matin, collecte d’une pétition (qui atteindra 364 signatures, sans compter les feuilles qui circulent encore sur l’université). La troisième fut une journée de tension continue… pour un résultat exemplaire.
Au bout de la 2e journée, la direction d’ISS semblait encore sûre d’elle, semblant de pas vouloir reculer d’un pouce. La matinée d’hier était donc tendue. Il fallait réunir la délégation pour décider de la suite. Bien que les premiers militants syndicaux arrivaient aux alentours de 4h du matin, l’essentiel du personnel était là pour 6h, heures à laquelle la journée de travail débute habituellement. C’est aussi à ce moment là qu’une responsable des ressources humaines est arrivée sur le piquet de grève pour provoquer et tenter de le briser (1ere photo). Sa proposition ? Que le personnel reprenne immédiatement le travail alors qu’ISS allait discuter des revendications, de leur côté, pour 10h. Et encore, la direction ne promettait de discuter que de la question du payement des jours fériés extra-légaux.
Derrière une prétendue inflexibilité, c’est en fait une preuve de faiblesse que nous avons vue. Après deux jours, l’ULB remarque l’importance du personnel de nettoyage (attention, pas pour les bureaux de la direction qui seront nettoyés on ne sait par qui) et ISS voulait à tout prix en finir avec les plaintes. Si le personnel avait à ce moment accepté le deal, la direction aurait finalement pu changer d’avis dans la journée, annuler toute négociation et les travailleurs auraient perdu leurs 2 journées de grèves en seulement quelques heures. La colère a alors grimpé d’un coup parmi les travailleurs. Ils refusaient catégoriquement de retourner travailler sans preuve d’un changement. Quand on a en tête les nombreuses promesses non-tenues par ISS, c’est tout à fait compréhensible.
Tout le reste de la journée, la direction fera patienter les travailleurs attendant qu’elle se décide. Sa décision était initialement prévue pour 10h. Ce n’est qu’une bonne heure plus tard qu’on apprendra qu’il faut encore attendre jusque 14h. C’est finalement à 16h que la direction se manifestera. Surement espérait-elle une démoralisation du piquet. Au bout du 3e jour dehors dès 4h-5h du matin et avec tout le stress, les choses auraient pu tourner au vinaigre.
Mais la journée n’était pas finie. En plus des étudiants et membres du personnel qui continuent de passer, c’est une délégation de la CSC sans-papiers qui est venue pour soutenir le piquet. Plusieurs d’entre eux avaient travaillé dans le nettoyage et ont tenu à témoigner avec de petites discours de le solidarité. (2e & 3e photo). Leur venue fut très bien accueillie et fit oublier le stress de ne pas être tenu au courant des décisions de la direction.
Enfin, à 16h, la direction arrive enfin. Les 2 jours sont payés, un plan est prévu pour fournir correctement en matériel le personnel et, aussi, les contrôleurs de l’ULB seront briefé pour ne plus utiliser les contrôles pour faire pression mais pour réellement améliorer le travail en tenant compte des 1001 problèmes pouvant survenir. Le personnel attend encore qu’ISS tienne bien ses promesse mais espère que cette fois-ci, c’est la bonne.
Le personnel accueilli avec beaucoup d’émotion cette nouvelle. Leurs 3 jours de grève n’avaient pas été vain. Encore le matin, un membre de la direction comparait le piquet au Club Med, quelle insulte. Les travailleurs ont défendu leurs droits les plus élémentaires. Pour assurer que tout le monde puisse participer à la grève sans avoir peur de trop se mouiller, le blocage du lieu de travail s’avérait nécessaire. Les Etudiants de Gauche Actifs étaient présents avec le personnel dès 4h15-4h30. Nous avons vu les nombreuses provocations de la direction, ses silences aussi. Le piquet de grève n’avait rien d’un Club Med. Des discussions se déroulaient toutes la journées pour réfléchir à la manière de poursuivre la lutte. Les visites de solidarité étaient régulières. La dernière journée fut de loin la plus stressante pour le personnel qui comptait les heures avant la réponse du patron.
Comme me le disait Abdel Laroussi juste après l’annonce : « la meilleure chose que l’on a gagné, c’est la collectivité ». Sur le piquet, des femmes et des hommes étaient présents. Et aussi des musulmans et des chrétiens, des verts et des rouges, des marocains et des portugais. Quand ils se réunissaient pour discuter collectivement, chacun avait la possibilité de s’exprimer librement et de participer à la prise de décision.
Hormis les délégations CSC et FGTB d’ISS au Solbosch, beaucoup d’autres groupes ont activement participé au piquet, principalement la CGSP enseignement – recherche, la CNE ULB et l’USE (Union Syndicale Etudiante). Une des travailleuses ne pensait pas qu’il soit possible de recevoir autant de soutient de la part des étudiants. La solidarité a clairement renforcé leur confiance à lutter dans le futur, ils savent qu’on sera de nouveau là.