Pride, 14 mai : Ensemble contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie

pride9Luttons pour le droit d’adopter le mode de vie qui nous correspond. Luttons pour une vie décente pour tous !

Malgré que de plus en plus de pays accordent le droit de se marier aux personnes de même sexe, l’égalité tant juridique que de fait pour les personnes LGBTQI (1) est loin d’être acquise. La marginalisation et les discriminations à l’encontre des personnes et des mouvements LGBTQI – présenté comme une menace à la famille nucléaire (ou traditionnelle) qui pallie le manque de services publics – s’aggravent parallèlement aux attaques contre nos conquêtes sociales. Les politiques de division sont cyniquement utilisées par une partie de l’establishment – promouvant l’homophobie, le sexisme, un sentiment anti-immigrés et autres préjugés – afin de dévier l’attention loin de la colère profonde envers la pauvreté et les énormes inégalités économique.
Par Emily (Namur)
Changement de loi ou de système ?
Ainsi, en pleine campagne présidentielle américaine, plusieurs États américains ont fait un bond en arrière en matière de droits LGBTQI en adaptant et votant une loi intitulée ‘‘Religious Freedom Restoration Act’’. Pourtant, le texte de cette loi fédérale de 1993 était progressif et avait pour ambition de protéger les Premières Nations (2). Mais aux mains de la classe dirigeante en proie à la crise et qui a besoin que l’attention soit détournée du véritable problème – l’injustice économique – une loi peut être tournée en son contraire. Les adaptations réalisées par plusieurs États du Sud ‘‘pour protéger les chrétiens conservateurs’’ légalisent les discriminations des personnes LGBTQI au nom de la liberté religieuse. Alors que cette catégorie sociale est déjà surreprésentée parmi les travailleurs sans emploi, les SDF, etc., ces personnes pourront se voir refuser en toute légalité un emploi, un logement, des soins (etc.) sur base de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre.
Cet exemple illustre clairement qu’un changement législatif, comme celui de 2015 légalisant le mariage pour tous aux États-Unis, ne suffit pas. Si le christianisme comme l’ensemble des religions monothéistes condamne l’homosexualité, ce n’est pas de religion dont il est réellement question ici. En l’absence d’une lutte unifiée pour les droits des travailleurs et de ces groupes les plus discriminés dont font partie les LGBTQI, la classe dominante parviendra toujours à nous diviser en désignant des boucs émissaires pour mieux détourner notre attention du vrai problème et ainsi mieux nous exploiter. Sous le capitalisme, aucune conquête sociale n’est un acquis définitif.
Religion : cause ou outil des discriminations ?
Lors d’agression de personnes LGBTQI, la religion et la culture sont régulièrement utilisées pour justifier la violence et rejeter la faute sur la victime. La logique utilisée est similaire à celle de la ‘‘culture du viol’’ : ‘‘Il/elle l’a bien cherché’’, ‘‘Il/elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça’’, ‘‘Il/elle n’avait qu’à pas se comporter comme ça’’, sous-entendu porter une mini-jupe ou des habits en dehors d’une certaine norme sociale, avoir une telle orientation sexuelle ou une telle identité de genre. Et cela va de pair avec une banalisation de la violence dont ces personnes font l’objet. La justice rentre dans ce jeu avec de moindres condamnations des agresseurs sur base de cet argumentaire qui incrimine la victime.
Et cela atteint son paroxysme dans des États autoritaires et répressifs tel que le Maroc, où les victimes d’agressions LGBTQI sont davantage condamnées que leurs agresseurs. La lutte contre la colonisation occidentale d’où serait, selon cette propagande, issue l’homosexualité est invoquée pour justifier cela. Et, comme souvent, la religion entre les mains de la classe dominante est également utilisée, ce qui aboutit à de nombreux amalgames. Mais cette répression des personnes LGBTQI facilite en réalité la répression et la confiscation des libertés politiques de l’ensemble des minorités et de l’ensemble des groupes revendiquant leurs droits, et en premier lieu la classe des travailleurs, des jeunes et des pauvres. La criminalisation de l’homosexualité au Maroc comme ailleurs n’a rien de religieux, c’est un instrument de domination parmi d’autres.
Pour une Pride festive, mais aussi militante
La Belgique n’est pas en reste. Si les personnes LGBTQI ne sont plus criminalisées comme au Maroc et que leurs droits sont plus étendus que dans la majorité des États américains, il reste du chemin à parcourir. Les violences à l’encontre des personnes LGBTQI tout comme les violences sexistes (qui parfois se cumulent) persistent et sont banalisées. Mais là où la route vers l’égalité est la plus grande, c’est concernant les personnes transgenres, thème de la Pride cette année. La loi inhumaine relative à la ‘‘transsexualité’’ de 2007 impose une psychiatrisation et une stérilisation de force à toute personne qui veut une reconnaissance légale de son genre. Ces traitements dignes d’actes de tortures doivent être abolis.
La réponse face à l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie ne peut se limiter à la répression qui reste inefficace pour prévenir la violence. La sensibilisation à cette thématique est bien entendu importante, mais pas suffisamment efficace, en particulier dans le cadre du sous-financement chronique de l’enseignement. En réalité, bien qu’elles constituent de grands pas en avant, aucune loi, aucune campagne de sensibilisation ne parviendront à définitivement mettre fin aux discriminations basées sur l’orientation sexuelle et sur l’identité de genre. C’est seulement en luttant contre le capitalisme et sa classe dominante qui nous divise et nous exploite que l’on pourra réellement commencer à parler d’égalité. Rendons un caractère militant à la Pride et luttons ensemble contre toutes les formes de discrimination et d’oppression.
Pride.be 2016 : 14 mai à partir de 14h au Mont des Arts à Bruxelles
(1) LGBTQI = Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s, Transgenres, Queers, Intersexes
(2) Premières Nations = Amérindiens