Dans l’après-midi du 15 avril 2009, une vingtaine de militants soutenant la cause des sans-papiers, dont des membres du CAS (comité de soutien aux sans-papiers) se sont rendus au lancement officiel de la campagne électorale des libéraux européens. A coup de répression policière, ce rassemblement a vite tourné au cauchemar.
Le but des étudiants était bien évidemment d’interpeler la ministre Turtelboom, actuellement en charge de la politique d’asile et de migration en Belgique, qui ne propose aucune solution valable en vue d’une régularisation des sans-papiers. Sa dernière blague l’illustre bien : son concept de « régularisation temporaire » ne donne aucune perspective concrète d’avenir pour les sans-papiers.
Selon cette proposition, seules les familles présentes en Belgique depuis plus de 5 ans, qui ont suivi une procédure de régularisation et dont les enfants sont scolarisés depuis au moins en 2007 pourront entrer en ligne de compte pour une régularisation… d’une année! Après cela, ceux qui ne seront pas en état de pourvoir eux-mêmes à leur subsistance n’auront aucune prolongation.
L’idée est que cette régularisation temporaire est un moyen d’accéder à une régularisation stable, à la seule condition d’avoir un travail. Mais cela ouvre la porte à la question de l’immigration économique, l’immigration jetable où un travailleur peut venir dans un pays, juste pour le temps d’un contrat ou encore seulement s’il dispose d’un diplôme, avec bien entendu la menace d’être renvoyé dans son pays d’origine s’il n’est pas assez «docile».
Mais ce n’est pas la seule question posée : inévitablement vient aussi celle de la sécurité d’emploi : comment être sûr de garder son emploi dans la période de crise actuelle ? Cette logique considère le travailleur comme responsable de son emploi et non le patron et les institutions qui entourent ce dernier.
C’est pourquoi ces trublions-étudiants ont fait irruption dans la salle lorsque la ministre a pris la parole. Ce chahut pacifique était bien innocent, très certainement au regard de ce qu’endurent les sans-papiers à cause notamment de l’incompétence crasse et de l’indécision maladive de la ministre. Pourtant, alors qu’ils s’apprêtaient à partir, les forces de police ont violement procédé à leurs arrestations administratives, des jeunes femmes se sont fait tirer par les cheveux, attrapées par le cou, presque étranglées. 6 d’entre eux ont été déférés au parquet de Bruxelles pour rébellion et coups et blessures sur agent. Une fois incarcérés, les manifestants ont été photographiés à leurs insu et maltraités. Une plainte a été déposée contre la police pour sa brutalité injustifiable. C’est bien entendu la politique de répression qui est à l’origine de ces débordements. Si les forces de police n’étaient pas intervenues de cette façon pour un simple brouhaha rien de tout cela ne serait arrivé. L’attitude de la ministre Turtelboom, qui ne s’est en rien désolidarisée de la violence policière, illustre sans aucun doute ses convictions profondes sur a manière de traiter ses opposants et les sans-papiers.